Alphonse Bertillon est né le 22 avril 1853 à Paris 7ème, Bertillon était issu d’une famille de savants ; aujourd’hui on parlerait plutôt d’intellectuels.
Il est le fils de
Louis-Adolphe Bertillon, statisticien et inspecteur général des établissements de bienfaisance, membre de l'Académie royale de médecine de Belgique et anthropologue(1823 – 1883)
Zoé Marguerite GUILLARD (1832 -1866), d’origine lyonnaise, dont le père, Achille GUILLARD, était professeur à l'école spéciale de commerce de Lyon, puis démographe
Ses parents résidaient alors au 20 rue Monsieur Le Prince, c’est-à-dire, en face de la très célèbre Sorbonne.
Alphonse BERTILLON est le second d’une fratrie de 3 garçons :
son aîné, Jacques (1851 – 1922) statisticien et démographe, a l’origine de la classification internationale des maladies
son cadet, Georges (1859 – 1919) docteur en médecine.
En 1879, il commence à travailler à la Préfecture de police de Paris comme commis aux écritures, et en 1882, il devient chef du service photographique de la préfecture ; on peut dire que ce fut une ascension fulgurante….
Le 2 mai 1890, il épouse Amélie NOTAR (AD 75 n°288 page 150/500 – Paris 6ème) une austro-hongroise de 42 ans ; Alphonse BERTILLON a lui-même 37 ans ; sur l’acte de mariage, il est précisé que le couple résidait au 7 rue Littré à Paris : un bel immeuble dans le pur style haussmannien.
De son patronyme, on retiendra aisément le « bertillonnage », un système d'identification anthropométrique utilisant des mesures biométriques et des photographies des criminels. Alphonse Bertillon croyait que chaque individu possédait des caractéristiques physiques uniques qui pouvaient être utilisées pour le distinguer des autres.
Alphonse Bertillon a donc introduit la photographie judiciaire standardisée, avec la photographie de face et de profil pour les fiches signalétiques, une méthode encore utilisée aujourd’hui ; il a instauré également la collecte systématique des empreintes digitales.
A ce titre, il a rédigé de nombreux ouvrages, articles et conférences pour partager ses méthodes et innovations avec la communauté internationale, ouvrages que l’on retrouve aisément dans Gallica :
L’identité des récidivistes et la loi de relégation (1883) : « Alphonse Bertillon souligne combien la préparation d’une loi visant à reléguer les délinquants récidivistes hors du territoire métropolitain rend impératif leur identification certaine par les pouvoirs publics. Or, les pratiques et instruments de ces derniers s’avèrent encore très peu efficaces : primer de 5 francs allouée aux policiers qui parviennent à reconnaître un malfaiteur sous un faux nom, dysfonctionnement de l’état civil, allongement du temps de la prison préventive, etc. » (Criminocorpus)
Ethnographie moderne : des races sauvages (1883) : Bertillon explore les caractéristiques physiques et culturelles de diverses populations autochtones à travers le monde, notamment en Afrique, en Amérique, en Océanie, en Asie orientale et dans l'Arctique.
La Photographie Judiciaire (1890) : Cet ouvrage est un manuel sur l'utilisation de la photographie dans l'identification des criminels : identification judiciaire, anthropologie, archéologie, architecture...
Instructions Signalétiques (1893) : Ce texte fournit des instructions détaillées pour la mise en œuvre du bertillonnage dans les services de police
La comparaison des écritures et l'identification graphique (1898) : la comparaison des écritures et l'identification graphique, qui sont des techniques utilisées pour analyser et vérifier l'authenticité des écritures manuscrites ; l'expertise en écriture se concentre sur l'analyse des caractéristiques physiques de l'écriture, telles que les formes des lettres, les espacements, les inclinaisons et les pressions, pour déterminer l'authenticité des documents et identifier les auteurs
Anthropologie métrique : conseils pratiques aux missionnaires scientifiques sur la manière de mesurer, de photographier et de décrire des sujets vivants et des pièces anatomiques (1909) : anthropométrie, photographie métrique, portrait descriptif, craniométrie ; instructions détaillées sur les techniques de mesure anthropométrique, la photographie métrique, la description des sujets et la craniométrie.
Certes, Alphonse Bertillon est encore considéré comme l’un des fondateurs de la police scientifique moderne, et ses innovations continuent d’influencer les méthodes d’investigation aujourd’hui.
On peut toutefois affirmer que le bertillonnage est une méthode discriminatoire. Bien que les techniques anthropométriques du célèbre anthropologue aient été révolutionnaires pour l'époque, elles ont également été critiquées pour leur potentiel de discrimination. Les mesures prises sur le corps pouvaient être influencées par des biais culturels et raciaux, et les fichiers judiciaires créés à partir de ces mesures étaient souvent utilisés pour stéréotyper et marginaliser certains groupes. Pour exemple : le système de fichage anthropométrique des Tsiganes qui a largement contribué à perpétuer des préjugés et des stéréotypes sur cette population.
Il est indéniable que Alphonse Bertillon avait une obsession pour la précision et le contrôle dans son travail, et peut-être dans son quotidien ; vous noterez par exemple son attitude, sur le portrait ci-contre : il est élégant, et sa posture témoigne de sa rigueur professionnelle, cherchant à maintenir une image respectée et autoritaire. Son apparence soignée pourrait également suggérer une grande détermination et une discipline incontestable.
Ses contributions à la criminologie montrent un engagement profond et une volonté d'innovation dans un domaine en pleine évolution à son époque, et un désir de contrôle et de rigueur scientifique.
Si les innovations de Bertillon ont joué un rôle clé dans le développement de la police scientifique, elles sont aujourd'hui dépassées sur le plan technique et jugées problématiques sur le plan éthique. Ses approches doivent être replacées dans leur contexte historique tout en étant analysées de manière critique à la lumière des standards actuels de justice et d'égalité.
Alphonse Bertillon n’en demeure pas moins un personnage très important ; il a joué un rôle clé dans le développement de la police scientifique, même si actuellement ses théories sont dépassées sur le plan technique et jugées problématiques sur le plan éthique. Ses approches doivent être replacées dans leur contexte historique tout en étant analysées de manière critique à la lumière des standards actuels de justice et d'égalité. Fort heureusement, les anthropologues et sociologues contemporains rejettent toute idée d’association entre caractéristiques physiques et traits moraux.
Ne perdons pas de vue que Alphonse Bertillon a opéré dans une époque où les théories raciales pseudo-scientifiques étaient courantes, influençant nombre de ses contemporains (Le jardin agronomique tropical / Gallica). Il partageait certaines idées aujourd'hui discréditées, comme l'association de traits physiques à des caractéristiques morales ou criminelles.
Alphonse Bertillon est décédé le 13 février 1914 à son domicile parisien : il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 89).
Pour en savoir plus :
Alphonse Bertillon (FranceArchives)
Alphonse Bertillon — Wikipédia
BERTILLON Alphonse - Légion d'honneur - Base de données Léonore
Alphonse Bertillon - Dictionnaire de l'affaire Dreyfus
Alphonse Bertillon, un Sherlock Holmes français - Didier Saillier
BERTILLON Alphonse (1853-1914) - Cimetières de France et d'ailleurs(landrucimetieres.fr)
La création de la photo judiciaire par Alphonse Bertillon | FranceCulture
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