On peut dire que ce matin « J’suis pas d’la grogne aujourd’hui ! » ; et je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais c’est la nuit que mes neurones fonctionnent le plus, pourtant, j’en ai besoin toute la journée ! Allez savoir …
A peine le pied posé à terre, je me suis demandée ce que mangeaient les poilus.
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Les poilus mangeaient principalement des rations approvisionnées par l'armée, qui devaient être suffisantes pour leur fournir l'énergie nécessaire pour combattre. Il n’était pas question de becqueter des clarinettes. Et pourtant bon nombre d’entre eux ont eu faim.
Les poilus recevaient également des colis de leurs familles, contenant des produits régionaux comme de la charcuterie, un court-tout-seul, des saucissons et des biscuits faits maison. Mais tout le monde n’était pas logé à la même enseigne et tous nos poilus ne pouvaient pas se remplir le bide correctement.
Il y en avait bien qui en avait un p’tit dans le blaire, mais la biture ça n’aide pas toujours pour monter au front…. La soupe était souvent claire, mais grasse en chou – d’où des dommages collatéraux aux intestins – le bricheton était trop dur et nécessitait plusieurs trempages, les haricots secs et les patates – même désagrément que la soupe au chou ! – restaient la boîte de singe et le ragoût.
Tiens, justement, si on se préparait une recette magique pour traverser les tranchées : un bon ragoût et sa colle ! N’ayez crainte, je ne suis pas tombée en digue-digue, je veux simplement que mon poilu n’ait plus les genoux creux et qu’il bataille sans relâche.
Voilà le bouloting house qui arrive. C’est le cuistot qui régale aujourd’hui, alors ouvrez bien vos esgourdes et vos mirettes !
D’abord les ingrédients :
Une poignée de tifs d’un bleuet fraîchement cueillis au petit matin : on se contentera d’une once de pétales, mais ça fait moins authentique
Trois ou quatre gouttes de jus de ratafia, glané au fond d’une gamelle, pour la précision on repassera !
Un morceau de bidoche : ne vous inquiétez pas, c’est juste une boîte de conserve de viande en jargon poilu
Quelques boudins-cavaleurs, mais c’est facultatif
Une cuillère à soupe de marmite du diable : rassurez-vous, c’est le surnom des explosifs, mais ici, c’est du charbon noirci
Un clou rouillé, tombé d’un vieux barda, planqué au fond du gourbi, désolé mais on est en rupture de stock de clous de girofle et autres épices
Une pincée de poudre de costaud, ramassée sur les collines : herbe ou terre, ça fera l’affaire, il suffit simplement d’y croire...
Une giclée d’eau de piaule, si vous avez de la pluie qui traîne dans un bidon.
Vient la préparation :
Allumez un feu de camp dans une vieille casserole cabossée – on n’a plus que ça sous la main
Ajoutez les tifs de bleuet et le jus de ratafia avec la délicatesse d’un poilu versant son dernier godet à son copain
Faites griller la bidoche de singe et les boudins-cavaleurs à la flamme puis balancez-les dans la potion
Déposez doucement le clou rouillé pour attirer la chance (et éviter les obus).
Mélangez énergiquement avec un bâton, tout en chantant un vieux chant de tranchées
Ajoutez la poudre de costaud et une cuillère de charbon pour une couleur bien sinistre
Tournez la cigue vingt fois dans la main droit et le tour est joué !
Sacré cuistot ! Allez les poteaux, lâchez vos nougats et vos raquettes, venez dans ma kasbah tirer votre juteuse, y a pas de totos et le picmuche est à gogo !
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Le vocabulaire des poilus, c’est un vrai trésor d’imagination et d’humour, toujours teinté d’un peu de dérision face à la vie dure.
Promis ! Demain je redeviens très sérieuse….
Ce fut, en tous les cas, un voyage bien distrayant…. Passée 64 ans ( déjà!!) on a bien le droit de ne pas toujours rester sage….
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