dimanche 23 février 2025

Deux publications de bans (2/2)

1875 : deux publications de bans à un mois d’intervalle ;

Une première publication entre Pauline et un certain Girard Georges le 5 septembre 1875. Mais pourquoi une seconde publication avec Jean qui sera mon SOSA 21 ?


Georges Girard est un « journalier » de 34 ans, fils majeur et naturel de Jeanne Girard, avec laquelle il demeure à Autun ; il est veuf de Catherine Guilleminot – décédée des suites de l’accouchement - sans enfant à charge, puisque les deux enfants nés de cette union sont décédés en bas âge. Que s’est-il donc passé pour que le mariage n’ait pas eu lieu ?

La publication des bans est une procédure officielle visant à annoncer publiquement l'intention de deux personnes de se marier ; cette annonce, affichée dans les lieux publics, généralement à la mairie, permet à toute personne ayant des objections légitimes de les exprimer avant la célébration du mariage.

Il est possible que la mère de Georges ait posé son véto au vue d’un mariage avec une « élève de l’Hospice d’Autun ». Et si Georges avait changé d’avis ?…. Quoiqu’il en soit il épousera Catherine Saclier, une jeune femme de 17 ans sa cadette et dont le père est facteur rural.

Et si Pauline était follement tombée amoureuse de Jean…. Le mystère demeure entier : pour preuve que la généalogie ne peut tout expliquer ! Il faut bien que nos ancêtres aient leur part de « jardin secret »…..

Toutefois j’ai ma petite idée, et pas très romantique, dois-je avouer.

Sur la deuxième publication, puis la troisième, qui aboutiront à l’union effective de mes AAgrand-parents, il est précisé que Jean est « propriétaire » à Chissey en Morvan ; voici donc un bien meilleur parti qu’un simple journalier….

Lorsque je recherche les actes d’état civil, j’ai pour habitude de consulter les pages d’avant et celles d’après l’acte trouvé ; une petite routine qui permet notamment de s’apercevoir d’un décès d’enfant avant ou bien juste après celui de sa mère… Et pour l’exemple qui m’intéresse, j’ai constaté que le même jour, à une heure d’intervalle, dans la même commune, Pauline BOIVILLE et Jean BAROIN se sont unis en même temps que Jacques BRETIN et Françoise BAROIN ; mais oui, vous avez bien lu Pauline et Jacques ont épousé le frère et la petite sœur d’une même famille….

Je pourrai alors légitimement me poser la question d’une aventure amoureuse entre Pauline et Jacques et que sous la pression paternelle de Claude, le couple ait décidé de « rester proches » tout en respectant les conventions sociales et les souhaits de leurs familles. Mais alors, pourquoi nommer son enfant « Etienne » ; Pauline a perdu son premier enfant en 1873 et le premier garçon qu’elle portera de Jean aura également ce même prénom….

Tout me laisse à penser qu’Etienne Bretin était « l’amant » de Pauline et que Claude a négocié les deux mariages : un mariage double pour des motifs économiques mais aussi pratiques. Cela permettait de réduire les c oûts et de rassembler les familles et les amis pour une seule célébration ; de plus, Pauline partait s’installer sur Chissey en Morvan, berceau de la famille Baroin, tandis que Jacques vivrait sur Lucenay l’Evêque, au moins pour quelques temps, avant de revenir sur Chissey.

Claude, en effet, est persuadé d’avoir fait les bons choix pour l’héritage de sa famille : un bon gendre doit avoir des compétences et des connaissances en agriculture ; il doit aussi être capable de gérer les terres et de contribuer au travail des champs. La réputation de sa petite Pauline n’avait pas encore atteint les contrées du village de Chissey et la famille Baroin ne semblait pas très regardante, d’autant plus qu’il avait « cédé » son fils aîné à la plus jeune de la famille ; Françoise semblait être une « bonne fille » ; Claude est donc très satisfait : son garçon représente une force de travail précieuse et sa future bru contribuera directement à la subsistance de leur foyer ; il voyait bien que sa femme Pierrette déclinait d’année en année.

Quant à Etienne Bretin, il épousera une jeune « assistée » de 26 ans sa cadette en 1894, soit près de 19 ans après celui de Pauline et de son frère : une coïncidence ou bien une blessure d’amour inguérissable ?

Dans les campagnes du XIXe siècle, bien loin du tumulte des grandes villes, les cœurs battaient avec la même ardeur, mais les amours contrariées prenaient souvent des allures de tragédie silencieuse. Les unions étaient dictées par la raison plus que par la passion, soumises aux volontés patriarcales, aux impératifs économiques et aux exigences sociales.

Combien de jeunes filles ont vu leur amour balayé par un mariage arrangé, scellant leur destin à un homme choisi par leurs parents plutôt qu’à celui qu’elles chérissaient en secret. Rien ne me permet d’écrire que Pauline fut heureuse ou malheureuse d’avoir pliée aux injonctions familiales.

Tout ce que je sais, c’est qu’elle n’aura que deux enfants : Etienne, l’ainée et sa jeune soeur Francine, huit ans plus tard, mon Agrand-mère paternelle, plutôt réputée pour son « sale caractère » ; si elle a réussi à balayer les conventions, sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille. La liberté d’une femme est dure à acquérir loin des carcans sociaux.

Mais, ça, c’est une autre histoire à raconter….

*

Pour en savoir plus :

Fiche d'aide à la recherche (AD82)

Enfants trouvés et abandonnés d e la Gironde - 19ème siècle

Le collier d’un enfant abandonné

Enfants abandonnés et enfants assistés à Rouen dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (Persée)

Le travail des enfants au 19ème siècle

Léon FANDOR, enfant trouvé, patronyme inventé

Les Enfants-Trouvés de André Delrieu (Cairn)

La découverte d’un secret de famille

Alexandrine, le prénom d’une enfant trouvée

Les enfants assistés en France

De "l'enfant trouvé" à "l'enfant assisté" d’Anne Cadoret


samedi 22 février 2025

Deux publications de bans (1/2)

Comment se construire « femme » puis « mère » lorsque l'on a été une enfant abandonnée en 1851 et quelle référence maternelle transmettre : voilà une interrogation - bien complexe dans ses réponsesque je me pose toujours lorsque j’évoque mon SOSA 23, c’est-à-dire Anatoline Pauline BOIVILLE.

C'est une question profonde qui touche à l'identité, à la transmission mais aussi à la résilience.

Dans une société du XIXe siècle où la place de la femme est largement définie par son statut marital et maternel, Pauline doit surmonter de nombreux obstacles : un manque d’attaches familiales, une situation sociale précaire, et parfois la stigmatisation.

Certaines jeunes filles ont pu se construire à travers des modèles alternatifs : une Soeur bienveillante dans son éducation, une figure maternelle de substitution - nourrices ou patronnes - ou encore en forgeant leur propre indépendance à travers le travail comme couturières, domestiques, institutrices ou autres.

Plusieurs facteurs entrent alors en jeu : le contexte de l’abandon - enfant trouvée et confiée à l’Assistance publique ou bien placée chez une nourrice - un environnement favorable en famille d’accueil – et pas n’importe laquelle ! – plutôt qu’en institution charitable, et puis – pour ne pas dire surtout ! - des figures féminines qui ont marqué son parcours : une rencontre providentielle peut changer une destinée….

Mais à l’image de trop nombreuses femmes de son époque, Pauline s’est tournée vers le mariage. Dans nos « familles ordinaires », point de belles études qui coûtent trop chères, point de grandes instructions pour faire des enfants ! Car en fait, que demandait-on à une jeune fille bien élevée ?? Savoir coudre et broder, savoir faire la cuisine, s’occuper des enfants, honorer son époux et… se taire….

Une fois mariée, la jeune épouse passe sous la protection – j’ai failli écrire le « joug » lapsus ! - de son mari. La norme est donc le mariage, et d’autant plus pour une enfant assistée.

Alors, oui, le mariage est LA solution pour sortir de sa condition….

Mais avant le mariage, Pauline a eu quelques déboires pour trouver le bon partenaire. Bien évidemment, replaçons-nous dans le contexte et ne jugeons pas les actes de nos ancêtres avec nos yeux et nos mentalités d’aujourd’hui….

*

Très rapidement, Pauline est confiée au couple BRETIN-LACOUR, marié depuis 1841 et qui réside sur Lucenay l’Evêque, une petite commune située en Saône-et-Loire, dans la belle région du Morvan  ; en 1851, il avait déjà 3 garçons : Etienne 10 ans, Jacques 5 ans et Etienne que je nommerai « Junior » 3 ans :

Un petit « Louis » est décédé le 16 juillet 1851 à l’âge de 4 jours : est-ce ce décès brutal qui incita le couple a adopté Pauline ? De fait, cette enfant permettra d’atténuer les douleurs des montées de lait et de surcroît, en sa qualité de petite fille, viendra ensuite seconder la maman dans les tâches du quotidien.

Sur le recensement de 1856, je vois que Pauline est bien inscrite dans la famille, avec une faute dans le patronyme, mais lorsque l’on feuillette les registres, on commence à s’y habituer….

La famille BRETIN réside toujours dans le même hameau de Volmay ; le fils aîné Étienne a 15 ans et est très certainement parti travailler dans un village voisin. Jacques 10 ans et Étienne « Junior » 8 ans sont bien au domicile avec la petite Pauline.

La période qui m’intéresse est celle qui suit 1872 ; le 8 mai 1872, Pauline met au monde un petit garçon – au prénom très original de « Etienne » - mais dont le père n’est pas nommé ; c’est son père nourricier Claude qui effectue la déclaration auprès de la mairie de Lucenay ; est-il le père de l’enfant ? Est-ce Etienne ? Jacques ? Ou bien un autre….

A peine 20 ans et donc encore mineure, née sous le signe de l’abandon, Pauline aurait pu reproduire l’histoire, céder à la facilité de l’oubli, fuir comme sa mère biologique avant elle. Mais elle a choisi un autre chemin : celui de l’amour, de la responsabilité, de la rupture avec un passé trop lourd.

Enfant sans repères, elle sait mieux que quiconque le poids du vide et le silence des origines. Alors, quand la vie lui a offert ce bébé aux racines floues, elle a refusé de perpétuer la douleur. Peu importe l’absence du père – le secret s’évanouira avec le temps - peu importe les murmures et les jugements, elle a décidé de le garder, de l’aimer, de lui offrir ce qu’elle n’a pas eu : une présence, un foyer, une histoire qui commence avec elle et non dans l’ombre d’un abandon, dans un panier avec une vieille couverture miteuse et un châle qui n’a que trop vécu.

Elle a brisé la chaîne. Parce que l’amour est plus fort que le destin. Pauline est bien décidé à le choyer cet enfant, même s’il fait déjà grincer quelques dents. Elle a bien surpris des regards désapprobateurs, entendu quelques phrases assassines. Une femme seule, un bébé sans père : il n’en fallait pas plus pour que les jugements moralisateurs fusent et l’accablent.

Pierrette lui a dit qu’elle se compliquait la vie, qu’un enfant sans repères, c’était un fardeau ; elle aussi, sait de quoi elle cause : sa propre mère l’a déposée à l’Assistance Publique de Paris et n’est jamais revenue la prendre….

Certains ont chuchoté qu’elle ferait mieux de tourner la page, comme si l’amour pouvait se choisir ou s’effacer d’un revers de main. Mais elle, elle a tenu bon. Et puis Claude a dit « maintenant qu’il est là, il faut lui donner un prénom ! ». Pauline avait compris que ce père nourricier ne refuserait pas l’enfant. Il avait parlé. « C’est un garçon, on lui trouvera toujours du travail ! ».

Parce qu’au creux de son ventre, elle sentait une vie qui grandissait, une évidence plus forte que les convenances. Parce qu’elle savait, mieux que personne, ce que signifiait l’abandon, ce vide qui ronge et qui marque à jamais. Alors, elle a fait son choix. Un choix d’amour, un choix de courage. D’un terrible courage.

Peu importe les jugements, peu importe les mots dans son dos. Elle a décidé de garder son bébé, de lui offrir une place dans ce monde, de lui prouver qu’il était désiré, même si le destin en avait décidé autrement. Ah, le destin est souvent cruel… L’enfant n’a pas survécu au-delà de 16 mois…. Fin de l’histoire. La vie reprend son cours.

Mais Pauline n’a pas dit son dernier mot.

1875, deux publications de bans à un mois d’intervalle :

  • Une première publication entre Pauline et un certain Girard Georges le 5 septembre 1875 (AD 71 n°21 page 83)

  • Une seconde publication suivie d’une troisième entre Pauline et Jean Baroin le 17 octobre 1875 (AD 75 n° 23 et 25 page 84) : enfin mon SOSA 22 !

Jean Baroin est mon AAgrand-père paternel. Mais qui est Girard Georges ?

dimanche 16 février 2025

DEIBER Émile Théophile (1879 – 1953) : l'apprentissage et l'amour


Depuis quelques temps, la famille est installée à Mouy. Théophile apprend peu à peu le métier que son père lui a enseigné : tisseur. Mais son père est différent ; en l’espace de quelques années, ils ont tous déménagé plusieurs fois : de la rue du Mont d’Arène à la rue des Trois-Piliers à Reims, puis départ pour Warmeriville où ils sont restés très peu de temps, et Bury...

Et puis, un jour, ce père disparaît. Théophile n’a alors que 14 ans….

C’est l’incompréhension totale : un vide immense envahit son cœur. Sa mère pleure tous les soirs, sa sœur et ses frères s’interrogent. C’est une douleur inexplicable, un mélange de tristesse, de colère, même. Mais la réalité brutale de cette disparition chamboule tout. Il se retrouve perdu dans un tourbillon d'émotions qu'il ne sait pas comment gérer, se posant mille questions sans réponses : Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? Pourquoi nous a t-il abandonné ? Que s’est-il passé ? La certitude d’une absence qui semble irréelle, d’un monde qui a perdu une part de sa couleur, est difficile à accepter.

Sa mère est dévastée. Longtemps ils ont tous espéré un retour, en vain.

Alors la vie a continué.

Un homme providentiel va remplacer ce père absent : Alfred Delarue. A ce jour, il ne sait pas encore qu’il va devenir son beau-père, quoique… Alfred a pris Théophile sous son aile et lui apprend le métier de chaussonnier, puis de cordonnier.

À 19 ans, après avoir traversé tant de pertes et de douleurs, Théophile cherche du réconfort, une sorte de repère dans ce monde qui lui paraît encore flou. Les filles sont une échappatoire, un moyen de se sentir compris, de retrouver un peu de chaleur humaine. C’est alors qu'il rencontre Clémence : Clémence est l’une des enfants d’Alfred. Elle est différente, douce mais pleine de vie, elle semble voir au-delà des murs qu'il a érigés autour de lui. Elle est un peu « son coquelicot », seul, au milieu d’un immense champs de blé. Elle l'écoute, le comprend sans jugement. Au fil du temps, Clémence devient une présence réconfortante, un rayon de lumière dans l’obscurité de ses pensées. Peut-être qu'avec elle, il pourrait un jour apprendre à apaiser ses blessures. Mais ce n’est pas facile. Le chemin vers la guérison est long et semé d’embûches, et parfois, les doutes l’envahissent encore. Mais Clémence est là, patiente, prête à marcher à ses côtés.

Il est bien plus agréable d’imaginer que mes ancêtres se sont unis par amour plutôt que par obligation. Même si, autrefois, les mariages étaient souvent dictés par des considérations économiques, sociales ou familiales, j’aime à croire que derrière ces unions se cachait aussi une véritable affection. Peut-être que certains regards échangés, des gestes tendres ou une complicité discrète témoignaient d’un amour sincère. Après tout, au-delà des conventions, l’être humain a toujours aspiré au bonheur et à la tendresse. Alors, je préfère me dire que mes ancêtres ont suivi leur cœur, autant qu’ils le pouvaient. 

Il me plaît de croire que Théophile et Clémence se sont aimés. Peut-être que leurs premiers échanges se faisaient à l’atelier, entre le bruit cadencé des navettes et l’odeur du lin ou de la laine. Un regard furtif par-dessus un métier, un sourire échangé en roulant une bobine… Puis, au fil du temps, une complicité tissée dans le quotidien, des rires partagés en dévidant l’écheveau ou en parlant des rêves d’avenir.

Dans un monde où le travail laissait peu de place aux sentiments, leur amour aurait grandi en secret, comme un motif délicat apparaissant peu à peu dans une étoffe patiemment tissée. Et peut-être qu’un jour, au détour d’une foire ou d’une veillée, Théophile aurait trouvé le courage de lui murmurer que, pour lui, elle était la plus belle des fleurs, celle dont il ne voudrait jamais se séparer.

Mais voilà que je me laisse emporter par ses sentiments ! Toutefois, Théophile doit avoir du charme, car l’Histoire m’apprendra plus tard, qu’il aura quatre épouses…. Et une sacrée quantité de « sex appeal », ou du moins une petite étincelle dans le regard, une façon de capter l'attention et susciter l'intérêt, un savant dosage de confiance en soi et de charisme pour interagir aussi habillement avec la gent féminine.

Théophile est alors un jeune homme aux cheveux clairs, aux sourcils blonds et aux yeux bleus pâles. De petite taille (1,63 m) sa bouche et son nez sont qualifiés de « moyens ». Ce n’est pas moi qui l’invente : c’est écrit dans son livret militaire.

Car l’amour, c’est une chose, mais le quotidien rattrape vite les amoureux. Marié le 23 décembre 1899, il doit partir au service militaire le 15 novembre 1900.

Soldat de 2ème classe, sous le matricule 709, il incorpore le 51ème puis le 12ème bataillon de Beauvais, grande ville au nord-ouest de Mouy. Ensuite, il est envoyé au fort d’Aubervilliers, près de la capitale, au 128ème régiment d’infanterie.

Théophile a confié sa femme à sa mère et à ses deux frères Gustave et Jules. Pendant ce temps, il apprend le maniement des armes, notamment le fusil Chassepot, puis le Leben, mais également celui des baïonnettes et autres équipements militaires ; les journées s’enchaînent, strictement structurées, où la discipline rigoureuse vise à inculquer l'obéissance et la cohésion de groupe. Théophile obtiendra aisément son « bulletin de bonne conduite » même s’il s’épuise à en perdre le souffle durant les marches forcées et les manœuvres.

Le 19 novembre 1903, il rentre chez lui ; il a effectué son service militaire, d’une durée de 3 ans. Comme tout « libéré » il passe dans la réserve de l’armée active. La séparation prolongée avec sa famille a été éprouvante sur le plan émotionnel. Il va pouvoir reprendre une activité professionnelle durablement et profiter, enfin, de Clémence et des enfants. 

Même si l’on essaie de toujours faire mieux que ses parents, Théophile, à l’image de son père, a été contraint de déménager plusieurs fois.

A Mouy, les logements sont souvent insalubres et surpeuplés ; la proximité de la rivière Thérain y est pour beaucoup ; Théophile cherche toujours des conditions de vie meilleure, maintenant qu’il a trois fils : André, Charles et Henri, mon grand-père. Et puis les opportunités d'emploi changent rapidement avec l'industrialisation. Les usines et les ateliers ne cessent de s’accroître. Il quitte alors le domicile maternel, rue de Paris, pour installer sa famille rue d’Ully.

L’année 1911 restera gravée dans sa mémoire comme celle d’une perte irréparable. Sa mère s’en est allée, emportant avec elle la douceur de ses paroles et la chaleur de ses bras maternels. Chaque coin de la maison lui rappelle sa présence : le fauteuil où elle aimait se reposer, l’odeur de la soupe mijotant sur le feu, les gestes tendres d’autrefois. Mais désormais, tout cela n’est plus qu’un écho lointain. Elle n’avait pourtant que 60 ans. Et son père qui n’est jamais revenu….

Il aurait tant voulu la garder encore, entendre une dernière fois sa voix, sentir la caresse de sa main sur son front. Mais la vie, impitoyable, en a décidé autrement. Et 1911 est devenue, pour lui, l’année où tout a basculé.

Il lui reste le silence, un vide immense que seule la présence de Clémence peut encore combler.

Alors la famille déménage encore une fois, rue d’Heilles. Et enfin Paris !

Si la province s’épuise, Paris éblouit… Est-ce pour cette raison que Théophile part avec femme et enfants s’installer rue Broca dans le 5ème arrondissement. IL y vivra d’ailleurs jusqu’à ses derniers jours.

Depuis quelques années déjà, Théophile exerce le métier de « mégisseur » pour l’entreprise LEGENDRE puis l’entreprise LEMOINE ; en effet la Bièvre, un affluent de la Seine « passait par les 5e et 13e arrondissements ; longue de 33 km, elle prenait sa source dans les Yvelines et se jetait dans le fleuve au niveau de la gare d'Austerlitz » / Source Retronews.

Grâce à l’afflux des mégissiers, cordonniers, blanchisseurs, tisserands, le quartier de la rue Broca (Val de Grâce) s’urbanise très vite mais ce déferlement excessif « aura raison de la rivière puisque cette source d’eau potable devint un bourbier pollué et sale dans une période accablée par les épidémies ». Sur les quelques gravures retrouvées sur le web, on peut aisément imaginer la densité de population et la promiscuité qui y régnait ; les familles résidaient juste au dessus de la rivière, à la merci de toutes les mauvaises odeurs toxiques.

La Bièvre passait effectivement près de la rue Broca en 1914, mais la rivière a été progressivement enfouie sous le béton entre 1860 et 1912 pour des raisons sanitaires et d'urbanisation.

Marie Clémence, mon AGMP, n’y survivra pas. Le mois de janvier 1914 est particulièrement rude ; une vague de froid, de neige et de tempête s’abat sur Paris. L’épidémie de typhoïde fait également des ravages sur la capitale.

Marie Clémence décède le 13 janvier à son domicile ; elle avait seulement 30 ans….

Pour surajouter à la douleur de perdre son épouse, Émile Théophile est rappelé à l’activité au 119ème régiment d’infanterie territorial (RIT) le 1er août 1914….Il a alors 36 ans et est le père de 3 garçons, André 13 ans, Charles 11 ans et le jeune Henri 7 ans, mon grand-père paternel.

mardi 11 février 2025

DEIBER Émile Théophile (1879 – 1953) : l'enfance

Depuis des semaines, l’inquiétude pesait sur la maison comme une ombre silencieuse. Émile ne parlait plus autant, et Marie Anne laissait échapper de lourds soupirs en pliant leur linge ; elle s’arrêta et posa les mains sur son ventre, vide, creux de toute vie…. Elle aperçut la petite Marie Thérèse qui la regardait inquiète ; elle lui sourit : « Es wird geh »  lui dit-elle pour se persuader que « ça va aller ».

Le voyage avait été long et éprouvant ; Marie Anne n’avait jamais quitté son Alsace natale et ici, les rémois avaient des accents qu’elle ne comprenait pas. Emile travaillait du matin au soir, la laissant seule avec son angoisse…. Depuis qu’elle était arrivée ici, elle se demandait si elle avait pris la bonne décision ; elle avait laissé sa mère à Oberhaslach, qui n’avait pas accepté de quitté son époux, inhumé là-bas ; elle disait qu’elle ne ferait pas le voyage à 49 ans et que sa vie était ici, même si les Prussiens n’étaient pas toujours aussi faciles à vivre. Elle disait que les Alsaciens sont des travailleurs et qu’ils s’accommodent de tout, pourvu qu’on ne touche pas à leur tradition. Alors, à l’image de sa mère, Marie Anne devait être dure et ne pas pleurer devant l’enfant.

Pourtant, elle n’oubliera jamais ce chariot grinçant sur les routes cabossées, ce train qui sifflait dans la brume du matin, et de la foule bruyante de la gare lorsqu’ils arrivèrent enfin à Reims. La ville était si immense, animée d’une agitation qui la dépassait. Rien à voir avec son village, où elle connaissait chaque sentier, chaque coin de ruelle, chaque visage. À la maison, l’Alsace vivait toujours ; elle continuait de préparer les plats d’autrefois : kougelhopf les dimanches matin, baeckeoffe pour les jours de fête, et la flammenkueche pour les jours plus ordinaires..

Emile parlait de moins en moins de la terre qu’ils avaient laissée, mais dès qu’il le pouvait, il lisait le journal, à la cherche des nouvelles de ceux qui étaient restés.

En hiver 1871, elle avait perdu son petit Joseph d’à peine 6 mois et elle pense que son mari a pris sa décision de tout quitter en espérant des jours meilleurs pour faire vivre sa famille. Ces derniers temps, la mort rodait trop souvent sur le village.

Et une femme se doit d’écouter son mari : Émile avait peut-être raison….

*

A bientôt dix ans, son père lui avait expliqué doucement, le regard triste mais déterminé, l’histoire du pays d’où il venait ; mais la petite Marie Thérèse n’avait pas tout compris. Elle avait pourtant entendu l’amertume et le désespoir dans le discours de son père. Même à l’école on ne lui avait pas parlé de cette chère Alsace vendue aux Allemands, abandonnée, humiliée….

L’Alsace n’était plus française. Après la guerre, leur terre avait été cédée à l’Empire allemand, et ceux qui refusaient de devenir sujets du Kaiser n’avaient qu’un choix : l’exil. Partir, tout quitter, abandonner leur maison, leur passé, leurs morts.

Dans le village, certains résistaient, d’autres hésitaient. Les voisins murmuraient, le regard fuyant. Fallait-il s’accrocher à leurs racines ou partir vers l’inconnu ? Mais pour le père de Marie Thérèse, il n’y avait pas d’hésitation : ils étaient français, et ils le resteraient. Même si cela signifiait fuir.

Le voyage vers Reims fut long. Les gares étaient pleines d’autres familles comme la leur, des Alsaciens aux valises trop légères, les yeux pleins de larmes retenues. Certains parlaient du pays comme s’il était déjà un souvenir lointain, d’autres gardaient l’espoir d’un retour. Mais Émile sentait bien que, pour eux, il n’y aurait pas de retour.

Marie Thérèse glissa timidement une main dans celle de son père et lui sourit ; elle aimait tellement ce père, dur comme un roc, ce père qui jamais ne faiblissait, car tout le monde le sa it, les hommes, ça ne pleure pas….

Émile pouvait être fier du chemin parcouru ; il travaillait avec acharnement, et sa famille grandissait. Aujourd’hui était un jour nouveau : Florentine Marie avait un peu plus d’un an ans et, dans le tumulte du quotidien, un moment d'exception venait illuminer son foyer : son premier fils était né !

Émile Théophile est né le 17 avril 1879 à Reims dans leur appartement du 34 rue du Mont d’Arène : un garçon est la promesse d’un avenir radieux : « Théophile, aimé de Dieu ». Émile est fou de joie : la naissance d’un « mâle » résonne comme le passage solennel du flambeau familial. C’est bien plus qu’un simple enfant ; c’est l’incarnation vivante d’un héritage précieux, la continuité d’un nom et d’une histoire qui s’étend bien au-delà du temps. Émile est persuadé que son fils porte en lui la fierté d’une lignée qui a su traverser les épreuves et les joies, les départs et les retours. Il sera le gardien d’un patrimoine familial, le lien vivant entre le passé glorieux et l’avenir à bâtir.

Dans les yeux de son fils, Émile y voit la promesse que, quoi qu’il advienne, l’esprit alsacien perdurera au fil des ans ; il se sent investi d’une mission sacrée : transmettre le savoir-faire, l’art de vivre, et la fierté d’appartenir à une terre aux valeurs inébranlables.

Mais Émile ne sait pas qu’au fil des années, ce fier héritage alsacien s’effacera comme les couleurs d’une aquarelle sous la pluie, dissoutes peu à peu dans le tumulte d’un monde en perpétuelle mutation.

*

Les années passent, la famille s’agrandit : après Émile Théophile, sont arrivés Gustave Alphonse qui n’a vécu que 13 mois, Gustave Joseph, puis Jules Victor.

Émile Théophile devient un véritable rémois. Il aime cette ville, ses grandes avenues, ses maisons de pierre blanche, et la silhouette imposante de la cathédrale qui le fascine.

Pour lui, la cathédrale de Reims est un joyau de l’architecture gothique, le témoin imposant et majestueux du savoir-faire des bâtisseurs du Moyen Âge avec ses superbes tours qui s’élèvent haut vers le ciel. Et que dire de ces vitraux colorés, qui laissent filtrer la lumière. 

Mais Théophile est encore trop jeune ; sinon l’école lui aurait appris que c’était un lieu où les rois de France étaient sacrés, et ceci depuis Clovis !

Son père pouvait bien lui parler de la collégiale Saint Florent de Niederhaslach, Théophile était sûr que rien ne pouvait surpasser cette grande Dame, peut-être celle de la capitale, mais la verrait-il un jour….

En 1872, de nombreux Alsaciens ont dû faire face à une décision difficile en raison du traité de Francfort, qui a cédé l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne après la guerre franco-prussienne. Mais les Alsaciens expatriés sur Reims sont arrivés avec leurs compétences, leurs traditions et leur culture ; qualifiés et expérimentés, ils ont contribué à divers secteurs, notamment celui de l'artisanat (verrerie par exemple) et du textile. Leur contribution a permis le développement de nouvelles entreprises et l'expansion de celles déjà existantes, ce qui a stimulé l'économie de Reims.

Mais en 1880, des grèves ont éclaté en raison des conditions de travail difficiles et des bas salaires dans les usines textiles. Les ouvriers, confrontés à des journées de travail longues et harassantes, ont décidé de se mobiliser pour réclamer de meilleures conditions de travail et une augmentation de leurs salaires ; ces grèves ont duré 33 jours et ont eu un impact significatif sur l'économie locale, et sur la vie des familles.

Émile a déménagé sa famille en 1882, du 34 rue du Mont d’Arène au 2 rue des Trois-Piliers. Depuis quelque temps déjà, il pense à partir et mettre femme et enfants à l’abri. Il croyait avoir trouvé la sérénité dans ce pays rémois, mais il retrouve cette même agitation qui l’angoisse et le fait fuir. Et puis son fils décédé à 13 mois a replongé son épouse dans le désespoir et le mal du pays.

Lassé par l’agitation des manufactures, du tumulte des rues encombrées, et des habitations indignes et humides, Émile choisit de s’éloigner. Aspirant à un quotidien plus paisible, il quitte l’effervescence urbaine pour s’installer dans une région qui lui semble plus calme.

La famille s’installe donc à Warmeriville : là, au cœur de la campagne, il espère exercer son métier, bercé par le murmure du vent dans les arbres plutôt que par le vacarme des métiers mécaniques. Mais, ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions….

La filature de Warmeriville est une usine de laine appartenant à la famille Harmel. Fondée par Jacques Joseph Harmel en 1841, cette filature produit de la laine cardée et peignée, principalement destinée à la fabrication de flanelle. Émile croit y trouver un espace de vie possible pour sa famille.

La filature de Warmeriville est prisée pour ses initiatives sociales, telles que la création d'une caisse d'épargne, d'une caisse de prêts sans intérêts, et d'une société de secours mutuel, toutes mises en place par Jacques Joseph Harmel ; bien que ces initiatives visent à améliorer les conditions de vie des ouvriers, il semble qu’Emile n’ait pas apprécié cette une vision paternaliste de l'entreprise. Il revient donc sur Reims dans la cité Béthény.

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Théophile grandit. Il est un élève appliqué, il sait qu’il ne peut discuter les ordres de son père : c’est ainsi. Un enfant de « tisseurs » doit suivre la tradition familiale ; alors Théophile s’est formé peu à peu au métier. Dès l’âge de 10 ans, il a commencé par des tâches simples : préparer les fils, surveiller le métier à tisser, balayer, ranger, et assister son père dans son travail. Dans la famille, la transmission du savoir-faire est essentielle : être tisseur n’est pas seulement un métier, mais un héritage que chaque génération se doit de perpétuer. L’école, certes, est importante. Mais son père lui répète trop souvent qu’il faut apprendre un métier pour vivre et subvenir aux besoins d’une famille. Qu'une famille, c'est important, et qu'il faut en prendre soin...

samedi 8 février 2025

BUTT Felix (1823 – 1875) dit Thevenard ou bien Thevenay (2/2)

Pourquoi Felix BUTT s’est-il exilé au cœur de la forêt morvandelle et pourquoi a t-il changé de patronyme en BUTT TAVERNAY ?

Au départ, je me suis demandée s’il n’avait pas retrouvé sa mère nourricière, mais il n’aurait pas gardé le nom de BUTT.

Ensuite, j’ai pensé qu’il se cachait à cause de la consonance « allemande »

En 1871, les troupes prussiennes étaient présentes dans la région et ont mené des opérations militaires pour sécuriser leurs positions et contrer les mouvements des troupes françaises. Mais le premier enfant né avec le patronyme TAVERNAY BUTT est né en 1858 !

Alors que penser ?

Je n’avais donc pas d’autre solution que de regarder dans la presse locale.

Mais avant de vous révéler ma « trouvaille », penchons-nous un peu sur ces habitants du Morvan.

Les Morvandiaux habitent une région montagneuse et forestière, souvent inhospitalière, une terre exigeante qui a façonné les hommes et les femmes à l’image de la rudesse de leur environnement. Ce sont des paysans à l’allure vive et débordants de ruse.

Chaque morvandiau possède un fusil, chasse oblige bien sûr. Partie intégrante du mobilier, l’arme est souvent accrochée au-dessus de la cheminée ; elle est avant tout un outil. Pour le paysan, elle est d’abord un compagnon de chasse : gibier, volatiles ou parfois même nuisibles, tout ce qui peut améliorer l’ordinaire finit dans la marmite. Mais le fusil est aussi un moyen de protéger sa ferme des rôdeurs ou des loups qui restent une menace pour le bétail.

Mais au-delà de son utilité, le fusil symbolise aussi un certain esprit frondeur. Héritiers d’une longue tradition de défiance envers l’autorité, les paysans n’aiment guère qu’on leur marche sur les pieds. Si le maire de la commune a quelques difficultés à se faire entendre, les gendarmes ne sont pas les bienvenues et les morvandiaux préfèrent régler leurs différents entre eux. Il n’est pas rare que les esprits s’échauffent, les insultes s’échangent et les mains se crispent sur la gachette.

Avoir le sang chaud, posséder une arme de chasse, c’est une nécessité pour tout morvandiau qui veut survivre et se faire respecter.

Dans les contrées aussi reculées que celle du Morvan, la loi peine à s’imposer ; pourtant, lorsqu’il a y meurtre, le juge de paix doit intervenir.

Dans le journal des débats politiques et littéraire du 5 mars 1853, je découvre qu’un assassinat a été commis le 29 décembre 1852 « sur un sieur Picoche, meunier à Gouloux (…) contre lequel une première tentative de meurtre avait déjà été dirigée ».

Le moulin de Gouloux a été construit au début du 19ème siècle et il fonctionnera jusqu'en 1920. Il est alimenté par le ruisseau Bridier et utilise des roues à augets pour moudre la farine et produire de l'huile. Au cœur d’un lieu sauvage et difficilement accessible, le moulin contribue au mieux-être de tous les villageois.

Le Sieur PICOCHE, meunier de son état, a été victime d’un premier attentat le 26 juillet 1852. Avec son épouse et son domestique LEBEAU, ils résidaient au Montbe. Il faut croire que monsieur et madame PICOCHE ne s’appréciaient pas beaucoup car, aux dires des différents témoins auditionnés, ils se battaient régulièrement.

Le 30 décembre 1852, PICOCHE succombe à ses coups mortels. LEBEAU rode et se cache dans la forêt….

La plupart des familles de Gouloux ont été entendue et donc Felix s’est également exprimé ; ce « LEBEAU », à la mine plutôt patibulaire, semble faire peur à tous ; il n’hésite pas à faire du chantage et des menaces de mort, que les villageois ne prennent pas à la légère.

Tout porte à croire, cependant, que l’assassin est LEBEAU, et sa complice n’est autre que son amante, madame PICOCHE ; le premier est incarcéré à la prison de Chateau-Chinon et la seconde à la prison de Nevers.

On peut comprendre que les morvandiaux restent choqués par cette sordide affaire, portée devant les tribunaux et à la vue de tous.

Dans le Morvan du XIXᵉ siècle, l’état civil présente de nombreuses particularités qui rendent la recherche généalogique parfois complexe. Les registres sont souvent succincts, se limitant aux informations essentielles sans détails complémentaires. L’orthographe y est approximative, les noms de famille pouvant varier d’un acte à l’autre en fonction de la prononciation et de la compréhension de l’officier d’état civil. Cette imprécision s’explique par une oralité prédominante dans une région rurale, où une grande partie de la population était illettrée. Les déclarants énonçaient les événements de leur vie à voix haute, laissant aux officiers d’état civil le soin de transcrire selon leur propre interprétation. Ainsi, on observe des variations dans les noms et prénoms, des erreurs de dates et des omissions qui compliquent le travail des généalogistes d’aujourd’hui.

Mais je ne suis pas au bout de mes peines….

Du fait de l’absence de numérisation des recensements de Saint-Brisson entre 1820 et 1876, je suis dans l’incapacité de préciser si le couple BUTT TAVERNAY – TROUILLER est resté sur cette commune….

Ce que je sais, par contre, c’est que les enfants ont tous quitté le nid familial ; et c’est en cherchant le devenir de ces enfants que j’ai eu l’assurance que Felix BUTT dit THEVENARD se faisait nommer Felix BUTT THEVENAY…..

Cette histoire démontre bien que lorsque l'on entreprend des recherches généalogiques, il est essentiel de ne pas se limiter à la lignée directe de nos ancêtres. Les parents collatéraux - les frères, sœurs, oncles, tantes, cousins et autres membres de la famille élargie - peuvent jouer un rôle crucial dans la compréhension de l'histoire familiale.

Si je n’avais pas recherché d’autres enfants, je n’aurai pas retrouvé toute la lignée ; leurs parcours a pu m’offrir d’autres perspectives supplémentaires.

Sur l’acte de mariage de l’enfant Jean-Marie, j’ai bien la confirmation de la filiation ; il a d’ailleurs fallu le témoignage de deux personnes « qualifiées » pour attester de la véracité du patronyme de Félix.

J’apprends également le décès de Félix le 1er janvier 1875 à Saulieu : il n’a que 51 ans ; dans cette commune de la Côte d’Or, je retrouve l’aînée de la fratrie, Françoise, et sa famille, qui réside également au lieu-dit des Gravelles.

Au décès de son conjoint, Reine n’a que 45 ans ; elle travaille en qualité de « domestique » chez monsieur RATAT, à Champeau-en-Morvan, une petite commune à l’ouest de Saint-Brisson. Elle y restera jusqu’au la fin de ses jours, en 1886.