Chaque soldat avait ses propres raisons d'écrire, qu'il s'agisse de trouver un certain apaisement dans l’isolement, de partager une expérience commune ou bien de laisser un témoignage pour l'avenir.
Les soldats tenaient souvent des journaux intimes pour documenter leur vie quotidienne dans les tranchées, leurs pensées, leurs peurs et leurs espoirs. Ces écrits sont devenus des témoignages précieux de l'expérience des combattants pendant la Première Guerre mondiale.
Le premier journal de tranchée connu est "Hohnacker Neuste Nachrichten", créé par un régiment d'infanterie bavarois stationné dans les Vosges. Paru en septembre 1914, ce journal a été créé par le désir des soldats de documenter leur vie quotidienne et de maintenir le moral dans les tranchées.
En France, fleurissent également des journaux de tranchées : « écoeurés par la désinformation à l’œuvre dans la presse à l’arrière » (Rétronews) des poilus désirent témoigner de leur vécu au quotidien, mais surtout sans langue de bois.
Ces journaux étaient souvent fabriqués de manière improvisée, avec des moyens de fortune, offrant un aperçu authentique et humain de la guerre. Les soldats ont dû faire preuve d'ingéniosité pour créer leurs journaux de tranchées avec des moyens limités. Par exemple, ils récupéraient du papier réutilisé, souvent trouvé dans les emballages de munitions ou de nourriture.
Les talents artistiques étaient mis à profit pour dessiner des illustrations, des cartes ou des caricatures directement sur le papier.
Certains soldats, plus habiles que d’autres, utilisaient des techniques d'impression primitive, comme la gravure sur des plaques de métal ou de bois, ou même la duplication au stencil. Et pour assembler les pages, ils utilisaient des agrafes faites à la main ou du fil de fer récupéré.
Certains régiments, mieux équipés que d’autres, avaient accès à des machines à écrire portables, ce qui facilitait grandement la création de textes plus longs et plus lisibles.
Les journaux de tranchées sont donc de véritables témoins de cette époque tragique. Chaque journal est unique et reflète les expériences personnelles de son auteur.
Sur GALLICA (image ci-dessus) vous pourrez retrouver un certain nombre d'entre eux.
Les soldats décrivaient la vie dans les tranchées, les conditions météorologiques, la nourriture et les moments de calme entre les combats. Les attaques, les bombardements, les patrouilles nocturnes et les assauts étaient souvent relatés de manière détaillée. Beaucoup utilisaient ces journaux pour exprimer leurs sentiments, leurs peurs, leurs espoirs, leurs questionnements sur la guerre ou bien encore donner des nouvelles du front, des rumeurs, et des informations sur les mouvements des troupes. On peut également y retrouver des copies de lettres envoyées ou reçues, ainsi que des pensées sur leurs familles et amis.
Pour échapper à la dure réalité, certains écrivaient des poèmes, des chansons ou des histoires courtes. Quelques journaux contenaient des dessins et croquis représentant les tranchées, les camarades ou des scènes de la guerre. Les plus fortunés ajoutaient des photos.
Un des journaux de tranchées que l’on pourrait qualifier de « crus » est « Le Crapouillot. » Publié par les soldats français, ce journal est connu pour son ton réaliste et parfois caustique, reflétant les dures réalités de la guerre. Il contenait des poèmes, des histoires et des dessins qui offraient un aperçu sans filtre de la vie dans les tranchées.
N’oublions pas qu’il existe aussi des carnets de guerre et des journaux de poilu, tels que :« Carnets de guerre » de Louis Barthas : Louis Barthas, tonnelier de métier, a écrit des carnets détaillés et poignants sur son expérience de soldat ; son journal est l'un des témoignages les plus vivants de la vie des tranchées
« Carnets d’un fantassin » de Charles Delvert : un recueil de journaux personnels écrits par l'auteur pendant la Première Guerre mondiale ; les carnets couvrent la période du 7 août 1914 au 16 août 1916 et sont divisés en trois parties principales
sans oublier les récits de Maurice Genevoix, Henri Barbusse, Joseph Kessel...
Ces récits sont essentiels pour comprendre les réalités brutales et les émotions vécues par les soldats pendant la Grande Guerre.
*
Pour en savoir plus :
Grande Guerre, les carnets de Louis Barthas - YouTube
Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918(FranceArchives)
Le feu : (journal d'une escouade) / Henri Barbusse | Gallica
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire