Chaque arbre est un récit évolutif ; chaque découverte est une pièce du puzzle. Adapter les paramètres, c’est donner à chaque pièce la place qu’elle mérite pour que l’ensemble raconte une histoire cohérente, lisible et fidèle.
Mais comment adapter les paramètres dans GENEATIQUE face à une situation inhabituelle comme un mariage très précoce — elle a 13 ans, lui 18 — ce qui peut survenir dans certaines branches anciennes ou dans des contextes historiques particuliers.
Dans un article précédent, j’ai évoqué ce mariage entre Jeanne et Jean, un cas pas si isolé que cela dans mon arbre….
Bien évidemment, un ENORME point d’interrogation rouge s’est affiché pour me prévenir d’une incohérence. J’avais précédemment renseigné les paramètres – Préférences / Contrôle de cohérence – mais il semble que les seuils d’alerte étaient insuffisants.
Je vais devoir adapter les paramètres, alors réfléchissons un peu ensemble :
1. L’âge du père : au regard de la loi révolutionnaire de 1792, les garçons peuvent se marier légalement à 15 ans révolus, mais durant l’Ancien Régime, c’était 14 ans,
2. L’âge de la mère : au regard de cette même loi, les filles peuvent être mariées à 13 ans révolus, mais durant l’Ancien Régime, c’était 12 ans,
3. L’intervalle entre deux naissances : un intervalle inférieur à 9 mois entre deux naissances est souvent signalé comme une incohérence ; 9 mois est le minimum requis si la femme tombe enceinte immédiatement après un accouchement – c’est souvent ce que l’on appelle « retour de couche » - mais elle peut également soit avoir un enfant réellement prématuré – pas trop non plus car non viable autrefois – ou bien mettre au monde des jumeaux. GENEATIQUE a mentionné 210 jours, ce qui correspond à 7 mois, ça me semble bien correct,
4. le père décède au plus X jours avant la naissance de l’enfant : quand un père meurt avant la naissance, on cherche surtout à savoir si la paternité reste plausible et comment le noter proprement dans l’arbre ; aussi, je laisserai les « 270 jours » initialement prévus par le logiciel.
En généalogie, on retient la présomption de paternité jusqu’à environ 300 jours après le décès du mari. En-deçà, l’enfant est dit « posthume » et la filiation reste plausible ; au-delà, on vérifie une erreur de date ou un cas particulier ; une gestation normale couvre environ 280 jours (ou 40 semaines d’aménorrhées).
Les 300 jours offrent une trop grande marge ; il ne faudra pas hésiter à détecter des incohérences chronologiques pour mieux comprendre les stratégies familiales (espacement volontaire, décès d’un enfant, remariage…) en croisant les sources, mais nous savons déjà tous faire ça !
5. L’âge au mariage révèle à quel point le mariage est un miroir des sociétés à travers les siècles :
6. La différence d’âge maximum entre les conjoints
Sous l’Ancien Régime, si les femmes se mariaient plus jeunes (souvent entre 18 et 25 ans) pour des raison de fécondité et de dot, les hommes le faisaient plus tardivement (vers 28–30 ans), une fois leur situation établie.
Dans les milieux nobles ou bourgeois, il n’était pas rare de voir des écarts de 15 à 20 ans, surtout si le mari était veuf ou notable.
Au 19ème siècle, les écarts de 5 à 7 ans sont fréquents, mais les mariages avec plus de 10 ans d’écart deviennent moins courants, sauf en cas de remariage.
Par conséquent, une différence d’âge supérieure à 15 ans peut signaler :
Un remariage (veuf/veuve)
Une erreur de date dans les actes – et oui, nul n’est infaillible !
Une union stratégique (dot, alliance, statut social), donc une belle opportunité de récit….
7. l’âge maximum au décès
Au 18ème siècle et avant, l’espérance de vie à la naissance était d’environ 25 ans, mais ceux qui atteignaient 20 ans pouvaient vivre jusqu’à 55–60 ans en moyenne.
Au 19ème siècle, les femmes mouraient souvent en couches, les hommes de maladies infectieuses ou d’accidents. L’espérance de vie était d’environ 40 ans vers 1850 ; les centenaires existaient, mais étaient rarissimes et la majorité des adultes mouraient entre 50 et 70 ans.
J’ai alors commencé à changer toutes les valeurs de contrôle….
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Et puis la nuit portant conseil, je me suis réveillée un matin en me disant que peut-être ce n’était pas une bonne idée de changer les valeurs du contrôle de cohérence ; il est vrai que les valeurs contenues par défaut et réfléchies par des généalogistes avertis m’informent d’erreurs ou d’incohérences qui n’en sont pas au regard de l’histoire de ma généalogie. Car GENEATIQUE est performant et dispose d’un système de contrôle de cohérence qui peut masquer certaines incohérences si les paramètres sont trop restrictifs ou trop ciblés.
Je veux que mon arbre soit juste, mais je veux aussi qu’il respecte la réalité historique sans que le logiciel m’impose des normes modernes.
Par exemple, je n’aurais pas pu écrire sur un mariage précoce au vu de valeurs trop larges, franchement, c’eut été dommage !
Ce qui m’intéresse en généalogie, c’est aussi de mettre en valeur les particularités de ma lignée et de faciliter la transmission de ces informations au plus grand nombre.
Voici les valeurs que j’ai inscrites pour les deux tableaux de saisie :
Si les seuils d’âge ou les marges d’erreur sont réglés de manière trop stricte (par exemple, âge minimum au mariage ou à la naissance), certaines incohérences ne seront plus détectées car elles ne rentrent plus dans les critères d’analyse.
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Pour en savoir plus :
À quel âge mouraient nos ancêtres ? | Cairn.info
De quoi mourait-on, avant ? Et à quel âge ? | La vie au XIXe siècle