samedi 15 mars 2025

Monographie de commune : DRAVEIL (1/2)

Sur maintenant 6 générations, la famille BRY a navigué entre Vigneux sur Seine et Draveil. J’aime gentiment me moquer des ancêtres de mon mari en précisant qu’ils étaient de « grands voyageurs ».

Rien à voir avec ceux de ma mère, qui venaient du Nord – et de la Belgique - ou bien des Landes, et ceux de mon père qui ont émigré d’Alsace, en passant par la Champagne !

Je connais bien la région pour y demeurer depuis près de 30 ans : j’habite Draveil et je gère une association sur Vigneux.

Les monographies de communes essonniennes ont été rédigées dès 1898. Ces documents ont été produits à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1900, où le Ministère de l’Instruction publique avait demandé à chaque instituteur de rédiger une monographie sur sa commune. Les 184 monographies communales concernant l’Essonne sont un jalon important pour l’histoire communale de la région. J’ai donc retrouvé la monographie de Draveil sur le site des Archives départementales de l’Essonne.

J’ai lu avec un grand intérêt la monographie de la commune de Draveil, recherchant au cours de cette lecture, des traces du passage de la famille BRY.

Cette monographie a été rédigée par l’instituteur monsieur MARTIN, qui résidait avec sa famille, rue des Ecoles, à Draveil ; cette rue est aujourd'hui connue sous le nom de rue du Docteur Débordes, un changement de nom pour honorer le Dr Débordes, maire de Draveil du 17 mai 1929 au 21 janvier 1933. 

L'école élémentaire Jean Jaurès est considérée comme l'une des plus anciennes écoles de Draveil. Elle remonte à 1753, où elle est mentionnée dans les archives municipales. L'école a été reconstruite en 1757 sur le même emplacement par l'architecte Claude-Louis d'Aviler. L'école est située au 13, tandis que la famille BRY a longtemps habité au 14.

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Draveil est une petite commune délimitée à l’ouest par la rive droite de la Seine et à l’est par la forêt de Sénart ; elle appartient à l’arrondissement de Corbeil et au canton de Boissy Saint Léger.

En 1899, la population était de 2329 habitants, dont près de la moitié réside dans le Bourg ; le reste s’éparpille entre les différents hameaux : Mainville, Champrosay, l’Ermitage, les Mousseaux et La Villa.

Il n’y a pas d’autre cours d’eau important, si ce n’est le petit rû de l’Oly qui sépare les communes de Draveil et Montgeron, et ce, sur une longueur de 1400 mètres.

Le sol est marécageux aux abords de la Seine, tout particulièrement du côté de Juvisy et d’Athis Mons ; plus haut dans la ville, à Mainville notamment, les terres sont argileuses.

Le climat est plutôt brumeux en automne, sec et chaud au printemps. L’hiver est souvent froid et rigoureux.

Le Bourg est le centre commerçant ; les maisons blanches à un ou deux étages s’alignent le long de la route qui mène à Corbeil ; on y voit trois châteaux : Draveil, Villiers et Les Mousseaux.

Le hameau de La Villa-Draveil se situe à gauche en quittant le Bourg, pour descendre vers la Seine. La construction du Pont de Draveil met ce hameau à 5 minutes de la gare de Juvisy.

Champrosay est le quartier aristocratique par excellence ; morne et désert l’hiver, il est animé l’été par une société brillante : Alphonse Daudet (1840 – 1897) y résidait ; son ami Edmond de Goncourt y est décédé le 16 juillet 1896.

Le hameau de Mainville et bâti tout près de la forêt de Sénart ; il est habité par une population plutôt agricole et presque indépendante de Draveil ; elle a sa chapelle et son école. D’anciennes familles y résident depuis plus de deux cents ans, s’énorgueillant de transmettre leurs terres de pères en fils. Le Château des Bergeries est rattaché à ce quartier.

Sur l’unique route qui traverse la forêt de Sénart de Mainville à Champrosay, il existe un écart de quelques maisons : l’Ermitage.

Notre-Dame-de-Consolation de Draveil est un ancien ermitage fondé, selon la légende, par Saint-Louis ou par un de ses seigneurs repentis. De l’ancien couvent, il ne reste presque plus rien ; ses pierres ont servi à la construction de deux restaurants pour les « excursionnistes » en mal de verdure. A côté, se dresse une maison de garde et une demeure plus bourgeoise, ayant accueilli le photographe Nadar de 1887 à 1894.

Draveil est traversé par de nombreux chemins vicinaux et par la route départementale de Villeneuve Saint Georges à Corbeil. La Seine relit la commune à la capitale, sillonnée de trains de bois et de bateaux de plaisance.

Auparavant, pour traverser la Seine, il fallait prendre un bateau soit par le Pont de Ris à Champrosay, soit par Vigneux.

Pour le transfert des lettres et des dépêches, Draveil a son bureau de poste et son bureau télégraphique.

Draveil est desservie par 3 gares :

  • Ris Orangis, la ligne de Montargis

  • Vigneux, la ligne Corbeil-Paris

  • et Juvisy, les lignes Orléans-Montargis et Grande Ceinture.

Des omnibus font la navette entre le bourg de Draveil (centre) et la gare de Juvisy.

Dans la forêt de Sénart, s’élève le vétéran Chêne d’Antin ; la tradition le fait remonter à 1350 ; il mesure 7m de circonférence à sa base. Un autre monstre – selon les dires de l’abbé Lebeuf – le chène Prieur daterait de 1757 ; son nom aurait été donné par Benigne Billery, qui avait reçu en 1496, l’habit d’ermite du Prieur des Chartreux Billecoq.

Sur les 1580 ha de la commune :

  • la forêt en couvre 450 dont 350 appartiennent à l’État

  • 685 ha sont des terres labourables : froment, seigle, orge, avoine, pommes de terre et diverses racines comme les betteraves et les carottes

  • 30 ha sont des prairies naturelles, des herbages en pâturage

  • 30 ha des vignes

  • 30 ha des vergers : cerisiers, pruniers, pêchers, poiriers et pommiers

  • et 205 ha de jardins ou de parcs de plaisance.

A Draveil, l’élevage n’est pas pratiqué ; les animaux présents sont achetés à l’âge adulte.

Au 1er janvier 1899, il existait 160 chevaux, 10 ânes, 6 bœufs de travail, 60 vaches, 400 brebis, moutons ou agneaux, 20 porcs et 10 chèvres.

Les volailles réparties sur les 3 à 4 fermes les plus importantes forme un chiffre de 6 à 7000 têtes.

Quant au gibier, si les lapins pullulent à la lisière des bois, lièvres, chevreuils et cerfs sont peu nombreux ; les sangliers se rencontrent rarement. Les faisans sont l’objet d’un élevage important dans les faisanderies ; par contre, perdrix, cailles et alouettes sont en quantité moindre.

La pêche sur les bords de la Seine est considérée uniquement comme un loisir.

Les corbeaux, animaux nuisibles, causent beaucoup de tort aux cultivateurs ; les hannetons et les lapins de garenne sont également un véritable fléau pour les cultures.

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Les carrières

Du côté de Champrosay, sur les bords de Seine, il existe les fouilles, sorte de carrières dont on extrait du sable et des cailloux.

Un grand nombre d’ouvriers participent à ses extractions, au moyen de dragues et d’excavateurs ; les matériaux extraits sont ensuite acheminés sur Paris.

Les pierres meulières sont extraites des carrières creusées dans la forêt de Sénart, et servent à la construction et à l’entretien des routes.

A la Villa-Draveil, une fabrique de vernis à alcool emploie une dizaine d’ouvriers ; plusieurs blanchisseries sont établies soit dans le Bourg, soit sur des bateaux au bord de la Seine.

Les carrières (nommées également « les Fouilles », « les Sablières ») ont une importance capitale dans le quotidien de la famille BRY, car pourvoyeuses d’emplois à long terme.

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