Date limite : 31 août 2025 (c’est la raison pour laquelle je ne publie que le 1er septembre)
Je vous invite donc à suivre le fil de ma réflexion - en espérant que ce soit la bonne - alors que je tente de percer cette énigme ; le chemin est incertain, et je sais que je devrai relire fréquemment l'énoncé pour ne pas me laisser emporter par les méandres des détails.
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1. Le nom de MARQUES DE LUC
La première question que je me pose est celle du patronyme : un nom à particule ou bien la ville de référence ?
Une simple recherche sur Google et j’apprends que « Luc » est une commune du Var et en allant sur le site des AD 83, je m’aperçois qu’il s’agit de la ville de « Le Luc ».
Information complémentaire et pas de moindres : ce nom est également associé à une lignée influente dans le Gard, notamment à travers Pierre Hippolyte Édouard Marquès du Luc, magistrat et fondateur en 1856 de la colonie pénitentiaire agricole du Luc (voir diverses références en fin d’article). Cette colonie était située plus précisément à Campestre-et-Luc dans le Gard, située au lieu-dit Le Luc ; elle se trouvait aux confins du plateau du Larzac et des Cévennes, dans un environnement rural et isolé — un choix stratégique pour limiter les évasions et favoriser le travail agricole comme outil de rééducation. Le domaine couvrait environ 1 200 hectares, principalement des pâturages et des terrains incultes. Autant dire un environnement qui n’incite pas au farniente et d’où il devait être compliqué de s’évader….
Donc notre investigation se situe à la fois dans le Var et le Gard. Du moins, je le crois….
2. Recherche sur les plateformes
Je lance la même recherche sur Geneanet et Filae : MARQUES / Var / 1850-1900 : rien
Je retourne toutefois sur Filae avec le département du Gard et là, bingo !
Sur l’acte de mariage de Paul David Édouard MARQUES du LUC avec Marie Pauline Antoinette ROUHER, je sais que le marié est né à Nîmes, qu’il est Substitut du Procureur Impérial à Montpellier et qu’il est le fils légitime et majeur de Pierre Hippolyte Édouard et de Françoise Louise ARNAUD ; mais cet acte date de 1868 et ne concerne pas l’énigme ; toutefois dans la base Léonore je retrouve son dossier de « légionnaire » et sa date de naissance : le 6 mai 1842 à Nîmes, information que je m’empresse de vérifier dans les archives départementales du Gard (AD 30 n°615 page 167/467) – qui gagneraient en efficacité si elles étaient plus ergonomiques et moins compliquées !
Toujours sur Filae, je retrouve…. Sa date de décès à Montpellier: le 2 juin 1874 (AD 30 n°710 page 121/380) ; et je m’empresse de rechercher l’acte dans les archives :
Or la même année, je trouve deux publications de mariage avec Adèle Marie Thérèse KÜHNHOLTZ-LORDAT :
Dans ces deux promesses de mariage, j’apprends que sa précédente épouse est décédée.
Il n’y a pas de 3ème publication puisque Jean David Edouard MARQUES du LUC est décédé avant.
Sa « promise » Adèle Marie Thérèse KUHNHOLTZ-LORDAT se mariera le 14 juilet 1875 à Montpellier avec Ernest MAURIND DE BRIGNAC (AD 34 n°247 page 129/300).
Par conséquent, il n’a été marié qu’une seule fois…. Mais là n’est pas le résultat de l’énigme… Je crois que je me suis « un peu » égarée….
3. A la recherche du SOSA 12
Si je reprends l’intitulé : on me demande qui est le Sosa 12 de Jean David Edouard MARQUES du LUC, c’est-à-dire qui est le père de son grand-père maternel ou bien encore quel est le nom de son arrière-grand-père, du côté maternel.
Maintenant que je connais sa filiation, côté maternel, il est aisé de remonter dans l’arbre :
l’acte de mariage de ses parents (AD 30 n°177 page 150/748) en date du 21 mai 1841 m’indique les noms et prénoms de ses grands parents maternels, à savoir David ARNAUD et Jeanne Louise Célestine LONDES, filiation confirmée par l’acte de naissance de sa mère Françoise Louise, née le 24 janvier 1819 à Nîmes ;
l’acte de mariage de ses grands-parents maternels (AC n°65 page 7/26) en date du 11 mars 1818 à Nîmes
Mais je me trouve en difficulté puisqu’il va me falloir lire les textes des actes paroissiaux du 18ème siècle.
L’Agrand-père maternel de Paul David Édouard est donc Jean David ARNAUD : reste à trouver sa date de naissance et celle de son décès. Marié à l’âge de 36ans, Jean David serait né vers 1782 ; je pars du postulat qu’il est originaire du Gard.
Je vais donc devoir contourner ce problème : si vous ne trouvez pas l'acte d’un arrière-grand-père, par exemple, concentrez-vous sur ses parents ; recherchez leurs actes de mariage, de décès, ou tout autre document qui pourrait mentionner leurs enfants. L'idée est de « sauter » la génération bloquée pour trouver des informations sur la génération précédente. Je me suis donc concentrée sur la génération du SOSA 24 et j’ai pu ainsi retrouver sur Généanet les dates de naissance et décès ainsi que les lieux ; reste ensuite à confirmer mes « trouvailles » par les actes !
Facile à dire mais pas facile à faire car je ne suis pas du tout familiarisée avec les archives du Gard…..
Sur GENEANET, j’ai pu retrouver la déclaration de mariage des parents de Jean David ARNAUD : Louis Antoine et Esperance BRUGUIERES se sont mariés le 18/04/1788 à Moussac, légitimant leurs 3 enfants nés de leur union : Antoinette Esperenza née le 30/09/1780, David né le 30/04/1782 et Félicité née le 20/07/1785 ( AD 30 BMS page 73/600).
Sur FILAE, j’ai récupéré l’acte de décès de Jean David ARNAUD (AD 30 n°1246 page 417/500) en date du 13/09/1826…. qui mentionne un décès en 1794 !
Me voici donc repartie dans des recherches complémentaires : qu’est-ce qu’un « fédéraliste » et que s’est-il passé en 1794 à Nîmes ?
Les fédéralistes regroupent sous la Révolution française les Français qui se sont soulevés en province en réaction à l'élimination des Girondins le 2 juin 1793. Les insurrections fédéralistes - dans plusieurs villes : Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulon… et aussi Nîmes, où David ARNAUD vivait - provoquèrent le renforcement de la Terreur et du pouvoir central. Ils étaient des Girondins - ou leurs sympathisants - favorables à une autonomie des départements et à une République moins dominée par Paris ; ils s’opposaient aux Montagnards, qui prônaient une République centralisée, dirigée depuis la capitale.
En 1793, après l’élimination des Girondins de la Convention, les Montagnards ont instauré un gouvernement révolutionnaire et la Terreur : toute opposition était vue comme une menace à la République :
Les fédéralistes furent accusés de sédition, voire de complicité avec les royalistes, même si beaucoup d’entre eux étaient républicains.
Des tribunaux révolutionnaires furent mis en place pour juger rapidement les suspects et « purger » les villes rebelles par des exécutions massives.
David ARNAUD, en tant que « fédéraliste nîmois », a donc été pris dans cette vague de répression.
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Pour rappel, à partir des bans de mariage de Paul David Édouard MARQUÈS du LUC, en date du 24 mai 1874, il fallait trouver le lieu où fut célébré ce mariage et les années de naissance, mariage et décès de Jean David, son SOSA n° 12.
Le lieu du mariage : le mariage dont les bans ont été publiés le 24 mai 1874 n’aura pas lieu puisque Paul David Édouard MARQUÈS du LUC est décédé le 2 juin de la même année
L'année de naissance de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1755
L'année de mariage de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1788
L'année de décès de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1794
Ai-je résolu l’énigme ? Je le saurai au numéro 280 de La Revue française de Généalogie (daté octobre-novembre 2025) et sur internet. Quoiqu’il en soit, même si je n’ai pas trouvé – et je m’intéressai au texte de Monsieur BEAUCARNOT pour en suivre la démarche – j’aurai essayé et mes neurones auront « un peu » fonctionné durant l’été…. Histoire de ne pas perdre la main !
Je vous invite à lire les textes ci-dessous – abondants et variés - et à faire des recherches autour de cette période, dans votre généalogie.
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Pour en savoir plus :
Recherche- Base de données Léonore
Pierre Hippolyte Édouard MARQUÈS du LUC : généalogie par nick38 -Geneanet
La colonie agricole et pénitentiaire du Luc. (Cellules) | Baguenaudes
Calaméo - Colonie Agricole Et Pénitentiaire Du Luc
Colonies Agricoles - Pénitentiaires - Les Bagnes pour Enfants — Geneawiki
Papiers de famille (FranceArchives)
archives.gard.fr/rechercher/boite-a-outils/le-calendrier-republicain.html
Colonies pénitentiaires pour mineurs | ENAP
Les oubliés du causse | France Culture
Témoignage : l'horreur du bagne pour enfants , honte de la République -PourquoiPasPoitiers
NIMES 24 MAI 1794, POUR MEMOIRE GARDER - SOUVENIR CHOUAN DE BRETAGNE
Fin du régime de la Terreur à Nîmes
L'occitan, une histoire - Les Occitans et la révolution (1789-1799)
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