jeudi 31 juillet 2025

L’Enfant de Noé d’Éric-Emmanuel SCHMITT

Ce petit roman nous plonge dans les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale à travers les yeux de Joseph, un jeune garçon juif de sept ans.

Joseph Bernstein est confié à des inconnus pour échapper aux rafles nazies. Caché dans un orphelinat catholique dirigé par le Père Pons, un homme bienveillant et érudit, l’enfant doit renier son identité, apprendre à mentir, et taire ses origines juives. Le Père Pons, tout en le protégeant, lui transmet des valeurs de tolérance, de foi et d’humanité ; curieux, sensible, en quête de repères dans un monde bouleversé, le jeune Joseph apprend vite au contact du curé et évolue entre peur, découverte et spiritualité.

Avec une écriture sensible et poétique, l’auteur Schmitt nous offre une réflexion profonde sur la nature humaine, la tolérance, et la résilience face à la barbarie, « démontrant qu’aucun sujet n’est tabou : ce sont les hommes qui les rendent ainsi. »

Ce roman ne se contente pas simplement de raconter une histoire : il invite à une profonde réflexion sur l’humanité, la spiritualité et la mémoire. Ce livre est précieux à plus d’un titre et malheureusement, toujours d’actualité….

Il est porteur de valeurs universelles comme la tolérance, le respect des différences, la solidarité. Il questionne la quête de sens. Il évoque la perte d’identité et la nécessité de reconstruire ses racines, ce qui fait écho au travail de reconstitution familiale.

Ce livre touche autant le cœur que l’esprit et nous rappelle que, même dans les pires moments de l’Histoire, des actes de courage et d’amour peuvent illuminer les ténèbres.

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Même si ce roman n’est pas un ouvrage de généalogie à proprement parler, il offre plusieurs pistes de réflexion précieuses pour celles et ceux qui s’intéressent à la transmission familiale et à la mémoire des origines.

Car il existe plusieurs grilles de lecture :

  • Une lecture historique et réaliste puisque le roman s’inscrit dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, avec la persécution des Juifs, les réseaux de résistance, les enfants cachés, les Justes parmi les Nations, et les difficultés de survie sous l’Occupation

  • Une lecture symbolique et philosophique puisque le titre même, L’Enfant de Noé, renvoie à l’Arche de Noé, symbole de sauvegarde de l’humanité ; le Père Pons est présenté comme une figure de transmission spirituelle, de tolérance interreligieuse, et de résistance morale.

Mais une troisième grille de lecture m’apparaît comme une évidence pour la généalogiste amatrice que je suis, celle de la mémoire familiale et de la reconstruction des filiations.

Le récit montre comment les enfants cachés ont souvent perdu tout lien avec leur famille d’origine, ce qui représente un défi majeur pour les recherches généalogiques.

Le roman se déroule pendant la Shoah, une période où de nombreuses archives ont été détruites ou falsifiées, rendant les recherches généalogiques complexes ( adoptions, noms changés, filiations effacées) ; et pourtant, la sauvegarde de la trace des disparus, la reconstitution des filiations parfois brisées par les conflits sont cruciales.

Séparé de ses parents, Joseph ne connaît ni leur sort ni leur histoire ; le récit devient alors une quête identitaire ; cette absence de filiation biologique pousse l’enfant à reconstruire une filiation symbolique à travers une figure paternelle de substitution, le Père Pons ; le prêtre par ailleurs ne se contente pas de sauver des vies : il préserve la mémoire juive en collectant des objets rituels, des textes, des symboles, comme un « acte de mémoire » pour les générations futures — une démarche proche de celle du généalogiste qui cherche à préserver les traces du passé.

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L’Enfant de Noé nous rappelle que derrière chaque acte généalogique, il y a un hommage aux oubliés, une lutte contre l’effacement. Pour un généalogiste, ce roman est une ode à l’engagement, à la patience et à l’amour du détail — car chaque petite trace retrouvée peut redonner vie à un monde perdu.

Ce roman est une source d’inspiration humaine et historique : même s’il y a une histoire douloureuse, bouleversante, difficile à écrire, elle est toujours digne d’être racontée.

A lire et à relire, pour ne jamais oublier….

samedi 26 juillet 2025

Ceux de Ker-Askol de Hervé JAOUEN

Ce roman « du terroir » est une œuvre profondément poignante qui explore les destins brisés au cœur de la Bretagne rurale, à l'aube du XXe siècle. L'auteur y dépeint avec une force rare une réalité âpre et profondément humaine.

Au centre de ce drame se trouve Maï-Yann, une jeune orpheline bretonne, arrachée à sa sœur et placée dans un couvent en Haute-Savoie. Son adolescence est marquée par une tragédie indicible : elle est abusée par le jardinier, Bénito. Pour étouffer le scandale et préserver la réputation de l'institution, les religieuses la renvoient en Bretagne et la forcent à épouser Ténénan Yvinou, un homme hermaphrodite, surnommé par les villageois « kog ha yar » (« ni coq ni poule »). Isolée dans le hameau reculé de Ker-Askol, Maï-Yann sombre progressivement dans la folie, tandis que son fils, Martial, grandit dans un environnement empreint de rudesse, de silence et de souffrance.

De prime abord, le récit peut heurter par son réalisme cru. Hervé Jaouen ne maquille pas la dureté de la vie paysanne de l'époque, mais il le fait avec une finesse remarquable, décrivant avec précision les milieux ruraux, leurs coutumes ancestrales, l'influence omniprésente du clergé, et toujours l’absence de choix pour les femmes. Ce livre est d'une richesse inestimable pour quiconque s'intéresse à la transmission familiale et au poids du passé, révélant une Bretagne sombre, âpre, mais toujours empreinte d'une humanité bouleversante.

Pour une généalogiste, "Ceux de Ker-Askol" offre une richesse insoupçonnée. Au-delà des données généalogiques précises qu'un roman ne peut fournir, il éclaire les contextes humains, sociaux et historiques dans lesquels les lignées familiales se sont construites. Ce livre éveille la conscience à ce que les registres d'état civil ne disent pas : les drames des enfants "illégitimes", les humiliations subies, les injustices cachées derrière une simple date ou un nom. Il met en lumière les secrets de famille, les figures marginales comme Ténénan, qui incarnent les "non-dits" si fréquents en généalogie, les mariages imposés, ou encore l'enfermement dans les institutions religieuses. Le poids du silence et de la honte a souvent fait des ravages, laissant des cicatrices invisibles dans les arbres généalogiques.

mercredi 23 juillet 2025

Et au dedans... un cadavre de Mélanie Astié

Voici une 2ème enquête de Mélanie Astié, dont je vous ai déjà parlé dans un article précédent. La première enquête était très agréable à lire, et celle-ci, waoh ! Que de travail et de recherches !

Le début : « En ce jour de février 1748, un cadavre est retrouvé dans les bois de Bérouze, à Samoëns. Il s'agit d'un soldat Espagnol du Régiment de Séville, en garnison non loin de là. Aussitôt le juge Delagrange est prévenu et commence l'enquête. Qui en voulait au soldat ? Et pourquoi François Jay, son épouse, leur servante et le révérend Chometty se sont-ils sauvés dès que le cadavre a été découvert ? Quels relations entretenaient-ils ? Que s'est-il passé ? »

Nous sommes donc au XVIIIème siècle, siècle des lumières ; et bien que n’appartenant pas au Royaume de France, la Savoie n’est pas isolée des idées des « Lumières » ; les élites locales, notamment les juristes et les ecclésiastiques, participaient aux débats intellectuels et aux réformes administratives.

La Savoie appartient au Royaume de Piémont-Sardaigne, dont la capitale est Turin depuis 1563 ; la société est majoritairement rurale, organisée autour des paroisses et des notables locaux.

Les tabellions (registres notariés) et les mappes sardes (cadastre détaillé) sont les outils essentiels pour l’administration et la fiscalité. Quant à l’Église, bien évidemment, elle joue un rôle central dans la vie quotidienne, tant sur le plan spirituel que civil (état civil, éducation, entraide).

Autour d’une enquête rondement menée pour l’époque – le Bertillonnage n’existait pas encore ! – l’auteure s’est richement documentée sur ses ancêtres ; en généalogiste avertie, elle ne s’y est pas trompée et nous informe très précisément sur l'Histoire, les mœurs et le contexte dans lesquels se déroule cette investigation. Un vrai bonheur !

Car sans connaître le contexte historique et juridique, il serait facile de mal interpréter une mention, de passer à côté d'une information capitale, ou de ne pas comprendre pourquoi un acte est rédigé d'une certaine manière ; les actes paroissiaux, notariés, ou les recensements ne sont pas de simples listes : ils sont rédigés selon des normes, des usages et un vocabulaire propres à leur époque et à leur région. Car l'Histoire n'est pas une matière annexe en généalogie ; elle en est le fondement même. S'y intéresser, c'est donner du sens à chaque découverte et offrir une profondeur inégalée. Et je vous assure qu’à la lecture de cette enquête généalogiste – que vous ayez des ancêtres savoyards ou pas – vous apprendrez beaucoup !

Pour en savoir plus :

Murmures d'ancêtres: Enquêtes généalogiques à télécharger

Le Fil d'Ariane, l'Entraide Généalogique sur Internet

Le blog La piste de mes ayeuls - Sur la piste de mes ayeuls

Association Les Marmottes de Savoie, Généalogie et Histoire

La Savoie des Lumières

Occupation espagnole (1742-1748) Catalogue en ligne

L'occupation espagnole de la Savoie (1742-1749)

dimanche 20 juillet 2025

Les racines du crime de Mélanie ASTIE

 

En 1942 une série de lettres anonymes dénonce auprès des autorités, Henri Macréau comme l’assassin de sa femme disparue, Ursule Le Floch. Une instruction est ouverte.

75 ans plus tard, à la suite du décès de son grand-père, Alexandre vide la maison familiale et découvre des pièces fragmentaires de ce dossier.

La curiosité piquée par cette affaire mystérieuse, il décide de contacter la descendante du couple au cœur de l’affaire. Ensemble ils enquêtent pour retrouver la trace d’Ursule et faire toute la lumière sur cet épisode du passé.

Une véritable investigation généalogique….

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Mélanie Astié est une passionnée de généalogie qui s’est fait connaître grâce à son blog Murmures d’Ancêtres, lancé en 2013. Elle y partage ses recherches, ses découvertes et ses réflexions sur l’histoire familiale - souvent liées à des régions comme le Rouergue, l’Anjou, la Haute-Savoie, la Vendée ou la Bretagne - avec une approche à la fois rigoureuse et créative.

Depuis 2014, elle participe au Challenge AZ, un défi d’écriture généalogique, qui consiste à publier un article par jour pendant un mois – sauf le dimanche ouf ! - en suivant les lettres de l’alphabet. C’est un exercice qui lui a permis de structurer ses recherches et de les partager avec la communauté.

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Pour en savoir plus :

Murmures d'ancêtres: Enquêtes généalogiques à télécharger

Arbre généalogique de Mélanie Astié (mastie) - Geneanet

Portraits de généablogueurs : Murmures d'ancêtres

Murmures d'ancêtres: Les livres généalogiques

mercredi 16 juillet 2025

Huile, pain, pâtes et pommes de terre, une histoire populaire

Ce podcast est une série captivante proposée par France Culture dans l’émission Le Cours de l’histoire ; il explore l’histoire sociale, culturelle et politique de quatre aliments du quotidien, en révélant leur rôle dans la construction des sociétés modernes. Chaque épisode retrace l’évolution d’un aliment — huile d’olive, pomme de terre, pain, pâtes — depuis ses origines jusqu’à son intégration dans les habitudes alimentaires, nous permettant ainsi de découvrir – ou redécouvrir - comment ces produits ont façonné les cultures, les économies et les rapports sociaux :

  • Le pain est présenté comme un symbole de justice sociale, au cœur des révoltes et des décisions royales,

  • La pomme de terre, autrefois méprisée, devient le « pain des pauvres » et un pilier de la modernité alimentaire,

  • L’huile d’olive est décrite comme un marqueur civilisationnel dans l’Antiquité gréco-romaine,

  • Et les pâtes, notamment les coquillettes, sont étudiées comme un succès industriel et culturel du XXe siècle.

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L’huile d’olive irrigue le monde méditerranéen antique. De la cuisine aux thermes en passant par les temples, l’huile d’olive est plus encore qu’un aliment de première nécessité : elle s’impose comme un marqueur civilisationnel qui sépare le monde gréco-romain de celui des peuples barbares…

Comment imaginer l’histoire de l’Antiquité sans huile d’olive ? Dans l’assiette et sur le corps, dans les cuisines et dans les thermes, il n’est pas possible de s’en passer. C’est l’aliment des élites et celui des travailleurs (oui, mais quelle huile d’olive ?) C’est le produit cosmétique de la patricienne, et celui du lutteur : mets de l’huile petit homme, dans la vie, il faut que ça glisse. Huile d’olive, ça baigne pour les Anciens !

Pour en savoir plus :

L'origine de l'Olivier cultivé et ses variations (Persée)

L'étymologie de l'olivier : origines et significations

Les pressoirs antiques (France Culture)

Histoire et origine de l'olivier sur le pourtour méditerranée

« Lundi, des patates… » La pomme de terre semble depuis toujours occuper une place de choix dans nos assiettes. Il faut pourtant attendre le 19ème siècle pour que les bourgeois comme les paysans trouvent évident d'en consommer quotidiennement.

Nous avons la patate ! Ah ces belles variétés de pommes de terre : Charlotte, Carole, Amandine, Belle de Fontenay, Juliette, Jeannette, Rosebelle, Roseval, autant de beau nom à consonance un tantinet féminine. L’histoire de la pomme de terre est à la fois politique, sociale, économique et culturelle : quand la pomme de terre conquiert le monde, il y a de quoi se dilater la Ratte !

Pour en savoir plus :

Histoire de la pomme de terre : ses origines et le rôle de A. Parmentier (Futura)

Bauhin, Caspar (Gaspard) (Paris Descartes)

« La Société Royale d’Agriculture d’Alençon » (1762-1790) (Open Book)

La pomme de terre (Gallica)

Jean Bauhin et le contrôle des compositions médicinales à Montbéliard (Persée)

Jean Bauhin et Gaspard Bauhin (Botanique.org)

Les frères Bauhin et la pomme de terre aux xvie et xviie siècles (Open Book)

La Gazette de l'Agriculture, du Commerce et de Finance, et le débat surla population à la fin du XVIIIe siècle (Persée)

Gazette agricole : journal hebdomadaire, politique, agricole et commercialede 1890 à 1922 (Gallica)

Une histoire riche et mouvementée (Les pommes de terre.com)

Le chataîgnier: "l'arbre à pain", providence de nos ancêtres

Nourriture roborative par excellence, le pain a une portée symbolique forte. Qu'il représente le corps du Christ dans l’eucharistie ou que les rois fixent son prix, comment la société s’est-elle organisée autour du pain et en quoi cet aliment est-il une préoccupation pour le pouvoir ?

Prenez et mangez en tous ! Au levain ou de froment, de campagne ou de seigle, noir ou blanc, est-il un aliment plus riche de symboles que le pain ? C’est celui de l’eucharistie et celui que partagent les ouvriers à l’usine, les paysans dans les champs, au moment du casse-croûte : le peuple est l’ami du pain ! Puisqu’il est porteur de sens, et qu’il est indispensable à la survie, le pain devient dès lors un enjeu pour le pouvoir : mener le peuple à la baguette, une histoire politique du pain !

Pour en savoir plus :

L’observatoire du pain

Le pain où tout est dit (Cairn)

Histoire du pain (Espace Pain Information)

Le pain, une longue histoire d’innovations techniques et sociales (UBFC)

Histoire du pain : Qu'est-ce que le pain ? (Le Mot)

A l’origine de la baguette de pain

Pierre Dupont, chansonnier de 1848 (Persée)

Des coquillettes aux spaghettis, les pâtes sèches sont aujourd’hui un produit de consommation mondiale. Pourtant, ce n’est qu’au 18e siècle qu’elles entrent véritablement dans les mœurs françaises…

Portez à ébullition un grand volume d’eau salée, parfois avec un filet d’huile d’olive.
Remuez avec une spatule : attention à la vapeur, c’est chaud.
Huit minutes environ pour être
al dente ou plus longtemps pour une cuisson à la française.
Pâtes de Lyon, vermicelles, nouilles, macaroni... Coquillettes à toutes les sauces ! Histoire d’un triomphe industriel.

Pour en savoir plus :

Rivoire et Carret (Wkipedia)

Usine de pâtes alimentaires Rivoire et Carret (Ministère de la Culture)

La fulgurante saga de la maison Panzani : une petite affaire familialedevenue multinationale (Niort – Marais Poitevin)

L'explosiond'après-guerre… (La Nouvelle République)

lundi 14 juillet 2025

Généalogie naturelle et sociale d'un historien

« Historiennes, historiens, quand le 'je' dit 'nous' » est une série documentaire diffusée sur France Culture dans l’émission Le Cours de l’histoire ; elle explore une forme particulière de récit historique : l’ego-histoire, où les historiennes et historiens mêlent leur parcours personnel à leur travail de recherche.

Ce deuxième épisode met en lumière Christophe CHARLE qui raconte comment son histoire familiale, ses origines sociales ou ses expériences personnelles ont influencé sa manière de faire de l’histoire : l’idée est de montrer que derrière les travaux académiques se cachent des trajectoires humaines, des sensibilités, et parfois des engagements.

Historien émérite de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Charle propose une généalogie sociale et intellectuelle de son parcours, en retraçant l’histoire de sa famille depuis le XVIIᵉ siècle. Il évoque des ancêtres potiers dans le Berry, des manouvriers en Bourgogne, et des artisans près de Strasbourg, montrant comment ces trajectoires ont convergé vers Paris au XIXᵉ siècle.

La Première Guerre mondiale joue également un rôle clé dans son récit : elle provoque la mort de son grand-père homonyme, mais permet aussi la rencontre de ses autres grands-parents.

Voici donc un livre de plus que je vais me faire un plaisir de lire….

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Pour en savoir plus :

Pourquoi les historiens se sont-ils lancés dans "l'ego-histoire" ?| France Culture

Christophe Charle — Wikipédia

Discordance des temps : entretien avec Christophe Charle - Nonfiction.fr leportail des livres et des idées

Racines, rameaux, feuilles - IHMC

Ego-histoire | Cairn.info

dimanche 13 juillet 2025

L'histoire à fleur de peau

France Culture explore la peau comme objet historique, artistique et social à travers des épisodes qui peuvent être écoutés indépendamment les uns des autres.

L’intérêt de ces trois épisodes réside dans leur capacité à croiser histoire, corps, et société d’une façon originale et percutante ; chaque épisode fait de la peau non seulement un organe biologique, mais un support d’expression, de mémoire et de pouvoir.

Ces épisodes proposent une histoire incarnée — où la peau devient archive, miroir et cicatrice des tensions humaines. C’est une façon singulière de penser l’histoire à partir du corps, dans ses usages intimes autant que publics.

Le premier épisode nous plonge dans l’univers du Musée des moulages de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Il retrace l’histoire de la dermatologie au XIXᵉ siècle et interroge la mise en scène des maladies de peau comme objets d’art et d’enseignement médical.

Au XIXᵉ siècle, le médecin Jean-Louis Alibert fonde l’École française de dermatologie. Il crée des atlas illustrés de maladies de peau, mêlant rigueur scientifique et esthétique picturale. Pour lui, frapper les sens du lecteur était essentiel à l’apprentissage.

Le Musée des moulages rassemble plus de 4 900 moulages en cire teintée, représentant des cas dermatologiques rares ou spectaculaires. Ces œuvres sont réalisées par des artistes professionnels, comme Jules Baretta, souvent en quête de revenus. Les moulages servent à former les médecins et à promouvoir la dermatologie française face aux écoles européennes rivales. Mais ils deviennent aussi des objets de curiosité pour le grand public, flirtant avec le cabinet de curiosités et le musée des horreurs.

Mais le consentement des patients à être moulés est souvent absent. Certains sont exposés lors de leçons publiques qui ressemblent à des numéros de cirque, où le médecin devient le maître de cérémonie. Ces images dermatologiques ont circulé dans la société et influencé les discours critiques et les productions artistiques. Ces « souillures d’âmes » ont nourri un imaginaire puissant autour de la peau malade, notamment dans le cas de la syphilis, petite et grande vérole ou encore la gale.

Cet épisode interroge la frontière entre soin et mise en scène, entre science et voyeurisme, où les limites éthiques de l’exposition du corps malade n’existent pas . Il montre comment la peau devient un support visuel, un document médical, mais aussi un objet artistique et social.

Pour en savoir plus :

Mycoses, verrues, lupus: découvrez le musée des moulages dermatologiques

LE MUSEE DES MOULAGES A PARIS, un musée unique au monde (Ames sensibles s'abstenir)

Secrets du moulage pathologique : Jules Baretta - YouTube

Cet épisode revient sur les pillards surnommés « écorcheurs » - des soldats désœuvrés - qui ont semé la terreur après la paix d’Arras en 1435. Une plongée dans une violence historique incarnée, presque littérale, par la peau.

Après la fin du conflit entre Bourguignons et Armagnacs, la guerre contre les Anglais continue. De nombreux soldats, habitués à la guerre, refusent de se reconvertir et forment des bandes armées qui pillent les campagnes. Ces hommes sont appelés « routiers » ou « écorcheurs ».

Le mot désigne à l’origine un boucher, mais devient une métaphore pour qualifier ces pillards qui « dépouillent » les populations : aucun écorchement réel n’est attesté, mais le terme évoque une violence brutale et stigmatisante. Les écorcheurs incarnent une société plongée dans un univers guerrier où la violence est quotidienne. Ils sont à la fois symptomatiques du chaos politique et agents d’une violence institutionnalisée. Le roi Charles VII tente alors de canaliser ces troupes en les intégrant à une armée royale permanente. En 1445, il sélectionne certains capitaines écorcheurs pour former des compagnies d’ordonnance, bien rémunérées et disciplinées. Les autres reçoivent des lettres de rémission pour leurs crimes. Mais le pouvoir royal est ambivalent : Charles VII utilise les écorcheurs pour réprimer des révoltes, comme la Praguerie en 1440, tout en cherchant à s’en débarrasser. Leur fidélité est achetée par des récompenses et des postes officiels, comme dans le cas de La Hire ou Poton de Xaintrailles.

L’épisode interroge la manière dont la peau devient le symbole d’une société écorchée, marquée par la guerre, la misère et la brutalité. Les écorcheurs ne sont pas seulement des brigands : ils incarnent une époque où la frontière entre guerre et criminalité est floue.

Pour en savoir plus :

La Guerre de Cent Ans - YouTube

CRISE- Les écorcheurs (1435 - 1445) : une crise de l'autorité royale ?

Ce troisième volet explore le tatouage au XIXᵉ siècle, notamment chez les marins, prostituées et détenus. Il met en lumière le rôle du tatouage comme marque identitaire et outil d’enquête criminelle.

Le tatouage est alors l’apanage des classes populaires : marins, militaires, prostituées, ouvriers et détenus. Il est réalisé avec des outils rudimentaires comme la « triplette » (trois aiguilles liées) et des pigments tels que le charbon ou l’encre de Chine.

Les tatouages sont qualifiés de « cicatrices parlantes » par le médecin Alexandre Lacassagne. Ils expriment des sentiments, des revendications ou des identités : « À ma mère », « Fatalitas », ou encore des symboles professionnels (truelle pour les maçons, fer à cheval pour les forgerons). Lacassagne utilise le tatouage comme outil d’identification et d’analyse sociale. Il crée des relevés précis en décalquant les motifs sur tissu, une méthode novatrice pour l’époque.

Les femmes détenues se tatouent souvent des alliances ou les initiales de leurs proches, faute de pouvoir porter des bijoux. C’est une manière de revendiquer leur humanité dans un univers carcéral déshumanisant.

En France, le tatouage est mal vu par la bourgeoisie, contrairement à l’Angleterre où il séduit l’aristocratie. Mais dès les années 1870, l’esthétique du tatouage commence à être reconnue, notamment grâce à des figures comme le capitaine Costentenus, exhibé aux Folies Bergères.

Dans Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, le personnage tatoué de la Louve est valorisé, montrant que le tatouage peut aussi incarner des figures positives dans l’imaginaire collectif.

Cet épisode est une plongée fascinante dans les usages sociaux du tatouage, bien loin de l’esthétique contemporaine. Il révèle comment la peau devient un support de mémoire, de résistance et d’expression.

Pour en savoir plus :

Origines du tatouage arte - YouTube

Alexandre Lacassagne, médecin du crime d’hier et d’aujourd’hui

LES TATOUEURS PARISIENS EN 1900 - YouTube

La vigne et la rose de Alain PARAILLOUS

Alain Paraillous nous plonge dans la France rurale des années 1830, en Gascogne. L'histoire suit le destin de François Palazeau, un jeune homme doué mais frappé par le sceau de l'illégitimité.

Chassé des terres familiales par Jacques, son propre frère, François se retrouve contraint de quitter son foyer. Il trouve alors un emploi d'homme à tout faire auprès d'un avocat – Me Samazeuilh - dans un village voisin. C'est là que sa vie prend un tournant inattendu : l'avocat, reconnaissant son érudition et ses capacités intellectuelles, lui offre l'opportunité de devenir l'un des premiers instituteurs, une profession nouvellement établie par la loi Guizot pour les communes de plus de 500 habitants.

Alors que François semble enfin trouver sa place et un chemin vers le bonheur, notamment grâce à son amour pour Camille, la fille d'un riche propriétaire, son passé ressurgit. Son frère réapparaît, apportant avec lui son lot de problèmes et de complications, menaçant de faire basculer la nouvelle vie que François s'était construite.

Ce roman explore les thèmes de l'ascension sociale par l'éducation, les préjugés liés à la naissance, les liens familiaux complexes et les défis de la vie rurale au XIXe siècle, le tout sur fond de bouleversements sociaux et de quête personnelle de reconnaissance et de bonheur.

Professeur de lettres ayant également exercé des fonctions de conseiller général de son canton, Alain Paraillous est un écrivain et enseignant, né le 5 janvier 1947 à Saint-Pierre-de-Buzet, dans le Lot-et-Garonne.

Il est particulièrement connu pour ses romans du terroir qui explorent la vie rurale, l'histoire locale et les traditions de sa région natale, à laquelle il est profondément attaché. Issu d'une longue lignée de paysans, il a souvent puisé son inspiration dans ses souvenirs d'enfance et les témoignages des anciens.

Il a reçu plusieurs distinctions littéraires.

En 1996, il a également créé le Musée de l'école rurale d'autrefois dans l'ancienne école de son village natal, témoignant de son engagement pour la préservation du patrimoine et de la mémoire rurale.

vendredi 11 juillet 2025

Le grand dilemme du logiciel (2/2)

En effet, cette promotion est bien disponible sur le site officiel de Généatique ; elle offre :

  • un téléchargement immédiat de Généatique 2025 Prestige

  • une licence personnelle utilisable sur plusieurs ordinateurs

  • 900 crédits d’intelligence artificielle/mois pendant 12 mois ( et 900 crédits ne signifient pas 900 textes ! )

  • 2 ans d’assistance technique gratuite

  • et une mise à jour gratuite vers Généatique 2026 Prestige

mais …. elle est réservée aux utilisateurs ayant déjà achetés une version précédente du logiciel. Donc, ayant simplement utilisée la version d’essai gratuite, je ne suis pas éligible à ce tarif préférentiel. Dommage….

Deux alternatives – enfin trois ! :

  • Soit acquérir la version complète de Généatique au tarif standard

  • Soit attendre une offre découverte ou promotion ouverte à tous (elles apparaissent parfois en fin d’année ou lors d’événements généalogiques)

  • Soit me tourner définitivement vers Ancestris.

Retour à la case départ. Toutefois, à l'heure où l'Intelligence Artificielle commence à redéfinir les contours de la recherche historique, cette dimension est devenue, pour moi, un critère de sélection supplémentaire pour ne pas dire majeur.

J'ai longtemps pesé le pour et le contre, explorant les fonctionnalités classiques, l'ergonomie, la communauté et le support de ces deux mastodontes. Cependant, ma décision finale ne s'est pas arrêtée là. J'ai cherché à comprendre comment chacun de ces outils intègre les avancées de l'IA pour optimiser, accélérer et enrichir mes découvertes. Je suis arrivée à un stade de ma généalogie où il est indispensable de déchiffrer les actes paroissiaux.

Bien que multilingue pour son interface, ANCESTRIS n’intègre aucun outil de reconnaissance de texte manuscrit (OCR) ni de traduction intégrée. Et en ce qui concerne la traduction de textes étrangers, « Google Traduction » fait très bien le job !

GENEATIQUE, quant à lui, est plus orienté vers l’accompagnement pédagogique, avec des ressources pour apprendre à lire les écritures anciennes.

Il semble que « Généatique Prestige » - en particulier la version 2025 - propose des fonctionnalités avancées en matière de traduction et de transcription de textes anciens, grâce à l'intégration de l’IA. Tiens, tiens….

La fonctionnalité phare est la pré-transcription par l’IA des images d’actes…. Mais « Copilot » le fait également…. Le petit plus est que l'IA de Généatique peut préparer des notices sur des lieux, des prénoms, des métiers, des régions ou des pays qui reviennent fréquemment dans votre généalogie, ce qui aide à la documentation et à la rédaction de biographies ou de monographies, en fournissant un point de départ textuel que vous pouvez ensuite affiner.

Car en paléographie, il est impératif EGALEMENT de croiser ses sources et comparer les écritures. Le rôle du généalogiste reste essentiel pour la vérification, la correction, l'interprétation et la contextualisation des informations générées par l'IA, surtout pour les écritures très anciennes ou complexes.

L'utilisation de ces fonctionnalités basées sur l'IA consomme des « crédits ».

Par exemple, la version Prestige de Généatique inclut 900 crédits par mois durant 12 mois avec possibilité d’achats de crédits supplémentaires ; ces 900 crédits d’IA mensuels ne correspondent pas à 900 caractères ni à 900 textes, mais plutôt à une unité de consommation variable selon le type d’action réalisée avec l’intelligence artificielle du logiciel.

La transcription d’un acte ancien peut coûter entre 10 et 100 crédits, selon la complexité et la longueur du document ; la pré-rédaction d’une notice (lieu, métier, prénom) consomme souvent quelques dizaines de crédits. L’analyse ou la suggestion automatique a un coût variable, parfois moins de 10 crédits. Il n’y a pas de règle fixe : le logiciel adapte le coût en fonction de la tâche demandée, et certaines fonctions IA sont plus gourmandes que d’autres !

Attention toutefois : les 900 crédits reçus chaque mois ne sont pas reportables : ils expirent à la fin du mois s’ils ne sont pas utilisés….

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Je reconnais volontiers les qualités d'Ancestris : sa philosophie open-source et sa communauté active en font un logiciel puissant et apprécié. Pour de nombreux généalogistes, ces atouts sont primordiaux, et Ancestris excelle dans la gestion et la structuration des données.

Cependant, ma pratique de la généalogie, de plus en plus confrontée à la masse de documents anciens et aux défis de la paléographie, m'a poussée à chercher des solutions innovantes pour gagner en efficacité. C'est là que Généatique Prestige 2025 a su me convaincre.

Face à des écritures parfois illisibles, qu'elles soient en français, en latin ou bien en Sütterlin ou en Kurrentschrift, la pré-transcription des actes anciens est pour moi LA fonctionnalité la plus révolutionnaire ; certes, ce n'est pas une solution miracle qui dispense de la vérification humaine, mais une base de travail inestimable qui réduit drastiquement le temps passé à déchiffrer chaque mot. Le gain de temps est colossal, me permettant de me concentrer sur l'analyse et la contextualisation des informations.

L'IA de Généatique a fait la différence face à Ancestris : après mûre réflexion et une exploration approfondie des options disponibles, mon cœur - et ma carte bancaire - a penché pour Généatique Prestige, et ce, en grande partie grâce à son intégration proactive de l'Intelligence Artificielle.