mardi 10 décembre 2024

À la Lumière du Temps : Ne pas Juger les Actes de Nos Ancêtres

S’il y a une chose que je m’efforce de transmettre lors de mes ateliers de généalogie numérique, c’est le non-jugement des choix de nos ancêtres.

Qui sommes-nous pour critiquer leurs actes…

Il est essentiel de ne jamais juger les actes de nos ancêtres avec les yeux et les valeurs d'aujourd'hui. Chaque époque est façonnée par son propre contexte culturel, social, historique, des réalités souvent très éloignées de celles que nous connaissons actuellement. Nos ancêtres ont agi en fonction des connaissances, des croyances et des contraintes de leur temps, bien différentes de nos valeurs actuelles. E puis les normes sociales sont en constantes évolution : ce qui était inacceptable hier, ne fait plus l’objet de tabou aujourd’hui. Gardons toutefois à l’esprit, que rien n’est figé dans le temps ; restons vigilants car rien n’est totalement acquis….

Juger les actions de nos ancêtres selon nos standards modernes risque de simplifier, voire déformer, la complexité des situations auxquelles ils étaient confrontés. Cela peut également nous priver d’une compréhension plus profonde des raisons qui les ont poussés à agir comme ils l’ont fait.

Au lieu de porter un jugement moral sur le passé, il est plus constructif de chercher à comprendre le contexte dans lequel vivaient nos ancêtres. Cette démarche nous permet non seulement de mieux connaître notre histoire, mais aussi d’apprécier les progrès réalisés au fil du temps et de tirer des leçons pour l’avenir.

Nos ancêtres ont vécu dans des contextes sociaux, économiques et politiques très différents des nôtres. Leurs décisions et actions étaient souvent influencées par des circonstances que nous ne pouvons pas pleinement comprendre aujourd’hui. Si je prends l’exemple d’Emile Deiber, mon AAgrand-père paternel (SOSA 16), il a quitté son Alsace natale avec toute sa famille pour s’installer à Reims, puis à Mouy, dans l’Oise. Ensuite, il a disparu ; je ne peux croire qu’il ait abandonné tout le monde, mais c’est une solution envisageable car son épouse a toujours mentionné qu’il avait « disparu » en 1883, après la naissance de son dernier enfant ; il n’a donc assisté à aucun mariage de ses enfants. Fuite ? Mauvaise rencontre ? Emprisonnement ? Meurtre ? Ou encore, retour en Alsace. Tout est possible : est ce que son départ était une bonne idée ?

Les êtres humains sont complexes et leurs motivations peuvent être multiples ; juger les actes de nos ancêtres sans connaître toutes les nuances de leur situation peut mener à des conclusions simplistes et hâtives.

Nous avons tous dans nos arbres des mères « célibataires », un fait de société tout à fait banal aujourd’hui, mais autrefois – et n’est pas si vieux que ça ! – il était mal vu pour une jeune femme d’élever seule son enfant. Vous conviendrez que l’opprobre était toujours jeté contre cette pauvre « fille » : quid du monsieur qui avait ensemencé la petite graine….

Et que dire de ces mères qui avaient un nombre important d’enfants à nourrir, jusqu’à 22 pour l’une de mes ancêtres lensoises…. Je ne peux pas toutes les nommer, mais elles sont nombreuses dans mon arbre : à qui la faute ? Savaient-elles comment procréer ? Avaient-elles le droit de dire « non » ? Pouvaient-elles s’opposer à la loi du père et/ou mari…. On ne parlait pas encore de violences conjugales, mais elles étaient souvent présentes.

Je suis persuadée que chacune a agi selon ses connaissances et les ressources disponibles à leur époque.

Pauline Anatoline Baroin, mon AAgrand-mère paternelle (mon SOSA 23) a été déposée dans un tour, à Autun, à sa naissance. A 21 ans, elle a perdu un enfant de 16 mois dont le père n’a pas été nommé ; elle n’a pas reproduit l’abandon dont elle a été victime ; mais je n’ai pas la possibilité de savoir si cet enfant était désiré, s’il était le fruit d’une mésaventure ou d’un viol. Mais au décès de l’enfant, elle s’est mise en quête d’un « mari » pour une vie meilleure, pour sortir de sa condition, ou tout simplement pour sa sécurité…. Autre temps, autres mœurs.

Plutôt que de juger, il est souvent plus constructif d’essayer de comprendre les raisons derrière les actions de nos ancêtres. Toujours replacer les événements dans leur contexte historique, comprendre les conditions sociales, économiques et politiques de l’époque, cela permet de mieux saisir les motivations et les choix de nos aïeux.

Mais si nous avons des ancêtres « favoris » qui nous ont particulièrement touché, attendri, il en est d’autres pour lesquels une approche de compréhension et de compassion est plus compliquée.

Je compte parmi mes ancêtres, une « célébrité » peu commune : le plus vieux détenu de France ; en effet, Marcel Barbeault surnommé « le tueur de l’ombre » a été condamné en 1983 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de sept femmes et d’un homme ; à 83 ans, il purge sa peine à la prison de Saint-Maur, dans l’Indre ; donc, je suis la fille d’une cousine au 6ème degré de ce personnage..

Tout le monde ne peut pas avoir un roi dans son arbre !

Certes, je ne suis pas très fière d’avoir un tueur en série dans mon arbre, mais je ne me sens pas responsable de ses actes. Toutefois, l’analyse du personnage ne me permet pas de les accepter ; j’opterai donc pour un ancêtre « malade ».

Pour mieux comprendre, il est donc indispensable de s’engager dans une éducation continue sur l’histoire : lire des livres, regarder des documentaires, surfer sur les blogs de généalogie et d’histoire….tout ce qui peut aider à approfondir la compréhension sans tomber dans le jugement.

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