Pour une recherche dans les Landes, s'intéresser au territoire, c'est s'ouvrir à une multitude d'indices qui ne se trouvent pas dans les actes d'état civil. Ce qui vaut pour les Landes, est également vrai pour l’Alsace, le Nord, la Bretagne…..
Les Landes, c'est un vaste territoire, marqué par les forêts de pins, les zones marécageuses et la proximité de l'océan. La géographie a profondément influencé les modes de vie et les déplacements des habitants. S'informer sur les voies de communication, les grandes propriétés, les hameaux isolés ou les villages littoraux peut vous aider à comprendre pourquoi vos ancêtres ont migré (ou non) et où il est le plus pertinent de chercher.
Chaque village, chaque canton a sa propre histoire. Des épidémies, des guerres, des famines, des catastrophes naturelles (comme les incendies de forêt), mais aussi le développement de l'industrie du gemmage ou l'arrivée du chemin de fer, sont autant d'événements qui ont marqué les populations et qui peuvent expliquer un acte de décès groupé, une migration subite ou un changement de profession.
Dans les Landes, comme dans beaucoup d'autres régions, les noms de famille peuvent être très spécifiques ou, à l'inverse, très répandus. De même, la toponymie (les noms de lieux) a ses propres règles et ses particularités. Se familiariser avec ces spécificités peut éviter des confusions et orienter vers les bonnes sources.
Alors, avant de me lancer dans la traque d'un ancêtre landais, j’ai pris le temps de découvrir son territoire, un territoire totalement inconnu pour moi. J’ai recherché des cartes anciennes, des ouvrages d'histoire locale ; bref, je me suis imprégnée de la culture de la région.
Et je n'ai pas été déçue du voyage....
Car il s’agit bien d’un voyage….
J'ai vécu un moment à la fois simple et profondément émouvant. En écoutant une femme gasconne parler, j'ai été submergée par un sentiment de familiarité. Ses intonations, les tournures de phrases, le rythme de sa voix, cette façon de rouler les « r » ... C'était comme si j'entendais ma propre grand-mère maternelle, partie il y a tant d'années.
C'est fascinant de voir à quel point les sons, les accents et les particularités du langage peuvent être ancrés en nous, même après des décennies. En généalogie, nous recherchons des noms, des dates et des lieux. Nous essayons de reconstituer des vies. Mais parfois, c'est un simple détail sensoriel, une voix, une odeur, qui nous reconnecte de manière si puissante et si intime à notre passé.
C'est un rappel que nos ancêtres ne sont pas que des lignes sur un arbre généalogique. Ils nous ont laissé des héritages vivants, parfois inconscients, comme ces intonations qui se transmettent de génération en génération. Et aujourd'hui, cette voix m'a fait un cadeau précieux : le souvenir ému et vibrant de ma grand-mère Marguerite.
Et puis, j’ai découvert un artiste : Felix Renaudin, dont j’ignorai l’existence jusqu’alors. Il m’a permis de voir les Landes avant qu’elles ne disparaissent sous les pins plantés par la loi de 1857.
Félix Arnaudin incarne une figure singulière : poète, ethnographe, photographe, rêveur solitaire, surnommé Lou Pèc (le niais) par ses contemporains, mais reconnu aujourd’hui comme un visionnaire qui a su capter l’âme d’un territoire en voie de disparition…. Pour mon plus grand bonheur.
En parallèle de son œuvre photographique, il a recueilli des contes, proverbes, chants populaires et mots en gascon. Il publia quelques ouvrages de son vivant, comme :
Contes populaires recueillis dans la Grande-Lande (1887)
Chants populaires de la Grande-Lande (1912)
Mais l’essentiel de son travail — des milliers de pages manuscrites et plus de 3 000 plaques photographiques — n’a été redécouvert qu’à partir des années 1960.
Sa maison à Labouheyre est aujourd’hui la Maison de la photographie des Landes, un espace d’exposition dédié à son œuvre et un lieu de mémoire.
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Pour en savoir plus :
Félix Arnaudin (1844-1921) : sa vie, son œuvre
Félix Arnaudin et la Grande-Lande | Ministère de la Culture
Félix Arnaudin, témoin des Landes avant la forêt - Rue89Bordeaux