vendredi 31 janvier 2025

Actu JANVIER 2025

 Voici des actualités glanées ça et là,
des articles repérés sur des blogs...

Depuis quelques mois, je m’aperçois que de nombreux généalogistes partagent régulièrement des actualités généalogiques sur leurs sites et blogs ; cette abondance d'informations peut parfois entraîner une certaine redondance d'un site à l'autre. Comme on dit : trop d’informations tue l’information. Et on ne sait qui fait quoi…. Ni où regarder….

J’ai donc décidé de les simplifier et de vous renvoyer vers les liens appropriés : inutile de répéter que ce qui existe ailleurs. Je perds mon temps et vous aussi ! Vous comprendrez bien qu’il est plus agréable de parcourir les registres des archives plutôt que de faire du recopiage superfétatoire….

L'objectif est de vous offrir des contenus plus spécifiques et adaptés à vos besoins, de vous guider dans vos recherches, en fournissant des ressources utiles pour avancer dans votre pratique de la généalogie.

Et pourquoi, dans le cadre de nouvelles résolutions, ne commenceriez-vous pas à classer votre bibliothèque numérique avec Zotero ? C’est facile d’utilisation et tellement pratique ! Je l’utilise déjà depuis quelques années, et je ne peux plus m’en passer….

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GENEANET

Les mises en ligne du 2 janvier 2025

Les mises en ligne du 9 janvier 2025

Les mises en ligne du 16 janvier 2025

Les mises en ligne du 23 janvier 2025

Les mises en ligne du 30 janvier 2025

Héraldique : une rubrique revue, corrigée… et interactive !

L’actualité généalogique dans le monde

Nouveau sur Geneanet : les minutes des commissaires au Châtelet

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ANCESTRY

Le recensement de 1921 de l’Angleterre et du Pays de Galles estmaintenant disponible

Origines et significations des noms de famille allemands

Engagement envers la mémoire de l’Holocauste

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FamilySearch BLOG

Planifiez votre calendrier pour le salon RootsTech de 2025 !

FamilySearch : Rétrospective de l’année 2024

Apprenez comment commencer et tenir un journal

Qu'est-ce que le transgénérationnel (transcender les générations) ?

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La Revue Française de Généalogie

Aisne : délais d'accès en ligne à l'état civil raccourcis

Aube : nouveau mode de recherche des images

Cantal : contrôle des actes

Finistère : nouvelle présentation et contenus supplémentaires

Gers : plus de 3 000 cartes postales anciennes

Hérault : archives communales supplémentaires

Landes : répertoires des notaires ouverts à l'indexation

Loire : des pages concernant la Seconde Guerre mondiale

Nord : nouveautés des Archives de la Métropole Européenne de Lille

Rhône : vos ancêtres bourgeois indexés à Lyon

Saône-et-Loire : zonage des insinuations laïques et mots-clés pour les PDF

Territoire-de-Belfort: cartes d'anciens combattants

Var : état civil en pause pour sauvegarder les permaliens

Archives nationales : indexation de la Maison de l'empereur

Belgique : clap de fin pour le moteur de recherche Search

L'état civil est toujours gratuit, attention aux arnaques !

DicoTopo : retrouvez en ligne vos lieux d'intérêt généalogique

Une nouvelle version pour les Archives de l’Ain

Dans l’Isère, les recensements arrivent en masse

Des nouveautés tous azimuts pour Filae

Une nouvelle version pour FranceArchives

Un nouveau portail pour les archives de l’Ofpra

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GENEAFINDER

Généalogie Sarthe : Trouver vos Ancêtres dans les Archives

Généalogie Val-de-Marne : Ressources pour votre Arbre Familial

Généalogie DROM-COM : Guide des Archives Coloniales Françaises

Généalogie Pas-de-Calais : Guide des Archives Familiales

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GALLICA

Bourneville et le traitement médico-pédagogique | Gallica

L’étalage publicitaire | Gallica

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ARCHIVES & CULTURE

Les archives, c’est quoi et où ? – Film 388 - YouTube

L’incendie du Bazar de la Charité et ses victimes – Film 390 - YouTube

L'Implexe - YouTube

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LA FRANCE PITTORESQUE

16 novembre 1793 : à Nantes, l'infâme Carrier fait noyer 90 prêtresréfractaires dans la Loire

Bûcherons du temps jadis : une existence au fil du bois

Faire le diable à quatre. Origine, signification proverbe, expressionpopulaire. Dictionnaire locutions

Conspiration sous Louis XIV pour renverser la monarchie

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LA GAZETTE DU VENDREDI

Anthime Lavier, compagnon plâtrier

À la recherche d’informations sur les parents de Gabriel Conduché

L'envoi des jeunes enfants en nourrice. L'exemple d'une petite ville : Thoissey-en-Dombes (1740-1840) - Persée

Où donc est née Jeanne Breton, mère célibataire, née elle-même de père inconnu ?

Quand l’un des sept péchés capitaux mène au bagne de cayenne

Le vicaire et le charbonnier : métissage sorcellaire en Béarn à lafin du XVIIIe siècle - Persée

Les résistants de Saint Gaultier

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EXPOSITIONS VIRTUELLES

Les expositions virtuelles | Archives départementales deMeurthe-et-Moselle

Expositions virtuelles - Découvrir en images - Découvrir - Archives -Pas-de-Calais le Département

Expositionsvirtuelles - Archives de Paris

Les expositions virtuelles chez soi - Archives départementales du Var

Expositions virtuelles - Archives du Tarn et Garonne

Expositions virtuelles des AD des Yvelines

Galerie d'expositions des Archives de la Manche

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DES SITES, DES BLOGS et aussi des histoires…. (c’est désormais ici)

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DES PODCASTS, A ÉCOUTER

DES VIDEOS A REGARDER, SANS MODERATION….…


La prise en charge de l’avortement, et avant lui de la contraception, a bouleversé le corps médical.

Depuis plusieurs siècles, l’interdit de l’avortement pesait particulièrement sur la profession mettant en danger des milliers de femmes. Sa répression s’accompagnait de poursuites et de peines pour les personnes le pratiquant.

Quelle est la place de l’acte d’avortement dans la médecine, son histoire, et l’adhésion ou le refus des médecins face à l’avortement ? Une bataille qui a pu être réactualisée récemment par le refus de Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat des gynécologues, de réaliser des interruptions volontaires de grossesse (I.V.G) qu’il assimile à des « homicides ».

Du cintre à la canule : épisode 1/4 du podcast Avortement, le pouvoirdu médecin | France Culture

La clause de conscience : épisode 2/4 du podcast Avortement, le pouvoir du médecin | France Culture

Le parcours de la combattante : épisode 3/4 du podcast Avortement, le pouvoir du médecin | France Culture

Les choix des femmes : épisode 4/4 du podcast Avortement, le pouvoir du médecin | France Culture


La culture et la transformation du lin permettent, grâce à des savoir-faire complexes, de passer d’une jolie fleur bleue à des tissus blancs, solides et élégants. Quels sont les usages du lin ? Comment cette étoffe végétale a-t-elle traversé les cultures, du Moyen Âge à l’époque moderne ?

Tisser du lin, une histoire cousue de fil blanc : épisode 1/4 du podcastTextiles, une histoire étoffée | France Culture

Indiennes et toile de Jouy, l’histoire file un bon coton : épisode 2/4 dupodcast Textiles, une histoire étoffée | France Culture

Quand l'industrie ose la viscose, la soie artificielle rayonne : épisode3/4 du podcast Textiles, une histoire étoffée | France Culture

C’est le wax qu’on préfère, du tissu colonial à l’emblèmepanafricain : épisode 4/4 du podcast Textiles, une histoire étoffée| France Culture


Quelles sont les nouvelles approches de l’histoire des camps de mise à mort nazis ? Histoire de la musique dans les camps et de la captivité particulière des juifs prisonniers de guerre. Des camps au mémorial, quelles images pour montrer les atrocités nazies ?

Du camp de mise à mort au mémorial, des images pour montrer l’horreurnazie : épisode 1/4 du podcast Camps de mise à mort nazis, unehistoire | France Culture

Être juif et prisonnier de guerre, une captivité particulière : épisode2/4 du podcast Camps de mise à mort nazis, une histoire | FranceCulture

Contrainte ou résistance, la musique dans les camps : épisode 3/4 du podcastCamps de mise à mort nazis, une histoire | France Culture

Natzweiler-Struthof, archéologie d’un camp : épisode 4/4 du podcast Camps de mise àmort nazis, une histoire | France Culture

De l'apparition de la grippe espagnole en 1918 jusqu'aux grippes modernes, le médecin Renaud Piarroux remonte le fil de cette épidémie, longtemps restée mystérieuse.

La terrible grippe espagnole, 1918-1919 : épisode 1/4 du podcastMécaniques des épidémies, saison 3 : la grippe | France Culture

La rocambolesque découverte du virus : épisode 2/4 du podcastMécaniques des épidémies, saison 3 : la grippe | France Culture

Grippe espagnole 1914-1918 : comprendre l'épidémie | France Culture



En 1917, de jeunes ouvrières sont embauchées à Newark dans le New Jersey (États-Unis), par l’US Radium Corporation pour leurs qualités alors jugées féminines : la précision, le soin et la dextérité.

Des femmes lumineuses : épisode 3/2 du podcast L'histoire oubliée des"radium girls" | France Culture

Le radium au tribunal : épisode 4/2 du podcast L'histoire oubliée des "radium girls" | France Culture

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INSOLITE

"Théret n°487", l'histoire terrible d'un gamin parisien au bagne de Belle-île

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ET CE MOIS-CI je vous propose

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Bonne lecture et belles trouvailles

Et pour ne rien perdre de toute cette actualité, cliquez sur l’image ci-dessous

La petite couturière du Titanic de Kate ALCOTT

Quatrième de couverture : « Avril 1912. Tess Collins, une jeune servante anglaise, est venue à Cherbourg vivre de sa passion, la couture. Hélas, la maison qui l'emploie la traite comme une domestique. Lorsqu'elle apprend qu'un paquebot se dirigeant vers les Etats-Unis va faire escale à Cherbourg, elle décide d'embarquer pour tenter l'aventure. À bord du Titanic, elle fait connaissance de Lucy Duff Gordon, célébrité de la haute couture anglaise, qui s'apprête à présenter sa nouvelle collection à New York. Sa femme de chambre lui ayant fait faux bond, elle décide d'employer Tess. En première classe du navire, Tess découvre un monde fastueux. Elle fait la rencontre de deux hommes, Jim, un marin, et Jack, un self-made-man américain. Mais, tandis qu'un triangle amoureux s'installe, le paquebot, sans que ses occupants s'en doutent, fonce vers un iceberg... Réchappant à la catastrophe, Tess découvre que sa maîtresse a embarqué à bord d'un autre canot de sauvetage. Mais celle-ci a-t-elle survécu aux dépens d'autres passagers ? Elle se trouve bientôt face à un dilemme : rester fidèle à sa maîtresse ou dire ce qu'elle a découvert des circonstances du drame ? »

Outre la petite histoire d’amour du triangle amoureux, ce livre est intéressant car il s’inspire de faits réels autour du tragique naufrage du Titanic, un événement marquant de l'histoire. Les trois quart du livre se concentre sur la commission d’enquête menée par le Sénateur Smith à la recherche des circonstances du drame. Il mélange habilement des éléments réels et fictifs, offrant une plongée immersive dans cette époque.

L'héroïne, Tess Collins, est une jeune femme ambitieuse qui rêve de devenir couturière, et surtout sortir de sa condition précaire. Sa rencontre avec de célèbres passagers du Titanic, comme Lady Duff Gordon, ajoute une dimension intéressante à son parcours, en s’immergeant dans les ateliers de couture, où deux sociétés bien distinctes s’affrontent : la haute bourgeoisie et les autres….

Car ce roman ne se limite pas à la catastrophe du Titanic. Il explore aussi les conséquences pour les survivants, les questions de justice, et les défis personnels que doivent surmonter les personnages principaux.

J’ai beaucoup aimé ce livre dont la plume de l’auteur, fluide et expressive, rend la lecture agréable et engageante.

L’intérêt de ce roman est de plonger – très mauvais jeu de mots pour le Titanic, désolée – dans l’histoire des vrais personnages. Si Tess, la petite couturière de Cherbourg, est un personnage inventé de toute pièce, d’autres sont de véritables personnes. Par exemple, Lady Duff Gordon et Sir Cosmo Duff Gordon étaient réellement à bord du Titanic.

Je me suis fait un plaisir de faire quelques recherches tout en sélectionnant les plus représentatives :

Généalogies des passagers du TITANIC (généalogie) - Geneanet

Lucy Christiana SUTHERLAND "Lucile" : généalogie parGénéalogies des Français du Titanic (genetitanic) - Geneanet

Cosmo Edmund DUFF GORDON : généalogie par Généalogies des Français duTitanic (genetitanic) - Geneanet

Michel Marcel NAVRATIL "Lolo" : généalogie par Généalogies desFrançais du Titanic (genetitanic) - Geneanet

Le Site du Titanic

Histoire du Titanic et de son naufrage en 1912

Naufrage du Titanic — Wikipédia

Titanic — Wikipédia

(85) TITANIC : La Récupération des Corps - L'Histoire Méconnue du Mackay Bennett – YouTube

(85) 🚢 Titanic, La Vérité Dévoilée - Documentaire Histoire & Découverte - France 5 (2017) – YouTube

(85) TITANIC : Au-delà de la Légende - (1998 Documentaire TF1) [VHS RIP] – YouTube

Le naufrage du Titanic dans la presse (1912) | Blog | Gallica

Il y a cent ans, le Titanic sombrait

Titanic, le journal de bord du capitaine Smith : une sélection des meilleurspodcasts à écouter | Radio France | France Inter

dimanche 26 janvier 2025

Une rencontre au marché

En cette matinée de printemps 1870, le marché d’Autun est en pleine effervescence. Les marchands interpellent les passants, vantant la fraîcheur de leurs légumes ou la qualité de leurs étoffes. Parmi la foule, Sœur Constance, sœur portière de l’hospice de la ville, avance d’un pas mesuré, le regard attentif. Aujourd’hui, elle a été désignée par la Mère Supérieure pour faire le marché…

Son habit gris et son voile blanc la distinguent dans la masse colorée ; mais son esprit est en alerte. Elle n’a pas l’habitude de sortir parmi la population ; d’ordinaire, elle accueille les pauvres, les malades, les femmes enceintes en détresse et les enfants abandonnés ; il arrive qu’elle se consacre aux soins infirmiers et à l’éducation des jeunes filles.

Et ce matin, arpentant les étals, son panier de provisions à la main, Sœur Constance est un peu désœuvrée de cette sortie inhabituelle.. C ’est alors qu’elle l’aperçoit….

Une jeune femme, probablement âgée d’une vingtaine d’années, vêtue modestement d’une robe raccommodée, est assise par terre, au milieu de paniers d’osier qu’elle a vraisemblablement tressés à la main. Chaque panier contient pois, haricots, carottes, betteraves, et bien sûr la « treuffe », la célèbre pomme de terre morvandelle.

Sœur Constance se souvient de ce jour où cette petite fille a été déposée à la grille de l’hospice, place du Champs de Mars, sur cette place même où aujourd’hui, elle fait son marché…


En ce jour du 13 septembre 1851, Sœur Constance avait entendu les pleurs d’un bébé et une petite voix toute douce qui tentait de l’apaiser. Lorsqu’elle avait ouvert la porte, elle avait aperçu une silhouette de femme, capuche au vent, s’effaçant dans la nuit, à la lisière du bois et de la ville. L’enfant s’agitait dans son panier, un panier commun comme toute bourguignonne en possédait pour faire des courses. Sœur Constance avait pris l’enfant dans ses bras pour la réchauffer car les matinées étaient plutôt fraîches dans la région.

Ce triste panier bien fatigué ne contenait pas grand-chose : trois chemises de coton, trois mauvais drapeaux de toile, une brassière d’indienne brune doublée de coton, deux sequins de coton non garni, un bonnet de soie noire garni de tulle noir, un maillot de coton blanc doublé de toile blanche et un mauvais oreiller de toile à matelas ; l’enfant devait avoir 3 ou 4 jours au plus ; le cordon ombilical avait été coupé correctement et bandé à l’abdomen.

Décidément, elle ne s’y ferait jamais ! Encore une malheureuse qui avait été contrainte d’abandonner son enfant… Dans la région, de nombreuses femmes vivaient dans des conditions d’extrême pauvreté et n'avaient pas les moyens financiers de subvenir aux besoins de tous leurs enfants ; celle-ci avait dû attendre quatre jours pour s’apercevoir qu’il était impossible de nourrir une bouche de plus…. « Paix à son âme et que Dieu lui accorde son pardon... » ; cette mère devra vivre en pensant chaque jour à cet abandon, et peut-être aux prochains...

Depuis tant d’années qu’elle veillait à l’entrée de l’hospice, Soeur Constance avait vu défiler des dizaines d’enfants abandonnés. Pourtant, il y avait une petite fille qu’elle n’avait jamais pu oublier, une petite fille de quelques jours aux cheveux déjà très noirs. Mais il y avait déjà plus de vingt ans, et il n’était guère possible que…..

Pourtant, elle s’approche doucement.

Excusez-moi, ma fille, ces légumes viennent-ils de votre exploitation ? demande-t-elle pour entamer la conversation.

La jeune femme, surprise, relève la tête, quelques mèches noires sortant de sa coiffe.

Oui, ma sœur. Nous avons une ferme au Petit-Vaucelles, répondit-elle avec une voix douce, légèrement marquée par l’accent du pays.

Oh, mais vous venez de Lucenay-Levêque, c’est à plusieurs kilomètres d’ici…

Oui, ma sœur. Nous sommes venus de bon matin ; je suis avec mon père, il est là-bas avec les vaches que nous allons vendre...

Sœur Constance sent son cœur battre à tout rompre. Elle ne pouvait en être certaine, alors elle continue :

Au Petit-Vaucelles, je crois me souvenir que monsieur Bertin avait une exploitation, bien modeste, mais qui marchait bien….

Monsieur Bertin est mon père….

Soeur Constance n’en croit pas ses oreilles : est-il possible que cette jeune femme soit Anatoline Boiville, l’enfant confiée à monsieur Bertin et son épouse Pierrette ?… Alors elle se lance :

Je m’appelle Sœur Constance, je suis tourière à l’hospice d’à coté. Pardonnez ma curiosité… Mais auriez-vous connu cet établissement autrefois ?

Le regard de la jeune femme se durcit légèrement, comme si elle plongeait dans des souvenirs flous mais familiers.

Oui… Ma mère m’a dit que j’y suis née. Ma mère adoptive Pierrette m’a racontée qu’une religieuse m’avait confiée à elle.

Alors, vous êtes la petite Anatoline.... C’était le nom que nous vous avions donné.

Non, ma sœur. Mon nom est Pauline Boiville.

Leurs regards se croisèrent, et une émotion palpable enveloppa l’instant. Le tumulte du marché semblait s’être évanoui autour d’elles.

Soeur Constance avait devant elle Anatoline Pauline Boiville… C’est alors qu’un petit cri s’échappe d’un des paniers ; la jeune femme se lève et prend un nourrisson dans ses bras ; elle ouvre son corsage et lui donne le sein. Elle semble très fière. Et pour répondre au regard interrogatif de Soeur Constance, elle dit :

Il a un mois et il s’appelle Etienne. C’est mon fils.

Elle porte au creux de son bras plus qu’un simple bébé ; elle porte une victoire, une revanche sur la vie.

Autrefois abandonnée, Anatoline Pauline avait grandi dans l’ombre d’un manque ; elle n’avait jamais connu les bras d’une mère pour la consoler, ni les mots tendres d’un père pour l’encourager. Recueillie par des âmes charitables, elle n’avait rien à reprocher à monsieur Bertin ou à son épouse ; mais elle avait grandi en portant le poids d’une question qui lui pesait chaque jour : « Pourquoi? »

Aujourd’hui, tout cela semble loin. Le poids de l’abandon, qu’elle avait tant redouté de transmettre, s’est évaporé dès l’instant où elle a reçu son enfant dans les bras. Ce petit être, si fragile et pourtant si puissant dans sa capacité à susciter l’amour, avait changé le cours de son histoire.

Dans cette déclaration, il n’y avait pas de colère, pas de ressentiment envers son passé. Seulement une promesse, un choix : celui d’être la mère qu’elle n’avait jamais eue.

Mais Soeur Constance ignore alors que la jeune femme est désormais en quête d’un mari….

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Pour en savoir plus :

Histoire et patrimoine - Site officiel de la Ville d'Autun

Autun à la fin du XIXe siècle – Académie du Morvan

Suivre les pas d'un enfant trouvé... - Archives Départementales deSaône-et-Loire

samedi 18 janvier 2025

Claude BEAUJON (1844 - 1935)

Au XIXe siècle, le Morvan offre un paysage sauvage et authentique. Nichée au cœur de la Bourgogne, cette région est couverte de vastes forêts, de pâturages et de landes. Loin des grands bouleversements de l’industrialisation, le mode de vie rural est le quotidien des morvandiaux où traditions et nature sont intimement liées. Mais la vie est rude pour les hommes.

Claude BEAUJON est né le 8 juin 1844 à Gouloux dans la Nièvre morvandelle, marquée par la pauvreté et l’isolement. Les paysans vivent au rythme des saisons et de la terre : l’agriculture, l’élevage et l’exploitation forestière sont les piliers de l’économie locale. Le flottage du bois, destiné à alimenter les fours parisiens en bois de chauffage, est l’une des activités emblématiques de la région ; ce travail harassant et particulièrement dangereux reflète l’ingéniosité et la résilience des Morvandiaux, qui ont appris à tirer parti de leur environnement malgré les défis que posent ces terres accidentées. Mais dans la famille de Claude, les hommes sont sabotiers de père en fils : la saboterie est la seconde activité emblématique du Morvan et notamment celle de Gouloux.

Dans une société où la majorité de la population ne sait ni lire ni écrire, les noms sont transmis oralement ; par conséquent, « Beaujon » peut tout aussi bien s’écrire « Baujon » ou bien encore « Bojon ». Lorsqu'ils devaient être consignés par écrit, l’orthographe des patronymes dépendait entièrement de l'interprétation de l'officier d'état civil ou du curé de la paroisse. D’ailleurs, cet officier d'état civil, quelquefois étranger à la région ou ayant des connaissances limitées des dialectes locaux, adaptait souvent les noms de famille aux conventions orthographiques qu'il connaissait ; il pouvait ainsi « franciser » ou simplifier les noms pour qu'ils paraissent, soit plus corrects, soit plus conformes à la langue officielle, et selon ses propres critères, bien sûr.

A cette explication, il faut ajouter des erreurs de transcription dans les registres, où l’écriture manuscrite est quelquefois difficile à déchiffrer. Ces erreurs perpétuées de siècles en siècles donnent alors naissance à de nouvelles variantes du patronyme.

Arrive ensuite une généalogiste en herbe qui, croisant plusieurs sources à sa disposition, réussit à déjouer les pièges orthographiques, soucieuse de raconter l’histoire de son ancêtre.

Claude BEAUJON est mon SOSA 20 ; il est le fils de Joseph « BOJON », manouvrier et de Reine BOIRE, domestique.

Un manouvrier est un ouvrier effectuant des travaux tant dans l'agriculture que sur les chantiers ; il travaille dans les fermes, s'occupant des tâches agricoles comme l'entretien des champs, la récolte, le soin des animaux, et la préparation du sol pour les prochaines cultures ; mais toujours à la recherche d’une tâche, il effectue également des travaux forestiers, comme la coupe du bois, sa transformation et la réalisation de sabots. IL arrive également que le manouvrier participe à la construction et à l'entretien des maisons, travaillant comme aide-maçon ou aide-charpentier.

Les activités du manouvrier étaient saisonnières : il pouvait être embauché pour une courte période ou s'établir dans une ferme pour une durée plus longue selon les besoins ; et le reste du temps, il fabriquait des sabots, qu’il allait ensuite vendre sur les marchés.

Claude est né à la ferme, au domicile de ses parents, au Metz Roblin, hameau de Gouloux ; il est le dernier-né d’une fratrie de quatre enfants :

  • Marie, son aînée de 9 ans,

  • la petite Françoise, décédée à deux jours, et qu’il ne connaîtra donc jamais,

  • et son grand frère Fiacre, son aîné de 5 ans, sabotier de profession.

Voici donc une bien petite famille ; je n’ai trouvé aucune naissance ni décès dans les tables décennales. J’en déduis que d’éventuelles naissances n’ont pu être déclarées. Dans les zones rurales et notamment dans le Morvan, les enfants pouvaient mourir sans être immédiatement, voire jamais, déclarés aux autorités, soit par négligence, soit par manque d'accès aux offices d'état civil ou tout simplement parce que les parents, accablés par le chagrin et les conditions de vie difficiles, ne comprenaient pas toujours cette démarche administrative. Il faut dire que le hameau de Metz Roblin est excentré du village.

Claude a 11 mois lorsqu’il perd son père ; deux ans plus tard, sa mère Reine épouse Joseph GRILLOT, un jeune cantonnier des Icharts, un hameau situé très au sud de Gouloux ; de cette union, naîtra une petite Jeanne.

Claude a grandi avec son frère et ses sœurs dans une grande maison traditionnelle du Morvan, en pierres du pays et un toit en tuiles ; la pièce principale était réservée à la vie quotidienne et l’étable était destinée aux animaux. Au niveau supérieur, le grenier et l’appentis pour le stockage du bois et des récoltes. Rien de bien luxueux.

La région est très verdoyante et l’on peut aisément imaginer la grandeur des bois environnants, matière première indispensable au sabotier.

L’existence de Claude ne doit pas être bien différente de celle de Louis-François Pinagot, le héros anonyme d’Alain Corbin : excellent récit - que je vous recommande – d’un sabotier de Basse-Frêne, dans le département de l’Orne. Tout y est décrit : la famine, la débrouille, la misère…

A 20 ans, Claude est un petit gaillard de 1,61 mètre aux yeux bleus ; ses cheveux sont châtains, sa bouche est grande ; son visage et son menton sont plutôt carrés. Classe 1864, il incorpore la garde nationale mobile et ne sera libéré qu’en 1870….

Et à son retour, il épousera Marie Jeanne ; libéré le 5 février, il se marie le 13 juin de la même année...

C’est vraisemblablement le père de Marie Jeanne qui lui apprendra à réaliser des sabots ; qu’ils soient scieurs de long, bûcherons, charbonniers, ou bien sabotiers, tous travaillent dans les forêts du Morvan ; mais le sabotier est particulièrement occupé à préparer ses sabots pour la saison froide ; le reste de l'année, il travaille également à la ferme et dans les champs.

Claude choisit son bois avec précision : le bouleau pour sa légèreté et donc facile à travailler, le pin pour sa durabilité, l’aulne pour son bois tendre et agréable à sculpter, mais sa préférence va au hêtre, pour sa solidité et sa résistance : on ne change pas très souvent de sabots et ils se doivent d’être solides et adaptés aux conditions de vie des Morvandiaux.

Ensuite, il répète toujours les mêmes gestes ancestraux : débiter le bois en billots de tailles spécifiques puis former ses sabots selon les pointures commandées, avec la gouge et le boutoir. Si le sabot doit être robuste, il doit aussi être personnalisé, et confortable, autant que faire ce peut.

Claude est passionné par son travail, même s’il est répétitif et physiquement intense ; il présente des douleurs articulaires et musculaires, des lombalgies, mais il ne se plaint pas. Aujourd’hui, on dirait qu’il souffre « d’affections musculo-squelettiques » ; de plus en plus, le sabotier morvandiau tousse et ses quintes de toux l’empêchent quelquefois de respirer : il n’a pas conscience que la découpe et la sculpture sur bois génèrent de fines poussières de bois, potentiellement nocives pour ses voies respiratoires. Il faut travailler pour vivre dignement et Claude ne sait faire que ça….

C’est ce qu’il a essayé de transmettre à ses enfants : avec Marie Jeanne, ils ont eu 10 enfants ; quelques-uns ont pris note de son éducation, d’autres se sont écartés du droit chemin… Jean, son ainé – mon Agrand-père paternel - a préféré quitter la terre, tandis que François Marcel a repris le flambeau. Il est très fier de cet enfant.

Jean a pris des chemins de traverse ; il a même laissé son fils René en garde à sa mère, déjà bien fatiguée avec le petit Gabriel Joseph qu’elle a pris en nourrice.

François Marcel et son épouse Julie s’occupent de la ferme du mieux qu’ils peuvent ; le travail empêche de penser : le couple de cultivateurs a déjà perdu une enfant d’un mois….

À la ferme, les jours s'enchaînent au rythme des saisons et des travaux agricoles. Jour après jour, le soleil se lève sur des champs à labourer, des moissons à ramasser, et des bêtes à soigner et des sabots à sculpter. La vie, bien que rude, suit une routine familière, ponctuée par les repas pris en famille et les dimanches à l’église.

Mais à l’été 1914, tout bascule. L'écho d'une guerre qui semblait lointaine parvient jusqu'au village, et avec lui, l'incompréhension et l'effroi. Les cloches de l'église sonne, non plus pour la fête ou l’appel des fidèles, mais pour annoncer la mobilisation générale. Les hommes quittent les fermes, laissant derrière eux des terres à cultiver et des familles inquiètes.

Les travaux continuent pourtant, portés par les femmes, les anciens, et les plus jeunes à peine sortis de l’enfance, qui prennent le relais. Mais le silence des champs semble alourdi par l’absence des voix familières, et l’angoisse d’un futur incertain plane sur les foyers.

Les conditions de vie se sont durcies : les hommes partis au front ont laissé derrière eux des familles et des communautés dépeuplées et lourdement affectées.

Le Morvan, comme tant d'autres régions rurales, est fortement touché par cette terrible guerre, dont les Morvandiaux savent peu de choses. Les mauvaises nouvelles du front commencent à arriver et Marie Jeanne n’y survit pas : les restrictions alimentaires, le manque de main-d'œuvre, la fatigue des travaux agricoles et les responsabilités domestiques, l’absence de ressources, le chagrin causé par les pertes humaines, l’incertitude du lendemain ont eu raison de son énergie.

Le 2 février 1915, Claude s’est retrouvé seul, démuni, sans Marie Jeanne.

A 77 ans, Claude a laissé son fils gérer la ferme et les champs ; il décide de rejoindre sa fille Reine sur Paris, au 6 rue Eginhard.


Cette petite rue au cœur du Marais, a longtemps appartenu aux Sœurs de Sainte Anastase, dont l’hôpital de Saint-Gervais était réputé pour l’asile de nuit ; aujourd’hui, on parlerait d’hébergement d’urgence.

Cette petite rue en coude (photo ci-contre) a logé la famille Beaujon durant quelques années…. Un joli passage qui devait être à l’époque un coupe-gorges….


Nous sommes en 1935 ; le chômage est élevé et de nombreux parisiens travaillent dans des emplois précaires ; Reine BEAUJON – veuve GIRARD – travaille à l’usine, comme mécanicienne, puis caoutchouteuse ; elle ne refuse aucune tâche.

Des grèves, organisées par les syndicats, éclatent un peu partout : les ouvriers et les employés revendiquent de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés ; les Parisiens aiment se retrouver dans les cafés pour discuter et débattre de politique. Car la France est encore en pleine dépression économique.

Claude a 90 ans ; tout ce monde fou autour de lui le bouleverse : les tramways et les autobus toujours plus nombreux dans la capitale, les voitures de plus en plus rapides. Quel décalage, quel changement avec son cher Morvan traditionnel, tout va beaucoup trop vite. Les gens s’agitent autour de lui ; il s’enfonce peu à peu dans la confusion….

Sa fille Reine est obligée de le faire hospitaliser à l’Hôtel-Dieu, où il s’éteint le 10 mai 1935.

Dehors, la colère gronde, les manifestations sociales s’organisent et le Front Populaire exhorte la foule par ses réformes politiques.

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Pour en savoir plus :

Galerie photos de Gouloux (Nièvre)

Le domaine de Metz-Roblin à Gouloux

La saboterie de Gouloux

Le sabot, tradition et savoir-faire du Morvan - Météo à la carte

Guerre de 1870 : nos ancêtres et la Garde Nationale

Garde mobile de la Nièvre (Gallica)

Gouloux (Wikipedia)

La saboterie Marchand (le site)

Saboterie de Gouloux | Patrimoine du Morvan

Les Moulins du Gouloux

Académie du Morvan : [bulletin] / dir. publ. Marcel Vigreux | 1979 | Gallica

eulglod.fr/Morvan/les_sabotiers_2300.htm

Banc de SABOTIER | Patrimoine du Morvan

Sabots| Patrimoine du Morvan

Sabotier 2 : tarière, cuiller, boutoir, ruine, râpe.

Le sabotier - Musée de Bouray

Visite de l’Atelier du sabotier |

Quand le bois du Morvan se transforme en sabots d'antan - Le Journal duCentre