lundi 13 janvier 2025

Le SOSA 2025 de mon arbre généalogique

Le numéro SOSA permet de repérer chaque ancêtre dans un arbre généalogique. Avec GENEANET, c’est très pratique ; les calculs sont réalisés automatiquement.

Dans l’arbre de ma famille, je suis le « de cujus », c’est-à-dire le numéro 1 ; mon père est le numéro 2 et ma mère le numéro 3.

Chaque génération suit la même règle :

  • Les hommes ont des numéros pairs.

  • Les femmes ont des numéros impairs.

Pour vous en souvenir, dites-vous que ces chiffres sont l’inverse de ceux de votre numéro d’assuré social.

Le numéro SOSA 2025 correspondrait à un ancêtre situé plusieurs générations avant moi. J’ai un numéro SOSA 2390 mais il est sur la branche paternelle ; car bien évidemment, la branche qui m’intéresse – si j’en crois le tableau ci-dessus – se situe dans la branche maternelle, non pas celle du Nord-Pas-de-Calais que j’ai bien exploitée, mais celle des Landes, qui est toute petite….

Le numéro SOSA 1012 correspond au père de mon SOSA 2025 car dans le système de numérotation SOSA, chaque génération voit doubler le nombre de l'ancêtre précédent.

Donc, pour clarifier :

  • SOSA 1 : moi-même

  • SOSA 3 : ma mère

  • SOSA 7 : ma grand-mère maternelle, Marguerite CLAVE (1904 - 1988)

  • SOSA 15 : mon Agrand-mère maternelle, Catherine LAMOTHE (1872 - 1939)

  • SOSA 31 : mon AAgrand-mère maternelle, Jeanne BIBES (1846-?)

  • SOSA 63 : Marie DUROU (1811 - 1860)

  • SOSA 127 : Catherine ROBIN (1785 - 1840)

  • SOSA 255 : Jeanne DUBOUE (?) soit la 8ème génération

  • et ainsi de suite….

Ainsi, le SOSA 1012 étant un nombre pair, il s'agit d'un ancêtre masculin, le père du SOSA 2025.

A quelle époque correspondrait ce SOSA 2025 ?

Pour déterminer l'époque à laquelle correspondrait cet ancêtre SOSA 2025, il sera utile de connaître quelques détails supplémentaires, comme les dates de naissance des générations précédentes. En règle générale, on considère qu'une génération correspond à environ 25 à 30 ans. Mais elle peut varier si une femme a eu des enfants à plus de 40 ans...

Le numéro SOSA 2025 correspondrait à un ancêtre environ 10 à 11 générations avant moi (puisque 2^10 = 1024 et 2^11 = 2048 / 2 élevé à la puissance 10) ce qui m’amènerait à une ancêtre née vers 1650-1670.

Et comme je n’ai pas encore atteint ce nombre, je vous parlerai de mon SOSA 25 ! Il s'agit de mon AAgrand-mère Elisa Tancrez.

*

Pour en savoir plus :

Généalogie : des ancêtres en nombres (2) - numérotation | Entre nous et nosancêtres

Les numéros de Sosa – Généa50

Elisa TANCREZ (1861 - 1940)


Ecrire l’histoire d’un ancêtre est compliqué et tout récit n’en demeure pas moins une supputation. D’où l’importance de bien lire les documents… Qu’ils soient actes d’état civil ou bien recensements, tous apportent une « petite pierre » à l’édifice. Ensuite, il faudra réfléchir un peu, en tirer certaines déductions et savoir déchiffrer la « petite » dans la « Grande Histoire ».

Elisa TANCREZ est née le 9 juillet 1861 à Carvin, dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

La Compagnie des mines de Carvin a été officiellement créée le 29 juillet 1857 et a reçu sa concession minière le 19 décembre 1860. Mais Carvin n’est encore qu’un village qui ne demande qu’à prospérer avec les industries minières. Et pour le moment, la famille CABOCHE travaille dans le textile.

Elisa arrive au sein d’une famille déjà bien agrandie. Sa mère Clotilde CABOCHE a eu 11 enfants dont 5 décédés dans les premières années de leur vie ; de même, elle a perdu son époux en 1857. Au domicile restent autour d’elle, Auguste 20 ans, apprenti tailleur, Charles 15 ans, ouvrier fileur, Louis 14 ans, Émile 11 ans et Jean Baptiste bientôt 4 ans. Clotilde est couturière.


Sur son acte de naissance (AD 62 n°125 page 1203), Elisa est inscrite comme « enfant naturel » c’est-à-dire que le père n’est pas mentionné ; sa mère Clotilde connaît très certainement le père de son enfant ; aussi nous lui laisserons envisager un jour peut-être de raconter son histoire à sa fille….

Non reconnue par un père « non nommé » voire « inconnu » Clotilde est veuve depuis le 3 novembre 1857, il est donc impossible que le défunt soit le père…. Elisa porte alors le patronyme de sa mère : TANCREZ.

En 1871 et comme beaucoup de régions françaises, Carvin est touchée par les événements de la Guerre franco-prussienne. Durant cette période, la ville a probablement été confrontée aux conséquences de la guerre, telles que des mouvements de troupes, des réquisitions et des difficultés économiques. Au vu du peu de documentation en ligne relatant ce passage de l’histoire carvinoise, je peux toutefois affirmer que l’armée prussienne s’est arrêtée aux environs de Bapaume, après le siège de Péronne : les Prussiens étaient trop pressés de faire celui de Paris…. Ils ont avancé dans d'autres régions de France, y compris le nord-est, où ils ont pris des villes comme Sedan, Gravelotte, Metz et Strasbourg.

Cette avancée a finalement conduit à la défaite de la France et à la signature du Traité de Francfort le 10 mai 1871, marquant la fin de la guerre et l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Empire allemand.

C’est vraisemblablement à cette période que la famille CABOCHE-TANCREZ s’installe sur Lens.


Fille naturelle de Clotilde TANCREZ, mon AAgrand-mère maternelle Elisa TANCREZ a eu plusieurs frères et sœurs :

  • Clémence CABOCHE née le 18.05.1840 à Carvin, domestique dans la famille Mordacq, charcutier de la commune (Recensement Carvin 1856) ; elle avait donc quitté le « cocon » familial lorsqu’Elisa est née, et en 1869 a épousé Charles Frédéric BOVAR sur Lille,

  • Auguste Joseph CABOCHE, né le 11 novembre 1841 à Carvin, tailleur d’habits, s’est uni à Augustine TOULOUSE, qui le laissera veuf avec un nouveau-né de quelques jours….

  • Elisa CABOCHE, née le 18 septembre 1843, décèdera 18 mois plus tard,

  • Charles François CABOCHE, né le 11 août 1845, marié à Sophie MARTINACHE en 1871, est ouvrier mineur de profession,

  • Louis Joseph CABOCHE, né le 6 juin 1847, ouvrier mineur, marié en 1877 à Caroline Josephe MIELLET et deux enfants nés en 1859 et 1864,

  • Enfant morte-née CABOCHE, le 12 juin 1849,

  • Jules CABOCHE né le 17 juin 1850, décédé à l’âge de 8 ans,

  • Floribonne CABOCHE, née le 02 juillet 1852, décédée à 13 jours,

  • François CABOCHE, le jumeau de la précédente, né le 02 juillet 1852 et décédé à 8 jours,

  • Emile CABOCHE, né le 26 novembre 1853, charbonnier – ouvrier mineur, marié à Adolphine VANESSE en 1876, 

  • et enfin Jean Baptiste CABOCHE, né le 13 février 1857, ouvrier mineur, qui épousera Marie Judith BOT en 1879.

Beaucoup d’unions, mais aussi beaucoup de larmes...

A cette époque, il existait une très forte mortalité : les enfants étaient particulièrement vulnérables aux maladies et aux mauvaises conditions de vie. La mortalité maternelle était un problème majeur ; les conditions médicales étaient rudimentaires, et les accouchements se faisaient souvent sans assistance médicale adéquate. Les infections post-partum étaient courantes, et les complications pendant l'accouchement pouvaient être fatales.

A la fin du XIXème siècle, la malnutrition est encore un problème essentiel dans les régions industrielles où les ouvriers avaient peu de moyens pour subvenir aux besoins alimentaires de leur famille.

Si les conditions d’insalubrité des logements ne sont plus à prouver (voir références ci-dessous Pour en savoir plus), nos ancêtres ont également à subir de nombreuses maladies : angines de poitrine, maladies épidémiques (choléra, typhus, diphtérie, coqueluche, variole), la tuberculose bien sûr, et les maladies vénériennes dont on parle peu… la plus connue étant la syphilis.

Et n’oublions pas l’alcool..

*

Le 15 novembre 1878, Elisa TANCREZ met au monde son premier enfant : Albert-Louis. Elle n’a que 17ans.

Ensemble, avec mon AAgrand-père Louis François HERBEZ, ils ont décidé de vivre ensemble ; ils ont toute la vie devant eux ! Pour le mariage, on verra plus tard ; il n’y a pas suffisamment d’argent, alors ils attendront ; ils s’aiment et c’est l’essentiel ; Elisa a déjà vécu de douloureuses épreuves, une de plus ne lui fait pas peur...

La femme d'un mineur, qu’elle soit épouse, mère ou sœur, se trouve souvent confrontée à des épreuves que l’on ne saurait imaginer. La vie auprès d’un homme qui travaille dans les mines est marquée par la dureté du quotidien, par les sacrifices et les incertitudes qui pèsent sur chaque pas. Pourtant, au milieu de l’ombre des galeries, et des lendemains incertains, il y a une petite lumière qui brille : celle de l’espoir, du courage et de la résilience.

Quoiqu’il arrive, Elisa doit continuer à avancer. Elle doit surmonter les épreuves, traverser les tempêtes, et surtout ne jamais se laisser engloutir par la peur ou la lassitude. La vie ne l’attend pas et les responsabilités qu’elle porte sont lourdes, mais elle sait qu’elle a la force en elle de tenir bon. Elle avance pour ses enfants, pour son foyer, pour cet amour qu’elle porte envers celui qui travaille sous terre, et dont elle ne sait jamais s’il rentrera sain et sauf le soir.

Grâce à une cousine, j’ai pu mettre un visage sur mon AAgrand-mère Elisa. Que de misère endurée sur ce visage….Comme beaucoup de femmes habitant dans les corons, Elisa présente un visage « fatigué », avec des cernes creusées sous ses yeux foncés et tombants, une peau parcheminée… Epuisée, mais élégante : elle a ramené en chignon ses longs cheveux. Quel âge peut-elle avoir sur cette photo (en haut à gauche) ? 50 ans ? Elle semble porter tout le désespoir des mères qui ont enterré frères, sœurs, cousins et enfants….Et quoiqu’il arrive, se doit de continuer à avancer.

Louis François et Elisa ont eu 18 enfants dont les 3 premiers sont nés hors mariage et au domicile de la grand-mère Clotilde, rue Bassée :

  • Albert Louis est né le 15 novembre 1878 à Lens ; il est l’aîné de la fratrie et mon Agrand-père

  • Augustine Eugenie, née le 7 février 1882 à Lens

  • Louise, née le 22 août 1883 à Lens

  • Eugène Joseph, né le 22 octobre 1885 à Lens, au domicile de ses parents, rue Neuve des Remparts,

  • Marie, née le 2 juillet 1887 à Lens

  • Angélique, née le 16 mars 1889 à Lens

  • Prudent Louis, né le 15 novembre 1890

  • Germaine, née le 16 septembre 1892 et décédée le 25 mai 1893 : elle avait à peine 8 mois ; au mois d’août, Elisa perdait sa mère Clotilde, âgée de 77 ans ;

  • Germaine, née le 5 mars 1894 à Lens, vient remplacer sa petite sœur, décédée précédemment : peut-être une aide pour Elisa qui doit faire le deuil de cette mort mais un héritage difficile à porter pour cette petite Germaine,

  • Léonie, née le 5 décembre 1895 à Lens

  • Louis, son jumeau, né le 5 décembre 1895

  • François Adolphe, né le 27 janvier 1899 à Sallaumines, où la famille a désormais décidé de s’installer,

  • Louis Quatorze, né le 29 mars 1900 à Sallaumines,

  • Olga, née le 28 août 1901 à Sallaumines 

  • Joseph, né le 24 mars 1903 à Sallaumines

  • Marthe, née le 14 août 1904 à Sallaumines, qui ne vivra que 22 mois,

  • Felix, né le 4 décembre 1905 à Sallaumines, qui décédera le mois suivant.

Elisa a désormais 44 ans ; la famille revient s’installer à Lens.

Comment est-il possible d’avoir eu autant d’enfants….  Je pense qu’Elisa devait être une femme très docile et dans l’incapacité de se mesurer à son époux : il était inenvisageable pour une femme autrefois de se refuser à mon mari…. A l'époque, on ne parlait pas encore de violences intrafamiliales....Quant à les abandonner….

Sous le régime de Napoléon déjà, en 1810, l’article 317 du code pénal énonçait les peines encourues pour toute pratique abortive. Quant aux abandons, le Roi de France Henri II avait déjà proclamé un édit en février 1556 « sur le recelé de grossesse et d’accouchement ». Et les moyens de contraception ?….

Quoiqu’il en soit, et quoiqu’il lui en a coûté, Elisa a élevé ses enfants tandis que mon AAgrand-père partait travailler….

A l’inverse d’un modèle de famille bourgeois, Malthusien et ayant accès « aux savoirs », co-existe un autre modèle de famille, ouvrier, populaire, pauvre et ayant peu, voire pas du tout accès à la connaissance ; très jeunes, les enfants devaient aller travailler pour soutenir leurs parents. Il faut dire que les salaires étaient si maigres (à peine quelques francs par semaine) que tous travaillaient pour la mine, hommes, femmes et enfants….

Il y avait peu de place pour les loisirs et la préoccupation première de mes AAgrands-parents n’étaient très certainement pas de faire de longues études… faute d’argent ! N’oublions pas non plus, que la Compagnie des Mines pourvoyait (ou presque !) aux besoins de ses mineurs, qui avaient notamment obligation d’envoyer toute leur famille travailler dans les carrières, sinon, ils se retrouvaient tous à la rue !

Nos aïeux n’avaient pas de congés payés (il faudra attendre 1936 et le Front Populaire !) ; les journées de travail étaient pénibles et longues (près de 14h pour certains) ; aucune place pour des conditions de travail sécurisées ! Quant aux 35 heures hebdomadaires, même pas en rêve ! A l’arrivée de leur unique repos de la semaine, le dimanche, ils devaient être épuisés, au-delà de tout entendement….

L’excès de travail n’engendre pas à la réflexion : il abrutit.

Louis-François s’est éteint en 1912, laissant Elisa à charge de 8 enfants encore….

Mais le pire arrivait….. Les Allemands envahissent la Belgique et sont aux portes du pays lensois. Les civils doivent alors fuir….


Après la Première Guerre mondiale, de nombreuses femmes se retrouvent seules, marquées par les pertes et les épreuves. Elisa a la chance – car il faut ici mesurer que s’en est une – de n’avoir perdu aucun fils à la guerre. Mais elle doit réapprendre à vivre dans un monde transformé ; elle porte sur ses épaules le poids de la reconstruction, tant matérielle qu’émotionnelle. La guerre ne laisse personne indemne.

Face à l'absence de Louis-François, Elisa est le pilier de la famille ; son quotidien est rythmé par le travail, les soins apportés aux enfants, et le courage d’avancer malgré les souvenirs douloureux.

Elle doit se battre pour offrir un avenir à sa progéniture, pour reconstruire une vie digne et pleine de sens. Sa résilience est telle qu’elle a montré qu’il est possible de se relever et de bâtir, même dans les moments les plus sombres.

J’aime à penser qu’Elisa avait aimé Louis François d’un amour profond, celui qui traverse les épreuves et défie le temps. Ils s’étaient trouvés dans la simplicité d’une vie commune, bâtissant ensemble un foyer, où la tendresse n’avait pas toujours sa place, mais où la complicité et les mêmes projets d’avenir les avaient unis.

Même après sa disparition, il était resté présent dans chaque instant de son quotidien : d’ailleurs, elle lui parlait, dans le secret de ses pensées, certaine qu’il l’entendait et qu’il approuvait ses choix.

L’amour qu’elle lui portait n’avait pas fléchi. Il avait grandi, se transformant en une force qui l’avait soutenue dans les années de solitude et d’épreuves. Pourtant, elle savait au plus profond d’elle-même qu’un jour, elle le retrouverait.


Et ce jour était venu. A 78 ans et 11 mois, après une vie de labeur bien remplie, dans la sérénité de ses derniers instants, elle ferma les yeux avec une douceur presque palpable. Elle allait vers lui, le cœur léger, guidée par cet amour qui n’avait jamais cessé de la lier à Louis François.

Enfin réunis, ils n’auraient plus à souffrir de la séparation. Leur histoire, marquée par la force de leurs sentiments, se prolongeait désormais dans l’éternité.

Trente quatre ans de vie commune, et Elisa ne l'a jamais trahi... même lorsqu'il est parti bien avant elle....

*

Pour en savoir plus :

Carvin – l’épopée minière

Louis-René Villermé (1782-1863) Aperçu biographique

Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employésdans les manufactures decoton, de laine et de soie (Gallica)

La vie dans la maison du mineur dans les années 1900

Les conditions de vie et de travail des jeunes mineurs du XIXe siècle

Une famille de mineurs de fond

Contribution à l’étude de la pratique médicale en France au 19ème siècle

Histoire d’Antan et d’à présent

Les grandes épidémies (Gallica)

Une maison de mineur à Denain

Comment prévenait-on les naissances avant la contraception moderne ?

Evolution des idées dans les méthodes de contraception

La contraception autrefois

Edit d'Henri II de février 1556contre l'infanticide

Un voyage à Lens - Chroniques de la Grande Guerre - Lens - Lettre L -Recherche par commune - Archives - Pas-de-Calais le Département

jeudi 9 janvier 2025

Les mémoires de Marie Thérèse de France


Après la lecture de La princesse effacée, puisque le roman d'Alexandra de Broca utilise plusieurs passages des mémoires de Marie-Thérèse de France, j’ai donc décidé de lire les mémoires de cette princesse déchue.

Les mémoires sont d'ailleurs en ligne sur Gallica et comportent moins de 200 pages.

Les mémoires de Marie-Thérèse de France, également connue sous le nom de « Madame Royale », couvrent la période de captivité de sa famille royale de 1792 à 1795. Écrites après la Révolution française, ces mémoires décrivent les événements et les épreuves qu'elle a vécus avec ses parents, Louis XVI et Marie-Antoinette, ainsi que son frère, pendant leur emprisonnement.

Marie-Thérèse était la seule enfant survivante de la famille royale à cette époque. Ses mémoires sont une source précieuse pour comprendre les dernières années de la monarchie française et les conditions de vie des prisonniers royaux.

Il existe également à la Bibliothèque nationale un portrait de Madame Royale, fait à l’aide d’une longue-vue, par l’un de ses fidèles ; ce portrait est connu sous le nom de « portrait au télescope » : il est toujours agréable de pouvoir mettre un visage sur un nom.

Au fur et à mesure de mes lectures, j’ai recherché les différents actes dans les archives.

Certaines personnes pensent que les rois et les reines ne sont pas inscrits dans les registres paroissiaux comme leurs sujets ; rois et reines étaient souvent baptisés, mariés et enterrés dans des églises prestigieuses, et leurs actes étaient souvent enregistrés dans des registres spécifiques ou des archives royales plutôt que dans les registres paroissiaux ordinaires. Certains pensent encore que les registres paroissiaux étaient principalement destinés aux citoyens ordinaires et à la population locale, tandis que les familles royales avaient leurs propres pratiques et coutumes pour enregistrer ces événements. Et bien, je vais vous prouver le contraire : tous les actes présentés dans cet article ont été recherché dans les archives départementales, à disposition du plus grand nombre.

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Marie Thérèse Charlotte, fille du Roi de France et de Navarre est née le 19 décembre 1778 (AD 78 page 121/127) et baptisée à Notre-Dame de Versailles :

Si le style est plus « précieux » vous noterez que la page de l’acte est toute gribouillée, 

à l’image de nos actes de « roturiers » !

Le premier a être guillotiné est le Roi ; si l'original de l’acte de décès a disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871, il a été recopié par des archivistes :

Marie Thérèse écrit : « L’abbé, qui l’avait suivi, lui dit, au moment qu’il allait mourir : « Allez, fils de Saint Louis, les portes de l’éternité vous sont ouvertes ».

Il reçut le coup de la mort le 21 janvier 1793, un lundi à 10 heures 10 minutes.

Ainsi périt Louis 16, roi de France et de Navarre, âgé de 39 ans, 5 mois moins 3 jours, après avoir régné 18 ans et avoir été en prison 5 mois et 8 jours.

Telle fut la vie du Roi mon père pendant une rigoureuse prison. On n’y voit que Piété, grandeur d’âme, fermeté, douceur, courage, bonté, patience à supporter les plus horribles calomnies, clémence à pardonner de tout son cœur à ses assassins, grand amour de Dieu, sa famille et son peuple, dont il donne des marques jusqu’à son dernier soupir….. »

A l’issue d’un procès qui n’a duré que deux jours, la condamnation par guillotine de sa mère Marie Antoinette est exécutée dans la foulée le 16 octobre 1793, à quatre heures et demi du matin.

L'acte de décès est enregistré sous le nom de Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine, puisque la reine était connue sous le nom de Maria Antonia Josepha Johanna avant son mariage avec Louis XVI. Comme pour l'acte de décès de Louis XVI, l'original a disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871 ; mais une copie de cet acte peut être consultée dans les archives municipales de Paris :

On peut mesurer toute la haine du peuple envers cette reine à la simplicité de son acte de décès (en comparaison de celui de Louis XVI) toutefois, « son courage ne l’abandonna pas sur la charrette ni sur l’échafaud ; elle en montra autant dans sa mort que dans sa vie.

Ainsi mourut, le 16 d’octobre 1793, Marie-Antoinette-Josèphe-Jeanne de Lorraine, fille des empereurs et femme d’un roi de France. Elle était âgée de 37 ans 1 mois, ayant été en France depuis qu’elle était mariée, et morte 8 mois après le roi Louis 16 son mari ».

Vient ensuite l’exécution de la sœur de Louis XVI, Élisabeth de France ou Madame Élisabeth, guillotinée le 10 mai 1794 :

Le jeune frère de Marie-Thérèse, Louis-Charles de France, futur Louis XVII, est décédé le 8 juin 1795 à l'âge de 10 ans. Après l'exécution de son père en janvier 1793, il fut emprisonné avec sa mère et sa sœur dans des conditions de détention de plus en plus épouvantables. L’enfant fut isolé, maltraité et soumis à des conditions de vie extrêmement dures, sous l’emprise d’un geôlier tyrannique et pervers ; il est mort de la tuberculose, aggravée par la malnutrition et les mauvaises conditions d’hygiène. Ce fut la fin tragique d’un jeune Dauphin, pourtant sous les plus heureux auspices :

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Pour en savoir plus sur Marie-Thérèse de France :

Marie Thérèse Charlotte de Bourbon Madame Royale (1) : généalogie parOlivier SOUDET (soudet2) - Geneanet

theses.enc.sorbonne.fr/2004/becquet

Mémoire écrit par Marie-Thérèse-Charlotte de France sur la captivité desprinces et princesses ses parents depuis le 10 août 1792, jusqu'àla mort de son frère arrivée le 9 juin 1795 ([Reprod.]) | Gallica

Mémoires de Marie-Thérèse, duchesse d'Angoulême : Angoulême, Marie-Thérèse Charlotte, duchesse d', 1778-1851 : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive

LA PRINCESSE EFFACEE – Alexandra de Broca

Marie-Thérèse de France, l'orpheline aux mille vies

Madame Royale | Château de Versailles

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Pour en savoir plus sur le couple royal :

Généalogie de Marie-Antoinette : son arbre & ses descendants

[Mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette le16 Mai 1770 dans la Chapelle deversailles] : [estampe] | Gallica

Archives nationales (France)

Louis XVI (roi de France ; 1754-1793) (FranceArchives)

GALLICA : le mariage de louis XVI - Recherche

Exécution de Louis XVI — Wikipédia

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Pour en savoir plus sur le Dauphin :

Louis XVII — Wikipédia

Louis XVII, sa vie, son agonie, sa mort, captivité de la famille royale auTemple. Tome 1 / par M. A. de Beauchesne | Gallica

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Pour en savoir plus sur Versailles :

Histoire de la municipalité de Versailles

Monographies communales des Yvelines


mercredi 8 janvier 2025

Marie HERBEZ (1887 - 1924)

Je suis une nièce à la 3ème génération de Marie HERBEZ, puisqu’elle est une petite soeur de mon Agrand-père Albert Louis HERBEZ, mon SOSA 12. Et bien évidemment, elle est une enfant de Louis François HERBEZ, dont j'ai évoqué précédemment l'existence.

Marie est née le 3 juillet 1887 à Lens ; elle est la 5ème enfant d’une fratrie de 18.

Les familles de mineurs vivaient dans des conditions très précaires et leur revenu n’étaient pas à la hauteur des risques pris au fond de la mine. Avoir de nombreux enfants était perçu comme une source de main-d'œuvre supplémentaire pouvant contribuer aux revenus familiaux dès qu'ils seraient assez grands pour travailler. De même, les taux de mortalité infantile étaient particulièrement élevés en raison des conditions de travail dangereuses, des maladies dont les symptômes n’étaient pas traités suffisamment tôt. Faute de connaissances, mais surtout faute d’argent : on n’appelait pas le médecin pour rien, et souvent, c’était trop tard….

Si la vie des mineurs était rude, celle des femmes n’en était pas moins difficile ; les moyens de contraception étaient limités et souvent inaccessibles pour les classes ouvrières. De nombreuses femmes ne se sentaient pas le droit de refuser la « domination du mâle » au regard notamment de la société et de la religion de l'époque qui valorisaient la natalité. Il était courant de voir des familles avec plusieurs enfants, et cela était souvent considéré comme un signe de prospérité et de réussite.

Le 23 février 1907, Marie épouse Émile HOOGEWYS, un mineur belge venu travailler en France. Le couple a déjà un enfant Émile, né le 14 février 1905, que les parents légitimisent au moment de leur mariage.

Viendront ensuite

  • Marthe, qui décédera à l’âge de 3 mois en 1906

  • Marie, qui ne survivra que 2 mois en 1908

  • et enfin Adolphe Pierre né le 31 mars 1910.

La famille a souvent changé d’adresse : rue des Jardins, lorsque l’ainé de la fratrie est arrivé, au 96 rue Chapitre lorsque Marthe est née, puis au 32 place Saint-Alfred, à la naissance de Marie ; au décès des deux petites filles, le couple décide de quitter Lens et s’installe sur la commune de Sallaumines (recensement de 1911).

Curieux choix… Sallaumines reste gravée dans toutes les mémoires : le 10 mars 1906, la catastrophe minière de Courrières a été l'une des plus grandes catastrophes minières de l'histoire européenne, causant la mort de 1 000 personnes ; l'explosion a ravagé environ 110 kilomètres de galeries dans les fosses 2 à Billy-Montigny, 3 à Méricourt et 4/11 à Sallaumines. Il faut reconstruire, alors la Sté Minière demande toujours plus de bras….


Émile travaille aux mines mais vient la mobilisation générale et il doit partir…. En août 1914, il n’imaginait pas qu’il ne reverrait plus jamais sa famille…. Et que la terre de France qui l’avait accueilli, qu’il avait chéri, l’engloutirait pour l’éternité….

On peut aisément imaginer les années de galère qui ont été celles de la veuve Marie ; deux enfants à charge, assurer un quotidien et devoir faire face à toutes les difficultés (notamment vivre dans une ville bombardée, démunie de tout), et un conjoint dont elle n’a pas pu faire le deuil ; le corps d’Emile est resté à la Nécropole nationale Le Pont du Marson.

La ville est bombardée ; tout comme Lens – le berceau de la branche Herbez - Sallaumines subit des tirs incessants et des destructions massives ; la région du bassin minier du Pas-de-Calais est un enjeu stratégique important pour les deux camps, et les combats y sont particulièrement violents et intenses. Les mines et les cités minières sont toutes endommagées, et de nombreux civils sont contraints de fuir.

Marie et les enfants sont déplacés sur la commune de Jargeau, dans le Loiret.

Mais après cette terrible guerre, Marie et les enfants reviennent sur Sallaumines : on ne quitte pas la terre de ses ancêtres...


Marie a emménagé avec un nouveau compagnon Antonio SILVA SANTIAGO ; d'origine portugaise, Antonio exerce la profession de « zingueur » ; Marie aura 3 enfants de cette union, mais sa dernière maternité lui sera fatale.. Marie s'éteint à l'âge de 36 ans.

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Histoire de Lens — Wikipédia

Lens vu par les Allemands - 1918 - A l'écoute des témoins - Archives -Pas-de-Calais le Département

Le Lensois Normand Tome 3 » Archives du Blog » 1914-1918 : quatreannées d’enfer à Lens

Mémoires de mines - La Première Guerre mondiale à Lens