Ce roman de terroir nous plonge dans la Bretagne du début du XXe siècle, au cœur d’un petit port de pêche où la vie est rude et laborieuse : Penmarc'h
Le récit se déroule dans une communauté de pêcheurs bretons, vivant au rythme des marées et des campagnes de sardines. La crise économique frappe la région : les poissons se font rares, les conserveries tournent au ralenti, et les familles cherchent de nouveaux moyens de subsistance. Issue d’une famille de pêcheurs, Angélique travaille dès son plus jeune âge à la fileterie.
Orpheline, recueillie par une voisine, elle se distingue par sa discrétion, sa ténacité et son désir d’apprendre. Repérée pour ses talents manuels, elle est confiée à la comtesse de Kéradec, directrice d’un atelier de dentelle renommé.
« Pour sauver du danger les jeunes filles mises au chômage, des associations caritatives, ainsi que la Ligue patriotique des Françaises, créèrent des ateliers-ouvroirs de dentelle au crochet. Pas besoin d’apprendre à une Bigoudène à tenir un crochet…. On connaissait déjà l’Aiguille à la campagne qui donnait du travail à domicile. On vit partout les groupes de femmes et de jeunes, à l’ombre d'une église ou sur les pas de porte, exécuter cette dentelle qui devint vite un gagne-pain, un pauvre petit revenu dont on se contentait. Les enfants qui auparavant faisaient du picot au mètre pour quelques sous, se virent enrôler comme des grandes personnes. »
Elle devient apprentie dentellière, puis se révèle plus douée que ses camarades, ce qui l’amène à gravir les échelons jusqu’à Paris.
Mais Angélique est tiraillée entre son attachement à sa terre natale et les promesses de la capitale.....
Ce roman très facile à lire valorise les métiers artisanaux, notamment la dentelle, comme voie d’élévation sociale : le parcours d’Angélique illustre parfaitement la quête d’un avenir meilleur par le travail et l’apprentissage.
Ce roman est une ode à la résilience, à la transmission des savoirs, à la beauté des gestes simples ; il met en lumière une femme discrète, laborieuse, souvent effacée dans les archives. Le parcours d’Angélique, de son port natal à Paris, illustre les migrations internes, souvent observées dans nos généalogies du XXe siècle, permettant notamment d’appréhender les ruptures de lignées ou les déplacements liés au travail.
J’ai beaucoup apprécié l’ambiance de ce livre ; la Bretagne y est décrite avec ses traditions, ses crises économiques, ses solidarités locales, ce qui peut aider à enrichir mes connaissances sur la vie des pêcheurs bretons, des ouvrières de la fileterie, des dentellières, et même des familles nobles locales.
Outre mon intérêt purement généalogique de ce livre, j’ai également aimé l’esthétique de la dentelle bretonne, qui devient ici un vecteur de transmission intergénérationnelle : apprentissage, mentorat, héritage artisanal. Il offre une belle occasion d’évoquer l’invisibilité des femmes de nos arbres dans les sources, de leur rôle dans les familles, et de leur place dans les récits.
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Pour en savoir plus :
Penmarch : Histoire, Patrimoine, Noblesse (commune du canton du Guilvinec)
COSTUMES ET COIFFES EN BRETAGNE - Le blog de annie
Bretons à Paris au XIXe siècle : « Ils ont connu la faim et la honte d’être Breton »
Broderie et dentelle en Bretagne — Wikipédia
Fiche d'inventaire - Patrimoine Culturel Immatériel en France
La technique de la guipure irlandaise • Plumetis Magazine
La Société Philanthropique : précurseur de l'aide alimentaire -Société Philanthropique
Penmarc'h : son histoire, ses monuments / par F. Quiniou, recteur de Penmarc'h| Gallica