Je suis une nièce à la 3ème génération de Marie HERBEZ, puisqu’elle est une petite soeur de mon Agrand-père Albert Louis HERBEZ, mon SOSA 12. Et bien évidemment, elle est une enfant de Louis François HERBEZ, dont j'ai évoqué précédemment l'existence.
Marie est née le 3 juillet 1887 à Lens ; elle est la 5ème enfant d’une fratrie de 18.
Les familles de mineurs vivaient dans des conditions très précaires et leur revenu n’étaient pas à la hauteur des risques pris au fond de la mine. Avoir de nombreux enfants était perçu comme une source de main-d'œuvre supplémentaire pouvant contribuer aux revenus familiaux dès qu'ils seraient assez grands pour travailler. De même, les taux de mortalité infantile étaient particulièrement élevés en raison des conditions de travail dangereuses, des maladies dont les symptômes n’étaient pas traités suffisamment tôt. Faute de connaissances, mais surtout faute d’argent : on n’appelait pas le médecin pour rien, et souvent, c’était trop tard….
Si la vie des mineurs était rude, celle des femmes n’en était pas moins difficile ; les moyens de contraception étaient limités et souvent inaccessibles pour les classes ouvrières. De nombreuses femmes ne se sentaient pas le droit de refuser la « domination du mâle » au regard notamment de la société et de la religion de l'époque qui valorisaient la natalité. Il était courant de voir des familles avec plusieurs enfants, et cela était souvent considéré comme un signe de prospérité et de réussite.
Le 23 février 1907, Marie épouse Émile HOOGEWYS, un mineur belge venu travailler en France. Le couple a déjà un enfant Émile, né le 14 février 1905, que les parents légitimisent au moment de leur mariage.
Viendront ensuite
Marthe, qui décédera à l’âge de 3 mois en 1906
Marie, qui ne survivra que 2 mois en 1908
et enfin Adolphe Pierre né le 31 mars 1910.
La famille a souvent changé d’adresse : rue des Jardins, lorsque l’ainé de la fratrie est arrivé, au 96 rue Chapitre lorsque Marthe est née, puis au 32 place Saint-Alfred, à la naissance de Marie ; au décès des deux petites filles, le couple décide de quitter Lens et s’installe sur la commune de Sallaumines (recensement de 1911).
Curieux choix… Sallaumines reste gravée dans toutes les mémoires : le 10 mars 1906, la catastrophe minière de Courrières a été l'une des plus grandes catastrophes minières de l'histoire européenne, causant la mort de 1 000 personnes ; l'explosion a ravagé environ 110 kilomètres de galeries dans les fosses 2 à Billy-Montigny, 3 à Méricourt et 4/11 à Sallaumines. Il faut reconstruire, alors la Sté Minière demande toujours plus de bras….
Émile travaille aux mines mais vient la mobilisation générale et il doit partir…. En août 1914, il n’imaginait pas qu’il ne reverrait plus jamais sa famille…. Et que la terre de France qui l’avait accueilli, qu’il avait chéri, l’engloutirait pour l’éternité….
On peut aisément imaginer les années de galère qui ont été celles de la veuve Marie ; deux enfants à charge, assurer un quotidien et devoir faire face à toutes les difficultés (notamment vivre dans une ville bombardée, démunie de tout), et un conjoint dont elle n’a pas pu faire le deuil ; le corps d’Emile est resté à la Nécropole nationale Le Pont du Marson.
La ville est bombardée ; tout comme Lens – le berceau de la branche Herbez - Sallaumines subit des tirs incessants et des destructions massives ; la région du bassin minier du Pas-de-Calais est un enjeu stratégique important pour les deux camps, et les combats y sont particulièrement violents et intenses. Les mines et les cités minières sont toutes endommagées, et de nombreux civils sont contraints de fuir.
Marie et les enfants sont déplacés sur la commune de Jargeau, dans le Loiret.
Mais après cette terrible guerre, Marie et les enfants reviennent sur Sallaumines : on ne quitte pas la terre de ses ancêtres...
Marie a emménagé avec un nouveau compagnon Antonio SILVA SANTIAGO ; d'origine portugaise, Antonio exerce la profession de « zingueur » ; Marie aura 3 enfants de cette union, mais sa dernière maternité lui sera fatale.. Marie s'éteint à l'âge de 36 ans.
*
Lens vu par les Allemands - 1918 - A l'écoute des témoins - Archives -Pas-de-Calais le Département
Le Lensois Normand Tome 3 » Archives du Blog » 1914-1918 : quatreannées d’enfer à Lens
Mémoires de mines - La Première Guerre mondiale à Lens
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire