samedi 28 décembre 2024

Jules BONNOT, un fou du volant avant l’heure

Jules Joseph Bonnot est né le 14 octobre 1876 à Pont-de-Roide (AD 25 n°75 page 175/494), petite bourgade située à environ 19 km au sud de Montbéliard. Il est le fils de Jules Joseph, ouvrier fondeur, et de Moutot Hermance, une famille franc-comtoise, simple, pauvre, mais honnête : de braves gens dirons-nous.

Jules est surtout connu comme anarchiste et criminel français, mais il était aussi un mécanicien passionné. Il a travaillé chez Rochet-Schneider, un constructeur automobile à Lyon, avant de devenir le leader de la « Bande à Bonnot ».

Son mode opératoire : l’utilisation des voitures pour ses braquages, une idée révolutionnaire à l'époque, qui marquera l’histoire du crime parisien. Une première en France.

Criminel, il l’est sans aucun doute, mais à sa décharge, Jules est d’abord un révolté, un rebelle, opposé à tout système politique de la Belle Epoque.

A l’école, il n’est pas un élève brillant, souvent décrit comme intelligent mais paresseux ; pourtant il semble être un bon élément durant son service militaire pour avoir été amnistié pour pêche illicite et de multiples bagarres avec coups et blessures. (voir fiche matricule).

Sa mère décède en 1887 : il a alors 11 ans ; deux ans plus tard, son père le fait entrer aux usines Peugeot comme apprenti mécanicien ; Jules n’aime que la mécanique…  ; mais Jules a l’esprit frondeur ; sa participation active à des conflits sociaux lui vaut d’être fiché comme syndicaliste par les services de police. Conscients de sa mauvaise réputation d’activiste, les patrons refusent de l’embaucher ; commence alors de longues périodes de chômage qui alimentent sa rancœur envers une société qu’il supporte déjà mal.

Il a pourtant essayé de vivre « normalement » ; ajusteur-mécanicien à Saint-Etienne, il épouse Sophie Burdet, une jeune couturière de 19 ans ; de cette union naîtront deux enfants, Emilie décédée à 4 jours et Louis Justin (1904 – 1972). Mais le couple ne survivra pas aux frasques politiques de Jules.

Sophie s’enfuit avec l’enfant en 1909, et Jules ne reverra jamais ni sa femme, ni son fils. Sophie part pour la Suisse avec son amant Benoit Antoine Besson ; par décision du tribunal, l’enfant prendra le patronyme de « Besson ».

Sans femme ni enfant, il se spécialise dans le vol d’automobiles et monte un atelier de réparations d’autos, motos et cycles, qui lui servira à écouler les objets volés.

Impliqué dans différents vols et cambriolages, suspecté du meurtre de son complice italien, Platano, il fuit la région lyonnaise et monte à Paris ; nous sommes en octobre 1911.

Dans la capitale, il prend contact avec le milieu anarchiste, et notamment :

Ces rencontres ont permis à Bonnot de renforcer la « Bande à Bonnot » et de mener plusieurs actions criminelles particulièrement audacieuses entre 1911 et 1912, recensées sur sa fiche de police (ci-dessous).

Lors d’un ultime assaut à Choisy-le-Roi, dans un garage où il s'est retranché, que Jules Bonnot est mis à mort ; criblé de balles, il décédera de ses multiples blessures le 28 avril 1912 (à 35 ans) à l’Hôtel-Dieu où il a été transporté.

Il restera dans nos mémoires le meneur de la « bande à Bonnot », un groupe d’illégalistes, prônant l'adoption du banditisme révolutionnaire comme mode de vie.

Les illégalistes appartiennent à un courant de l'anarchisme, développé principalement en France, en Italie, en Belgique et en Suisse au début du XXe siècle. Ils rejettent toutes normes bourgeoises et cherchent à vivre en dehors de l'ordre social dominant. A l’image de Prudhon qui affirmait « la propriété c’est du vol », ils veulent un homme libre totalement : leur objectif est donc de voler des riches propriétaires, des patrons, des politiciens pour redistribuer les richesses.

Mais Jules Bonnot et sa « Bande » utilisaient l'argent volé pour financer leurs activités criminelles et pour soutenir leur mode de vie anarchiste. Ils investissaient dans des véhicules coûteux, des armes sophistiquées et des fournitures nécessaires à leurs braquages et évasions. Une partie de l'argent était également utilisée pour aider d'autres anarchistes et pour financer des actions révolutionnaires.

On peut penser que Jules Bonnot n'a pas vécu suffisamment longtemps pour redistribuer aux plus pauvres l'argent qu'il volait aux riches.... ou pas !

*

Pour en savoir plus :

Jules Bonnot : la fin d’un bandit tristement célèbre (par MathieuBonneau et Mehdi Meddad) – Criminocorpus

(67) La Bande à Bonnot, les célèbres hors-la-loi – YouTube

Alain Decaux raconte : La bande à Bonnot | Archive INA

L'histoire de Rochet-Schneider au XIXeme siècle

Membres de la bande à Bonnot — Wikipédia

La Bande à Bonnot (Numilog)

BONNOT Jules, Joseph - Maitron

L'épopée de « la bande à Bonnot » démarre le 28 novembre 1911 - Rebellyon.info

Ephéméride Anarchiste 28 avril

1912, fin de cavale : « Comment Bonnot fut pris et tué » | RetroNews - Le site de presse de la BnF

Fin d'une terreur - La Tragédie de Choisy-le-Roi - L’attaque - La voiture de paille - cartoliste

La bande à Bonnot dans Gallica | Le blog de Gallica

Le Petit journal. Supplément du dimanche | 1912-01-07 | Gallica

(2) Pinterest

Il y a 100 ans : La Bande à Bonnot - Le Blog de Michel Benoit

Dans les archives d’Ouest-France. Le 21 décembre 1911, le hold-up motorisé de la « bande à Bonnot »

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