PSYCHOGENEALOGIE : définition et explications

Voici une série de 5 podscast s de France Culture qui expliquent très précisément ce qu'est la psychogénéalogie.

« La psychogénéaologie émet l'hypothèse que notre vie serait influencée par les expériences des générations antérieures. Un évènement vécu par un ancêtre 50, 100, 1000 ans auparavant pourrait guider nos choix à notre insu.

Rechercher les empreintes psychologiques laissées à notre insu par nos ancêtres comme des traces de pas sur le sable, pour éclairer nos comportements actuels et nous en libérer : voilà l'approche transgénérationnelle portée par thérapeutes, sociologues, universitaires, écrivains.  Ce questionnement n' émergerait pas seulement dans le cabinet des psychologues mais à l'occasion de l'apparition d'une maladie, d'un échec répété, de relations mère-enfant difficiles, de secrets scellés dans les pans cachés de notre héritage ».

« La psychogénéalogie, nouvelle science humaine dérivée de la psychanalyse, se propose de rechercher les empreintes psychologiques que nos ancêtres auraient pu laisser en nous, le plus souvent à notre insu, et qui pourraient éclairer nos comportements actuels. La mémoire familiale se manifesterait à  travers : la maladie,  les échecs, la répétition de certains scénarios qui seraient l' occasion de prendre conscience de pans cachés de notre héritage.

Revisiter, accepter ses racines pour creuser son sillon

Catherine Preljocal, fille de réfugiés politiques, raconte son histoire bi-culturelle de franco-albanaise "coupée en deux" ...au niveau de l'estomac. Peut-on rester membre de sa famille en cherchant à s'abstraire de sa filiation ? Marie-Paule Jonathan psychanalyste, présente l'arbre généalogique de deux  patientes et conseille un travail sur le corps et la pratique du  chi qong en particulier. Ce voyage corporel, au-delà de la compréhension mentale,  amènerait parfois à contacter, ressentir des émotions inconfortables ».

« La mémoire familiale est une maison pleine de secrets. S'y trouvent parfois des enfants mort-nés, des maladies mentales inacceptées, des condamnations tues, et dans les cas les plus graves, de la violence ou de l'inceste ».

Si l'héritage peut-être la cause de nombreuses tensions, souvent ce n'est pas pour des raisons pécuniaires, mais parce que les  tensions recouvrent des souffrances affectives liées à la transmission de la mémoire et de l'identité. Serge Tisseron, psychanalyste relate l' histoire d'un meuble, témoin d'une filiation inavouée,  porteur d'un secret, traversant les générations. Lui même a compris pourquoi les visages des héroïnes hitchcockiennes terrorisées lui rappelait un souvenir traumatique de noyade, refoulé par sa mère.

« C'est toujours la honte qui est à l'origine du secret »

Marie-Paule Jonathan , psychanalyste, rappelle que le travail transgénérationnel tient de l'enquête et que dans cette "traversée" le rêve est une aide précieuse. Suscité ou activé par la recherche des origines, le rêve relève de deux ordres. Le rêve "ordinaire", toujours digne d'intérêt dans ses moindres détails, et le "grand "rêve . Rêve inhabituel, étrange et dynamique, relevant de la vision ou de la transe :  "transe-générationnelle." »

« Ce qui tue à la première génération, la deuxième le porte dans son corps »

Françoise Dolto

« La relation mère-fille est une des plus fascinantes, car elle implique un corps à corps, en miroir. Longtemps le féminin et le maternel ont été confondus. Le féminisme a-t-il modifié la reproduction des modèles ?

Sommes-nous porteurs de mémoires cellulaires, inscrites dans le corps de la mère ? Comment se libérer de ce conditionnement ? La gynécologue Danièle Flaumenbaum constate dans sa pratique que les fibromes,  les cancers,  les suicides sont parfois engrammés et que " l'horloge du transgénérationnel sonne aux mêmes dates" de mère en fille. Comment arrêter de faire du "même" avec de "l'autre" ? »

« Après avoir visité les salons d'apparats, les caves, les greniers et les chambres à coucher d'une mémoire familiale, il est temps de trier, de choisir ce que l'on garde de cet héritage. Que transmettre ? Quelle chaîne faut-il rompre ?

L'écrivain Michel Cazenave revisite la maison du psychiatre Karl Gustav Jung à Bollingen en Suisse, qui déclarait que sa vie "avait commencé et continuerait" après lui, en écho à son collègue physicien à Zurich Albert Einstein, énonçant que "le monde ne devient pas, il est." Jung avait aménagée sa maison de façon à y inclure le culte de ses ancêtres et des dieux Lares. " Les morts sont liés aux vivants par des chaînes qu'on ne voit pas. Tantôt longue et souple, la chaîne qui traverse les évènements et les jours, tantôt tendue à rompre et si courte qu'elle s'inscrit dans la chair. Quand un mort tire sur la chaîne, le vivant qui est à l'autre bout perçoit des étoiles nouvelles, d'autres couleurs, des paysages inconnus. " Le Maître des paons Jean-Pierre Milovanoff

Vincent de Gaujelac, en sociologue reprend la terminologie de Pierre Bourdieu pour cerner l'héritage d'un individu  en plus de ses conditionnements psychologiques. Les familles  se transmettent, outre un capital immobilier et économique, des légendes, des mythes qui seraient autant de scénarios, de modes d'emploi existentiels face à l'amour, la vie, la mort, la folie, la maladie, le travail. Ces récits sont souvent enjolivés ou dramatisés. Dans certains cas, on n'a pas envie d'être l'enfant de cette histoire-là et l'on préfèrerait des origines plus glorieuses. C' est une "impasse généalogique". En acceptant l'humanité de nos ascendants, nous devenons les acteurs de notre histoire individuelle. Un moyen de donner un sens à nos destinées, dans un siècle où le progrès scientifique et technologique, les religions, les partis politiques, critiqués et décrédibilisés ne fournissent plus de raisons de vivre collectives ».

« L'important n' est pas ce qu'on fait de l'Homme,

mais ce qu'il fait de ce qu'on a fait de lui »

Jean-Paul Sartre