mardi 2 septembre 2025

Le paramétrage de Généatique : une étape clé pour un arbre cohérent (2/2)

Chaque arbre est un récit évolutif ; chaque découverte est une pièce du puzzle. Adapter les paramètres, c’est donner à chaque pièce la place qu’elle mérite pour que l’ensemble raconte une histoire cohérente, lisible et fidèle.

Mais comment adapter les paramètres dans GENEATIQUE face à une situation inhabituelle comme un mariage très précoce — elle a 13 ans, lui 18 — ce qui peut survenir dans certaines branches anciennes ou dans des contextes historiques particuliers.

Dans un article précédent, j’ai évoqué ce mariage entre Jeanne et Jean, un cas pas si isolé que cela dans mon arbre….

Bien évidemment, un ENORME point d’interrogation rouge s’est affiché pour me prévenir d’une incohérence. J’avais précédemment renseigné les paramètres – Préférences / Contrôle de cohérence – mais il semble que les seuils d’alerte étaient insuffisants.

Je vais devoir adapter les paramètres, alors réfléchissons un peu ensemble :

1. L’âge du père : au regard de la loi révolutionnaire de 1792, les garçons peuvent se marier légalement à 15 ans révolus, mais durant l’Ancien Régime, c’était 14 ans,

2. L’âge de la mère : au regard de cette même loi, les filles peuvent être mariées à 13 ans révolus, mais durant l’Ancien Régime, c’était 12 ans,

3. L’intervalle entre deux naissances : un intervalle inférieur à 9 mois entre deux naissances est souvent signalé comme une incohérence ; 9 mois est le minimum requis si la femme tombe enceinte immédiatement après un accouchement – c’est souvent ce que l’on appelle « retour de couche » - mais elle peut également soit avoir un enfant réellement prématuré – pas trop non plus car non viable autrefois – ou bien mettre au monde des jumeaux. GENEATIQUE a mentionné 210 jours, ce qui correspond à 7 mois, ça me semble bien correct,

4. le père décède au plus X jours avant la naissance de l’enfant : quand un père meurt avant la naissance, on cherche surtout à savoir si la paternité reste plausible et comment le noter proprement dans l’arbre ; aussi, je laisserai les « 270 jours » initialement prévus par le logiciel.

En généalogie, on retient la présomption de paternité jusqu’à environ 300 jours après le décès du mari. En-deçà, l’enfant est dit « posthume » et la filiation reste plausible ; au-delà, on vérifie une erreur de date ou un cas particulier ; une gestation normale couvre environ 280 jours (ou 40 semaines d’aménorrhées).

Les 300 jours offrent une trop grande marge ; il ne faudra pas hésiter à détecter des incohérences chronologiques pour mieux comprendre les stratégies familiales (espacement volontaire, décès d’un enfant, remariage…) en croisant les sources, mais nous savons déjà tous faire ça !

5. L’âge au mariage révèle à quel point le mariage est un miroir des sociétés à travers les siècles :

6. La différence d’âge maximum entre les conjoints

Sous l’Ancien Régime, si les femmes se mariaient plus jeunes (souvent entre 18 et 25 ans) pour des raison de fécondité et de dot, les hommes le faisaient plus tardivement (vers 28–30 ans), une fois leur situation établie.

Dans les milieux nobles ou bourgeois, il n’était pas rare de voir des écarts de 15 à 20 ans, surtout si le mari était veuf ou notable.

Au 19ème siècle, les écarts de 5 à 7 ans sont fréquents, mais les mariages avec plus de 10 ans d’écart deviennent moins courants, sauf en cas de remariage.

Par conséquent, une différence d’âge supérieure à 15 ans peut signaler :

  • Un remariage (veuf/veuve)

  • Une erreur de date dans les actes – et oui, nul n’est infaillible !

  • Une union stratégique (dot, alliance, statut social), donc une belle opportunité de récit….

7. l’âge maximum au décès

Au 18ème siècle et avant, l’espérance de vie à la naissance était d’environ 25 ans, mais ceux qui atteignaient 20 ans pouvaient vivre jusqu’à 55–60 ans en moyenne.

Au 19ème siècle, les femmes mouraient souvent en couches, les hommes de maladies infectieuses ou d’accidents. L’espérance de vie était d’environ 40 ans vers 1850 ; les centenaires existaient, mais étaient rarissimes et la majorité des adultes mouraient entre 50 et 70 ans.

J’ai alors commencé à changer toutes les valeurs de contrôle….

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Et puis la nuit portant conseil, je me suis réveillée un matin en me disant que peut-être ce n’était pas une bonne idée de changer les valeurs du contrôle de cohérence ; il est vrai que les valeurs contenues par défaut et réfléchies par des généalogistes avertis m’informent d’erreurs ou d’incohérences qui n’en sont pas au regard de l’histoire de ma généalogie. Car GENEATIQUE est performant et dispose d’un système de contrôle de cohérence qui peut masquer certaines incohérences si les paramètres sont trop restrictifs ou trop ciblés.

Je veux que mon arbre soit juste, mais je veux aussi qu’il respecte la réalité historique sans que le logiciel m’impose des normes modernes.

Par exemple, je n’aurais pas pu écrire sur un mariage précoce au vu de valeurs trop larges, franchement, c’eut été dommage !

Ce qui m’intéresse en généalogie, c’est aussi de mettre en valeur les particularités de ma lignée et de faciliter la transmission de ces informations au plus grand nombre.

Voici les valeurs que j’ai inscrites pour les deux tableaux de saisie :

Si les seuils d’âge ou les marges d’erreur sont réglés de manière trop stricte (par exemple, âge minimum au mariage ou à la naissance), certaines incohérences ne seront plus détectées car elles ne rentrent plus dans les critères d’analyse.

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Pour en savoir plus :

Enfant à naître, conçu, posthume : la filiation entre droit et biologie (France XVIIe-XVIIIe siècles) | Cairn.info

À quel âge mouraient nos ancêtres ? | Cairn.info

De quoi mourait-on, avant ? Et à quel âge ? | La vie au XIXe siècle

Entre coutume et nécessité

Voici un mariage très précoce : lui est âgé de 18 ans et elle, n’a que 13 ans.

Nous sommes en 1801, la France est encore marquée par les usages de l’Ancien Régime, même si elle entre dans l’ère napoléonienne. Le mariage n’est pas seulement une affaire de sentiments : c’est avant tout un acte social, économique, familial, presque toujours décidé par les parents.

À cette époque d’ailleurs, les parents ont un droit légal et moral sur le choix du conjoint de leurs enfants.

Rappelons notamment, qu’il est souvent énoncé que « le mari avait droit de vie ou de mort sur son épouse », alors que dire des enfants !

Mais ce n’est pas tout-à-fait juste : le mari n’avait pas un droit légal explicite de vie et de mort sur sa femme, mais les normes sociales et judiciaires lui accordaient une autorité telle que certains actes violents pouvaient être minimisés voire justifiés. La femme était perçue comme naturellement inférieure tant sur le plan physique, intellectuel que moral. La jeune fille passait de l’autorité du père à celle de son mari, sans autonomie juridique véritable ; elle était jugée incapable de discernement, donc moins responsable… sauf lorsqu’il s’agissait de la punir pour des écarts de conduite.

Le Code civil de 1804, le très célèbre Code Napoléon, est souvent présenté comme une avancée juridique majeure… mais pour les femmes, il a surtout été un retour en arrière en matière de droits et d’autonomie : soumission légale au mari (lui doit obéissance, et ne peut agir sans son consentement), incapacité juridique ( ne peut signer un contrat, ni gérer ses biens, et encore moins exercer une profession sans son autorisation), autorité paternelle renforcée (le père décide légalement de l’éducation, du mariage, et même du sort des enfants), inégalité devant l’adultère. Et oui, si l’adultère féminin est sévèrement puni par une incarcération, voire un enfermement dans un couvent, l’adultère masculin ne sera sanctionné que s’il est public ou s’il a lieu au domicile conjugal !

Nous ne sommes qu’en 1801 mais les pratiques du Code Napoléonien sont déjà en place et pour de nombreux siècles…..

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Avant le Code civil, les règles du mariage en France sont principalement régies par des coutumes locales et par le droit canonique, c’est-à-dire celui de l’Église catholique ; le mariage était une « affaire » très sérieuse et « arrangé » pour consolider des alliances familiales, transmettre des terres, ou assurer une stabilité économique. Ah j’oubliais l’incontournable loi révolutionnaire du 20 septembre 1792 !

Mais le mariage est avant tout un sacrement religieux et indissoluble une fois consommé ; le curé joue d’ailleurs un rôle central dans l’enregistrement et la célébration de cette cérémonie.

Revenons à nos deux jeunes futurs : bien que Jean n’ait que 18 ans, il est considéré comme apte à fonder un foyer, surtout s’il a un métier ou hérite d’une exploitation agricole. Jeanne a 13 ans, et bien que très jeune selon nos standards actuels, peut être mariée si elle est jugée pubère et « apte » à tenir un ménage. Mais cela ne signifie pas forcément qu’elle vivra immédiatement avec son époux : parfois, la cohabitation était différée. Mais gardons-nous bien de juger ce mariage et n’oublions jamais le contexte socio-historique de nos familles ; cette union reflète une époque aux valeurs et aux contraintes bien éloignées des nôtres.

Car ces mariages précoces étaient moins rares qu’on ne l’imagine, surtout si les familles cherchaient à stabiliser une situation économique ou sociale. Les rythmes de vie étaient accélérés : on devenait adulte plus tôt, on travaillait très jeune, et on se mariait trop jeune.

Le mariage est donc enregistré par l’officier d’état civil, avec mention explicite du consentement des parents entre :

  • Jean BAROIN, 18 ans, né à Chissey en Morvan le 10/07/1782, au hameau de Valouze, fils mineure de Jean, propriétaire, et de Claudine RICHARD, alors décédée,

  • et Jeanne CHARLOT, née à Cussy - une commune voisine – le 19/10/1787, demeurant au hameau de Ruisselle, sur la commune de Chissey en Morvan, fille mineure de Jean, propriétaire, et de Reine PATRUX.

« Les dits futurs procédant de l’autorité et du consentement de leur père et mère » sont unis par les liens du mariage et ceci, même si aucun des témoins présents à la cérémonie ne sait signer.

Ce mariage, bien que surprenant aujourd’hui, s’inscrit dans une logique sociale de l’époque où l’individu était souvent subordonné à la volonté familiale. L’amour n’était pas toujours au cœur de l’union — il pouvait venir plus tard, ou rester absent. Ce qui comptait, c’était l’équilibre entre familles, la transmission des biens, et la stabilité du foyer.

Donc, ce 8 janvier 1801, dans le petit village de Chissey-en-Morvan, alors encore imprégné des traditions rurales de l’Ancien Régime, deux jeunes gens se sont unis devant Dieu et la République : Jean BAROIN, âgé de 18 ans, et Jeanne CHARLOT, tout juste 13 ans.

Ce n’était pas un mariage d’amour tel qu’on l’imagine aujourd’hui, mais plutôt une alliance entre familles, une promesse d’avenir dans un monde où la terre, le travail et la stabilité comptent plus que les sentiments. Jean, jeune homme robuste, déjà engagé dans les travaux agricoles auprès de son père, est en âge de prendre femme et de bâtir son propre foyer. Il n’a presque pas connu sa mère, décédée à ses trois ans ; c’est sa belle-mère Lazarette GUENOT qui occupe depuis longtemps le lit auprès de son père.

Avec Claudine RICHARD, Jean BAROIN, le père, a eu 7 enfants :

  • Antoinette, née en 1773

  • Claudine, née en 1774

  • Lazarette, née en 1775

  • Sébastienne, née en 1777, décédée à l’âge de 4 ans

  • Jean, né en 1780, décédé à 8 mois

  • Jean, qui épousera Jeanne (mes SOSA 88 et 89)

  • Pierre, né en 1785, décédé à 5 mois ;

Claudine RICHARD décède le 21 octobre 1785, soit 5 jours après la naissance de son dernier-né Pierre. Jean BAROIN, le père, se retrouve veuf avec 3 filles âgées respectivement de 12, 11 et 10 ans, et son seul et unique fils, Jean, 5 ans. Le 7 février 1786, il prend donc pour épouse Lazarette GUENOT ; Jean a déjà 41 ans ; le nouveau couple aura 3 enfants : Reine, décédée à un an, Jean décédé à 4 ans et Françoise ne vivra qu’une petite année, quelques mois seulement après le décès de sa mère….

Jeanne, 13 ans, adolescente selon nos critères modernes, est considérée comme prête à devenir maîtresse de maison, à apprendre les gestes du quotidien, à se préparer à la maternité.

Peut-être que Jean et Jeanne ne se connaissaient que peu avant ce jour. Peut-être qu’ils avaient échangé des regards furtifs lors d’une foire ou d’une messe. Ou peut-être que leurs parents avaient tout décidé, dans l’espoir de renforcer les liens entre deux lignées locales. Ce qui est certain, c’est que leur union reflète une époque où l’individu s’effaçait souvent derrière les besoins du clan, où l’avenir se construisait jeune, et où l’amour — s’il venait — arrivait après le devoir. Une bien triste époque….

Ce mariage, aujourd’hui étonnant, nous rappelle combien les temps ont changé. Mais il témoigne aussi de la force des racines, de la résilience des familles, et du courage silencieux de ceux qui ont bâti notre histoire.

Mariage arrangé ou stratégique, il pourrait avoir été contracté pour des raisons patrimoniales ou sociales, sans intention immédiate de cohabitation ou de procréation ; les époux ont peut-être vécu séparément pendant quelques années après le mariage, d’autant plus que Jeanne sortait de l’enfance.

Peut-être que, derrière cette alliance précoce, se cache une histoire plus profonde — celle d’un père brisé, et d’un fils qu’il veut ancrer dans la vie.

Le père de Jean, veuf à plusieurs reprises, a vu s’éteindre femmes et enfants, emportés par les fièvres, les accouchements ou les hivers trop rudes. Dans ce monde rural où la famille est le pilier de la survie, chaque perte est une fracture. Alors, quand Jean atteint l’âge de raison, son père décide : il faut reconstruire, il faut transmettre, il faut que la lignée tienne.

Jeanne, jeune mais robuste, issue d’une famille voisine, devient l’élue. Le mariage est célébré, sobre et silencieux, comme une promesse faite au passé. Pourtant, les premières années sont sans enfant. Jeanne grandit, mûrit, et ce n’est qu’en 1807, à dix-neuf ans, qu’elle donne naissance à leur premier enfant. Un délai qui parle : peut-être d’un corps trop jeune, peut-être d’une attente tacite, peut-être d’un respect discret entre deux êtres liés trop tôt.

Ce couple, né dans la douleur d’un père endeuillé, traversera les décennies. Et dans les registres, entre les lignes des actes, on devine une résilience : celle d’une famille qui, malgré les pertes, choisit de croire en l’avenir.

Et n’allez pas me dire que c’est une histoire de « ruralité »…. Car à Paris, c’est la même chose !

Pour preuve, Athalie Marie BELLANGER, troisième épouse de mon SOSA 8, a eu son premier enfant à 14 ans….

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Pour en savoir plus :

Loi qui détermine le mode de constater l'état civil des citoyens. Du 20septembre 1792, l'an quatrième de la liberté (livre numérique)

lundi 1 septembre 2025

Le paramétrage de Généatique : une étape clé pour un arbre cohérent (1/2)

Lorsque vous débutez votre généalogie avec GENEATIQUE, le paramétrage initial peut sembler une formalité technique. Pourtant, c’est une étape fondamentale : elle pose les bases de votre arbre, définit sa structure, son apparence, et la manière dont les informations seront organisées et affichées. Et puis, il est tout de même plus agréable de travailler sur un bel arbre, esthétique et « propre » de toute incohérence.

Toutefois, ce paramétrage n’est pas figé. Au fil de vos recherches, l’histoire de votre famille peut révéler des cas particuliers : enfants naturels, adoptions, remariages complexes, migrations inattendues… autant de situations qui nécessitent d’adapter vos réglages pour refléter fidèlement la réalité familiale.

Le paramétrage est donc un outil vivant, au service de votre récit familial : il évolue avec vous, au rythme de vos découvertes et des surprises que votre arbre vous réserve.

Adapter les paramètres de GENEATIQUE au fil des découvertes, c’est comme ajuster les lentilles d’un microscope : plus vous avancez, plus vous avez besoin de précision pour révéler les détails cachés de votre histoire familiale. Je m’explique….

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Au départ, lorsque l’on ouvre GENEATIQUE, il faut faire un choix entre « l’écran de saisie 1 » et « l’écran de saisie 2 » :

L’écran de saisie 1 est le modèle par défaut ; mais les deux écrans sont personnalisables ; ils diffèrent simplement par leur ergonomie et la disposition visuelle.

Les deux écrans de saisie contiennent les événements classiques (naissance, mariage, décès, profession, etc.), des événements spécifiques (divorce, résidence, baptême, décoration, etc.…) ; vous pouvez les adapter à vos besoins, ajouter, déplacer ou supprimer des rubriques.

Ils sont totalement modulables, au fil de l’avancée de votre arbre.

Attention ! N’oubliez pas de sauvegarder vos modifications (« OK »). Et si vous avez une configuration particulière de cet écran de saisie, il faudra la sauvegarder sous une appellation personnelle (« Enregistrer sous ») sinon, à la prochaine mise à jour logicielle les paramètres reprendront la configuration par défaut.

Au tout début, j’ai utilisé l’écran de saisie par défaut ; ce qui m’a permis de me familiariser avec une partie du logiciel. Certes, je suis joueuse, mais reste très prudente, mais j'ai tout de même choisi l'écran de saisie 2.

Vous pourriez également avoir besoin d’une rubrique qui n’existe pas : aucun problème, vous pouvez la créer !

Ensuite, j’ai voulu définir

  • l’écran de saisie 1 pour les femmes

  • l’écran de saisie 2 pour les hommes

et comme GENEATIQUE ne permet pas d’affecter automatiquement un écran en fonction du sexe de la personne affichée, je devais basculer d’un écran de saisie à l’autre : pas très pratique, il faut bien avouer !

En posant ce tableau, je me suis aperçue qu’il y avait peu d’évènement qui ne concernait que les femmes, puisque elles pouvaient avoir étudiées, avoir servies durant la guerre, et même reçues une décoration !

Donc, après réflexion, j’ai opté pour l’écran de saisie 2, plus aéré, plus lisible et organisé, et surtout plus complet et personnalisable à ravir.

Justement si j’ai ajouté de nombreuses rubriques, il en manque une essentielle à ma généalogie – et qui n’existe pas comme telle dans GENEATIQUE, c’est celle de la « participation à la Grande Guerre » ; je vais donc la créer : retour sur l’écran de saisie.

Tout en bas, à droite de mon écran je clique sur

  • « Ajouter une rubrique » et une nouvelle page s’affiche

  • puis « Créer une rubrique »

Maintenant, je n’ai plus qu’à saisir correctement toutes mes fiches…


Une énigme généalogique estivale

Pour garder vos neurones en éveil en cette période estivale, voici une nouvelle énigme généalogique à résoudre proposée par la RFG : trouvez, à partir des bans de mariage de Paul David Édouard MARQUÈS du LUC, en date du 24 mai 1874, le lieu où fut célébré ce mariage et les années de naissance, mariage et décès de Jean David, son sosa n° 12.

Date limite : 31 août 2025 (c’est la raison pour laquelle je ne publie que le 1er septembre)

Je vous invite donc à suivre le fil de ma réflexion  - en espérant que ce soit la bonne - alors que je tente de percer cette énigme ; le chemin est incertain, et je sais que je devrai relire fréquemment l'énoncé pour ne pas me laisser emporter par les méandres des détails. 

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1. Le nom de MARQUES DE LUC

La première question que je me pose est celle du patronyme : un nom à particule ou bien la ville de référence ?

Une simple recherche sur Google et j’apprends que « Luc » est une commune du Var et en allant sur le site des AD 83, je m’aperçois qu’il s’agit de la ville de « Le Luc ».

Information complémentaire et pas de moindres : ce nom est également associé à une lignée influente dans le Gard, notamment à travers Pierre Hippolyte Édouard Marquès du Luc, magistrat et fondateur en 1856 de la colonie pénitentiaire agricole du Luc (voir diverses références en fin d’article). Cette colonie était située plus précisément à Campestre-et-Luc dans le Gard, située au lieu-dit Le Luc ; elle se trouvait aux confins du plateau du Larzac et des Cévennes, dans un environnement rural et isolé — un choix stratégique pour limiter les évasions et favoriser le travail agricole comme outil de rééducation. Le domaine couvrait environ 1 200 hectares, principalement des pâturages et des terrains incultes. Autant dire un environnement qui n’incite pas au farniente et d’où il devait être compliqué de s’évader….

Donc notre investigation se situe à la fois dans le Var et le Gard. Du moins, je le crois….

2. Recherche sur les plateformes

Je lance la même recherche sur Geneanet et Filae : MARQUES / Var / 1850-1900 : rien

Je retourne toutefois sur Filae avec le département du Gard et là, bingo !

Sur l’acte de mariage de Paul David Édouard MARQUES du LUC avec Marie Pauline Antoinette ROUHER, je sais que le marié est né à Nîmes, qu’il est Substitut du Procureur Impérial à Montpellier et qu’il est le fils légitime et majeur de Pierre Hippolyte Édouard et de Françoise Louise ARNAUD ; mais cet acte date de 1868 et ne concerne pas l’énigme ; toutefois dans la base Léonore je retrouve son dossier de « légionnaire » et sa date de naissance : le 6 mai 1842 à Nîmes, information que je m’empresse de vérifier dans les archives départementales du Gard (AD 30 n°615 page 167/467) – qui gagneraient en efficacité si elles étaient plus ergonomiques et moins compliquées !

Toujours sur Filae, je retrouve…. Sa date de décès à Montpellier: le 2 juin 1874 (AD 30 n°710 page 121/380) ; et je m’empresse de rechercher l’acte dans les archives :

Or la même année, je trouve deux publications de mariage avec Adèle Marie Thérèse KÜHNHOLTZ-LORDAT :

Dans ces deux promesses de mariage, j’apprends que sa précédente épouse est décédée.

Il n’y a pas de 3ème publication puisque Jean David Edouard MARQUES du LUC est décédé avant.

Sa « promise » Adèle Marie Thérèse KUHNHOLTZ-LORDAT se mariera le 14 juilet 1875 à Montpellier avec Ernest MAURIND DE BRIGNAC (AD 34 n°247 page 129/300).

Par conséquent, il n’a été marié qu’une seule fois…. Mais là n’est pas le résultat de l’énigme… Je crois que je me suis « un peu » égarée….

3. A la recherche du SOSA 12

Si je reprends l’intitulé : on me demande qui est le Sosa 12 de Jean David Edouard MARQUES du LUC, c’est-à-dire qui est le père de son grand-père maternel ou bien encore quel est le nom de son arrière-grand-père, du côté maternel.

Maintenant que je connais sa filiation, côté maternel, il est aisé de remonter dans l’arbre :

  • l’acte de mariage de ses parents (AD 30 n°177 page 150/748) en date du 21 mai 1841 m’indique les noms et prénoms de ses grands parents maternels, à savoir David ARNAUD et Jeanne Louise Célestine LONDES, filiation confirmée par l’acte de naissance de sa mère Françoise Louise, née le 24 janvier 1819 à Nîmes ;

  • l’acte de mariage de ses grands-parents maternels (AC n°65 page 7/26) en date du 11 mars 1818 à Nîmes

Mais je me trouve en difficulté puisqu’il va me falloir lire les textes des actes paroissiaux du 18ème siècle.

L’Agrand-père maternel de Paul David Édouard est donc Jean David ARNAUD : reste à trouver sa date de naissance et celle de son décès. Marié à l’âge de 36ans, Jean David serait né vers 1782 ; je pars du postulat qu’il est originaire du Gard.

Je vais donc devoir contourner ce problème : si vous ne trouvez pas l'acte d’un arrière-grand-père, par exemple, concentrez-vous sur ses parents ; recherchez leurs actes de mariage, de décès, ou tout autre document qui pourrait mentionner leurs enfants. L'idée est de « sauter » la génération bloquée pour trouver des informations sur la génération précédente. Je me suis donc concentrée sur la génération du SOSA 24 et j’ai pu ainsi retrouver sur Généanet les dates de naissance et décès ainsi que les lieux ; reste ensuite à confirmer mes « trouvailles » par les actes !

Facile à dire mais pas facile à faire car je ne suis pas du tout familiarisée avec les archives du Gard…..

Sur GENEANET, j’ai pu retrouver la déclaration de mariage des parents de Jean David ARNAUD : Louis Antoine et Esperance BRUGUIERES se sont mariés le 18/04/1788 à Moussac, légitimant leurs 3 enfants nés de leur union : Antoinette Esperenza née le 30/09/1780, David né le 30/04/1782 et Félicité née le 20/07/1785 ( AD 30 BMS page 73/600).

Sur FILAE, j’ai récupéré l’acte de décès de Jean David ARNAUD (AD 30 n°1246 page 417/500) en date du 13/09/1826…. qui mentionne un décès en 1794 !

Me voici donc repartie dans des recherches complémentaires : qu’est-ce qu’un « fédéraliste » et que s’est-il passé en 1794 à Nîmes ?

Les fédéralistes  regroupent sous la Révolution française les Français qui se sont soulevés en province en réaction à l'élimination des Girondins le 2 juin 1793. Les insurrections fédéralistes - dans plusieurs villes : Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulon… et aussi Nîmes, où David ARNAUD vivait - provoquèrent le renforcement de la Terreur et du pouvoir central. Ils étaient des Girondins - ou leurs sympathisants - favorables à une autonomie des départements et à une République moins dominée par Paris ; ils s’opposaient aux Montagnards, qui prônaient une République centralisée, dirigée depuis la capitale.

En 1793, après l’élimination des Girondins de la Convention, les Montagnards ont instauré un gouvernement révolutionnaire et la Terreur : toute opposition était vue comme une menace à la République :

Les fédéralistes furent accusés de sédition, voire de complicité avec les royalistes, même si beaucoup d’entre eux étaient républicains.

Des tribunaux révolutionnaires furent mis en place pour juger rapidement les suspects et « purger » les villes rebelles par des exécutions massives.

David ARNAUD, en tant que « fédéraliste nîmois », a donc été pris dans cette vague de répression.

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Pour rappel, à partir des bans de mariage de Paul David Édouard MARQUÈS du LUC, en date du 24 mai 1874, il fallait trouver le lieu où fut célébré ce mariage et les années de naissance, mariage et décès de Jean David, son SOSA n° 12.  

  • Le lieu du mariage : le mariage dont les bans ont été publiés le 24 mai 1874 n’aura pas lieu puisque Paul David Édouard MARQUÈS du LUC est décédé le 2 juin de la même année

  • L'année de naissance de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1755

  • L'année de mariage de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1788

  • L'année de décès de Jean David ARNAUD (SOSA 12) : 1794

Ai-je résolu l’énigme ? Je le saurai au numéro 280 de La Revue française de Généalogie (daté octobre-novembre 2025) et sur internet. Quoiqu’il en soit, même si je n’ai pas trouvé – et je m’intéressai au texte de Monsieur BEAUCARNOT pour en suivre la démarche – j’aurai essayé et mes neurones auront « un peu » fonctionné durant l’été…. Histoire de ne pas perdre la main !

Je vous invite à lire les textes ci-dessous – abondants et variés - et à faire des recherches autour de cette période, dans votre généalogie.

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Pour en savoir plus :

Enfants en justice

Chapitre Les graffitis de la colonie pénitentiaire et agricole du Luc(Campestre-et-Luc, Gard) | Criminocorpus

La Colonie agricole du Luc dans le Gard: Un dessein philanthropique àl'épreuve de la réalité politico-administrative (1856-1929) ·XIXe siècle en mémoires

Recherche- Base de données Léonore

Pierre Hippolyte Édouard MARQUÈS du LUC : généalogie par nick38 -Geneanet

La colonie agricole et pénitentiaire du Luc. (Cellules) | Baguenaudes

Campestre-et-Luc

Calaméo - Colonie Agricole Et Pénitentiaire Du Luc

Colonies Agricoles - Pénitentiaires - Les Bagnes pour Enfants — Geneawiki

Papiers de famille (FranceArchives)

Histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commispendant la Révolution française. Tome 1 / L. P. | Gallica

archives.gard.fr/rechercher/boite-a-outils/le-calendrier-republicain.html

Colonies pénitentiaires pour mineurs | ENAP

Les oubliés du causse | France Culture

De l’isolement aux « bagnes pour enfants » : l'impitoyable justice des mineurs française | National Geographic

Témoignage : l'horreur du bagne pour enfants , honte de la République -PourquoiPasPoitiers

NIMES 24 MAI 1794, POUR MEMOIRE GARDER - SOUVENIR CHOUAN DE BRETAGNE

Fin du régime de la Terreur à Nîmes

L'occitan, une histoire - Les Occitans et la révolution (1789-1799)

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