Je suis une arrière-petite-fille d'un cousin de Maurice Désiré HERBEZ.
Né le 13 novembre 1897, il est le fils de
Eugène Augustin, petit frère de Louis François, mon AAgrand-père maternel (SOSA 24), ouvrier mineur
Maria Eugénie DERUYCK, ménagère.
Il faut croire qu’il était un enfant attendu et « désiré » par ses parents pour porter un tel prénom ! Il était pourtant le 3ème d’une fratrie de 9 enfants, et le 3ème garçon….
Si son père est éboueur au service municipal, tous les enfants en âge de travailler sont embauchés aux mines ; à 14 ans, Maurice Désiré est « rouleur » à la mine de Lens.
1917 est l’année où il doit se faire recenser ; mais Maurice Désiré sait lire et compter, donc il peut tenir un fusil… Sur son livret militaire, il n’est pas précisé qu’il était « volontaire » ; mais en cette période troublée, tous les hommes valides entre 20 et 45 ans étaient mobilisables, certains étaient plus jeunes, d’autres plus âgés, selon les besoins spécifiques et des circonstances exceptionnelles.
Maurice Désiré est donc enrôlé plus jeune et commence au 162ème RI : c’est Verdun ; nous sommes en août 1916 et il est soldat de 2ème classe, c’est-à-dire un militaire sans insigne de grade.
Les batailles s’enchaînent, les villes sont détruites….
Le 8 fev 1917, il passe au 9ème RI ; et le 17 février 1917, il est mobilisé pour rejoindre les forces armées et participer aux opérations militaires ; le 20 juillet 1918 il est blessé « devant Resson ».
Le village de Resson, situé dans la Meuse, a été le théâtre de combats importants ; les forces allemandes ont lancé plusieurs offensives majeures sur le front occidental, et les Alliés - les forces françaises et américaines - ont mené des contre-offensives pour repousser les troupes allemandes et reprendre le contrôle des territoires occupés ; les troupes ont souvent utilisé des villages comme Resson pour des positions défensives et des points de ravitaillement.
Maurice Désiré est victime d’une intoxication : Gaz Moutarde (gaz vésicant Ypérite) ou monoxyde de carbone ? L’un causait des brûlures chimiques sur la peau et les muqueuses, entraînant des cloques douloureuses et des lésions oculaires, pouvant également endommager les voies respiratoires s’il était inhalé, l’autre provenait des explosions d’obus et des incendies dans les tranchées. Aucune précision n’est mentionné sur la fiche matricule ; il sera toutefois envoyé en « congé » jusqu’au 7 août.
Le retour s’effectue au 8ème RI jusqu’au 5 sept 1917 pour ensuite intégrer le 8ème Régiment de Marche (8ème RM). Si le 8ème Régiment d’Infanterie (8ème RI) est un régiment chargé des combats au sol et des opérations de front, le 8ème Régiment de Marche (8ème RM) était composé de soldats provenant de différentes unités ; son rôle était de renforcer les lignes de front pour des missions spécifiques nécessitant une flexibilité et une rapidité de déploiement.
Maurice Désiré appartient donc désormais à une unité plus flexible et temporaire, formée pour répondre aux besoins immédiats du co nflit. Perçus comme de simples pions sur un échiquier stratégique, les hommes étaient envoyés par vague, là où les troupes devaient gagner du terrain et épuiser les forces adverses ; le coût humain n’était jamais pris en compte. Les « poilus » étaient soumis à des ordres venant d’officiers éloignés du front, qui ne voyaient que la carte des opérations sans mesurer les souffrances des hommes.
Difficile d’envisager la guerre autrement que comme un terrible engrenage de violence où l’individualité de chaque homme se perd au profit d’objectifs militaires abstraits, le réduisant ainsi à une pièce interchangeable d’un plan militaire global.
Maurice Désiré ne sera démobilisé que le 26 septembre 1919. Ensuite commence la reconstruction.
Tout comme les soldats, traumatisés physiquement et moralement par des années de combats acharnés, les villes, elles aussi, portaient les stigmates de la guerre, marquées par les destructions et les ruines laissées par les bombardements.
D'un côté, les soldats de retour du front entamaient un difficile processus de reconstruction personnelle : réapprendre à vivre avec leurs blessures visibles et invisibles, à retrouver leur place dans une société profondément transformée par la guerre. Pour beaucoup, il s’agissait d’un long chemin de réhabilitation physique, psychologique et sociale, souvent sans soutien suffisant de la société, encore moins de soins spécialisés pour les traumatismes. On ne parlait pas encore de « syndrome post-traumatique »….
De l’autre, les villes dévastées nécessitaient d’être rebâties. Il fallait effacer les cicatrices laissées par les explosions, reconstruire les infrastructures, les habitations, et redonner vie aux quartiers détruits. Ce travail de reconstruction urbaine, bien qu’énorme, permettait de redonner un souffle d’espoir et de renouveau aux populations locales. La ville de Lens – comme de nombreuses villes et villages du nord de la France - s’est relevée elle aussi pour redonner aux habitants un cadre de vie stable et reconstruire la mémoire collective. Et puis, ne dit-on pas que « les gens du Nord ont dans les yeux le bleu qui manquent à leur décor »…..
Parti s’installer à Paris dans la Cité de Gênes, Maurice Désiré est revenu sur Lens ; affecté aux mines, il a participé activement à la renaissance d’une ville meurtrie, écrasée, brûlée, à la manière d’un Phénix qui renaît de ses cendres.
Durant la guerre, les Allemands avaient détruit les mines visant à rendre les installations inexploitables. En inondant les galeries souterraines, ils ont empêché l'extraction de charbon, affectant ainsi l'industrie charbonnière de la région.
Maurice Désiré recevra la médaille de la Victoire et la médaille commémorative de la Grande Guerre, deux médailles par ailleurs attachées à aucun versement d’indemnité….
La Médaille de la Victoire (ou Médaille Interalliée 1914-1918) a été créée pour reconnaître la participation des soldats alliés à la Première Guerre mondiale et n’était décernée qu’aux militaires ayant servi au moins trois mois entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918.
La Médaille commémorative de la Grande Guerre a été créée par le loi du 23 juin 1920 ; elle a été décernée à tout soldat présent sous les drapeaux entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918. Elle pouvait également être accordée aux civils ayant servi aux armées ou à l’intérieur. Cette médaille est souvent nommée « Médaille des Poilus » en hommage aux combattants de la Grande Guerre.
Maurice Désiré attendra le 19 mars 1921 pour épouser une jeune lensoise comme lui, Jeanne LECLERCQ ; naîtront alors deux petites filles : Marcelle Eugénie, née le 12 décembre 1921 mais qui ne vivra qu’un seul mois, et Lucienne qui verra le jour 12 mois après le décès de sa petite sœur.
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Maurice Désiré a 42 ans ; il ne sait pas encore que l’Allemagne va de nouveau envahir la Belgique puis la France. Le chaos arrive à grands pas alors que les horreurs de la précédente guerre sont encore présents dans le cœur et la chair des hommes du Nord…..
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Pour en savoir plus :
L'armée française et la révolution militaire de la Première Guerremondiale | Cairn.info
Mémoires de mines - La Première Guerre mondiale à Lens
Trois siècles d’Histoire – Bassin minier Nord-Pas de Calais –Patrimoine mondial
Mémoires de mines - Lens, cité minière
1918-1928 : la reconstruction des mines de Lens | Le Lensois Normand Tome 5
L’époque Contemporaine - Ville de Lens
Cité de Gênes — Wikipédia (wikipedia.org)
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